J’avais annoncé à Paul qu’il aurait son cadeau d’anniversaire le lundi 19 novembre.
Ce matin-là, je lui ai annoncé que c’était un voyage. « Prépare ta valise. » La surprise a bien fonctionné, sympa !
Il préférait conduire, je lui ai donc donné la direction : Bourgoin.
Quand on s’est dirigés vers Saint Étienne, il s’est rappelé… Je lui avais parlé à plusieurs reprises d’une recette de cake au citron trouvée sur le web, proposée par une dame qui tient une chambre d’hôte.
Un arrêt pique-nique après Saint-Étienne, un café au Puy en Velay, nouvel arrêt à Châteauneuf-de-Randon parce que la silhouette du village nous parle. C’est là que Bertrand Du Guesclin a trouvé la mort en assiégeant la ville, «sans doute soudainement malade pour avoir bu trop d’eau glacée après avoir combattu en plein soleil. »
Merci à Wikipédia. Les nécrophiles liront avec intérêt le chapitre « sépultures » de l’article consacré au connétable.
Étrange, dans ce village endormi, où nous ne croisons pas un chat, d’imaginer que des combats y ont fait rage.
La nuit est tombée quand nous arrivons à destination. Le GPS nous conduit jusqu’à l’entrée du domaine !
Nous y logerons jusqu’à jeudi, choyés, nourris et abreuvés de vins du pays par un fin cordon bleu, Christiane. Son mari, André, rentre le soir : tous deux s’appliquent à nous donner toutes les indications qui nous intéressent pour réussir notre séjour.
Le mardi matin, surprise pour notre petit déjeuner : Christiane a trouvé les bons citrons nécessaires pour un cake. Nous comparerons nos recettes. Moi, j’avais oublié la crème ou le lait conseillé, ma préparation est sensiblement différente. Il me faudra la faire encore une fois, mais en respectant strictement sa recette.
La route nous attend : une route de paresseux, en voiture, et quelques balades pas trop longues : nous avons tous les deux quelques petites douleurs qui interdisent la vraie randonnée. En novembre, ce n’est pas non plus l’idéal.
Nous faisons notre première halte pour photographier le château de Cruéjouls.
Nous nous rendons à Laissac où se tient le marché, puis nous cherchons les Bourines. Aujourd’hui, c’est une propriété privée, les bâtiments agricoles appartiennent à plusieurs propriétaires.
Personne ne nous dit rien pendant que nous faisons le tour de l’imposant édifice. Nous prenons notre temps.
Un panneau explicatif précise : « La grange des Bourines est la ferme fortifiée la plus remarquable et la mieux conservée du Rouergue. Dépendant de la Dômerie d’Aubrac jusqu’à la Révolution, elle a été longtemps considérée comme le plus riche domaine agricole de l’Aveyron. »
C’est étrange, car il s’agit d’une grange, et l’immense donjon sert à entreposer les céréales, il n’est pas le dernier refuge en cas d’attaque. C’est étrange car les moines se trouvaient là-haut, sur le plateau au sol aride et au climat terrible, et non pas ici où la vie semble plus facile.
En cherchant «la Dômerie d’Aubrac», j’ai trouvé un site excellent, plein d’humour et d’informations, qui dénonce les dérives dues au tourisme et donne des quantités d’informations. On apprend pourquoi et quand a été construite cette abbaye. On y devine les dures conditions d’existence.
Plus loin, le château de Galinières, une autre grange, dépendait aussi de la Dômerie d’Aubrac.
Les choses ont tant changé ! Je ne parle pas de l’évolution technologique depuis le Moyen-Âge, mais de l’importance des lieux, de chaque village. L’équivalent contemporain d’un connétable n’ira jamais assiéger Châteauneuf-de-Randon, et les grands de ce monde en pleine campagne électorale choisiraient une agglomération plus importante pour débiter leurs fadaises.
Je veux dire qu’autrefois, il me semble, les lieux avaient une importance, une existence. Il n’y avait pas de cité-dortoirs, il me semble que les lieux avaient une âme.
J’idéalise et je le sais, les idées que nous nous faisons sur le Moyen-Âge sont sans doute loin de la réalité. Toujours est-il que les innombrables vieilles pierres que nous avons vues, contournées, examinées, nous ont posé plus de questions que donné de réponses.
Cette région (un peu Aubrac, un peu vallée du Lot) est une mine inépuisable de vieux châteaux. Tholet (il est à vendre si vous connaissez quelqu’un), Calmont d’Olt , Roquelaure… et de villes pittoresques, Saint Geniez d’Olt (deux mille habitants en hiver et… dix mille en été !), Sainte Eulalie d’Olt, Espalion, Saint Côme d’Olt, Castelnau de Mandailles…
Nous nous y rendons parfois, mais nous avons abandonné Aumont d’Aubrac depuis que l’autoroute a défiguré le paysage. Pourtant, le petit blanc sur le zinc à onze heures était une expérience réjouissante.
Ce bref séjour nous a fait découvrir Bozouls, et le trou de Bozouls, un village bâti tout en haut et en bas de falaises immenses, dans un cirque naturel.
J’ai fauché la photo au club de randonnée de Bozouls.
Nous avons découvert un autre site remarquable : le « clapas de Thybiès ».
Il y a plus de 7 millions d’années, la coulée de lave d’un volcan a comblé une vallée, puis la rivière a creusé son lit de part et d’autre de la coulée qui est devenue promontoire. Enfin, l’érosion a fait le reste : les orgues basaltiques de la périphérie se sont démantelés peu à peu. Des clapas, j’en ai déjà vu, mais la taille de celui-ci est exceptionnelle. L’aspect des roches est surprenant, d’un volume assez régulier, avec des faces planes.
Je ne peux pas raconter tous les détails de notre bref voyage. Mais je dois évoquer un phénomène récent qui a transformé l’existence de nombreux villages : le renouveau du pèlerinage vers Saint Jacques de Compostelle. C’est une balade à la mode pour certains, une entreprise mystique pour d’autres, une bonne affaire j’imagine pour les gens qui font métier d’héberger.
Christiane et André nous ont précisé que le parcours depuis Le Puy en Velay jusqu’à Conques est particulièrement fréquenté.
Ainsi, au hasard des lacets de la route, Paul a repéré un panneau indiquant le GR 65, et nous l’avons suivi un moment. En commençant par monter, bien sûr, pour éviter la mauvaise surprise du retour.
Surprise d’un homme que nous croisons, chargé d’un petit sac, équipé d’un gros bâton.
« Vous le faites à l’envers ?»
Nous sommes atypiques, comme toujours, mais cela ne me dérange pas !
Je lui explique : nous faisons de petites balades, pas de la randonnée. Nous lui souhaitons bonne route, chacun continue dans sa direction. Et je m’interroge : tous ces marcheurs rentrent chez eux en volant, si tous marchent dans la même direction.
A trip in Aubrac
I announced to Paul that he would have his gift for his birthday on Monday, the 19th of November.
This morning, I told him that it was a trip. « Prepare your suitcase. » The surprise worked well, nice!
He preferred to drive, I told him to go to Bourgoin.
When we headed to Saint Étienne, he remembered … I told him several times about a lemon cake recipe found on the web, written by a lady who runs a bed and breakfast.
A picnic stop after St. Étienne, a coffee at Le Puy en Velay, new stop in Châteauneuf-de-Randon because the village skyline speaks to us. This is where Bertrand Du Guesclin died besieging the city, « probably suddenly ill from drinking too much ice water after fighting in direct sunlight. »
Thank you to Wikipedia. The necrophiliac read with interest the section « sépultures » (burial) of the article devoted to the constable.
It is trange in this sleepy village, where we don’t see even a cat, to imagine fighting there raged.
It is night when we reach our destination. The GPS guides us until the entrance area!
We will stay until Thursday, under the care of Christiane, a great cordon bleu, who pampered, fed us and offered regional wines.
Her husband, André, works away and comes back in the evening: both try (and succeed!) to give us all the informations that we need to have a nice stay.
On Tuesday morning, surprise for our breakfast: Christiane found the lemons that she needed for a good cake. We compare our recipes. I had forgotten the cream or milk advised, my preparation is quite different. I will make it again, but respecting strictly her recipe.
The road is waiting for us: a lazy tour by car, and a few short rides: we both have some small pains that prevent the real hike. In November, it is not ideal.
We stop to photograph the Cruéjouls castle.
We go to Laissac where there is a market, and we seek Les Bourines. Today it is privately owned, farm buildings belonging to several owners.
We see nobody during our visit of the imposing building. We take our time.
An explanatory sign says: « »La grange des Bourines » is the most notable and best preserved fortified farm in Rouergue. Dependent from « la Dômerie Aubrac » until the Revolution, it was considered during a long time as the richest agricultural domain in Aveyron.»
It’s strange, because it is a barn, and the huge dungeon was used to store grain, it is not the last refuge in case of attack. It’s strange because the monks were up there on the plateau with arid soil and terrible climate, not here where life seems easier.
Seeking « La Dômerie Aubrac », I found an excellent site, full of humor and information, which denounces the excesses due to tourism and gives lots of informations. We learn why and when the abbey was built. One can perceive the harsh living conditions.
Further, Galinières castle, another barn, also depended from La Dômerie d’Aubrac.
Things have changed so much! I’m not talking about technological developments since the Middle Ages, but about the importance of places, of each village. The contemporary equivalent of a constable will never besiege Châteauneuf-de-Randon, and world leaders during an election campaign would choose a larger center to debit their nonsense.
I mean that the places were important, they did exist. I think this. There was no city dormitory, it seems to me that the sites had a soul.
I idealize and I know it. Our ideas about the Middle Ages are probably far from reality. Still, the countless ancient stones that we saw, circumvented, examined, did ask more than they answered.
This region (a few Aubrac, a few Lot valley) is an inexhaustible mine of old castles. Tholet (it is for sale if you know someone) Calmont d’Olt, Roquelaure … and picturesque towns, Saint Geniez d’Olt (two thousands inhabitants in winter and summer … ten thousands!), Sainte Eulalie d’Olt, Espalion, Saint Côme d’Olt, Castelnau de Mandailles …
We went there at other times, but we abandoned Aumont d’Aubrac since the highway has disfigured the landscape. However, the glass of white wine in a bar at eleven was an exciting experience.
This short stay made us discover Bozouls and « le trou de Bozouls », a village built on the top and bottom of immense cliffs, in a natural amphitheater.
I took the photo of this place on the site of the rambling club of Bozouls.
We discovered another remarkable site: « le clapas de Thybiès. »
More than 7 millions years ago, the lava of a volcano filled a valley, then the river has incised on both sides of the casting which became promontory. Finally, erosion did the rest: the basalt columns of the periphery are gradually dismantled. I saw several « clapas », but the size of this one is exceptional. The appearance of the rocks is surprisingly, a fairly regular volume, with flat faces.
I can not tell all the details of our short trip. But I must mention a recent phenomenon that has transformed the lives of many villages, it’s the revival of pilgrimage to Saint Jacques de Compostelle. This is a fashion walk for some people, a mystical enterprise for others, a good deal I guess for people who do business host.
Christiane and Andrew told us that the journey from Le Puy en Velay to Conques is particularly popular.
As we were following quietly our itinerary, Paul saw a sign indicating the GR 65, and we followed it for a moment. Starting up, of course, to avoid bad surprise on return.
Surprise for a man we meet. He was carrying a small bag and a big stick. « You do it upside down? »
We are atypical, as always, but it does not bother me!
I explain to him: we do short walks, no hiking. We wish him a good journey, everyone keeps in his direction. And I ask myself if all the walkers return home flying, if they’re all walking in the same direction.