En mars 2013, quand Christopher et François sont venus donner un concert chez nous, j’ai utilisé le mot « Chant’Appart' » que je trouve sympa et explicite : j’étais tombée dessus au hasard d’une liste de diffusion et le terme me convenait parfaitement.
Mais depuis, j’ai compris que ça n’était pas sympa d’ignorer ceux qui ont inventé le concept. Certains ont fait, et font encore, un travail considérable pour la promotion de la chanson.
Voici ce que l’on trouve sur le web :
« L’association Chants-Sons à l’origine du projet Chant’Appart a pour objet de défendre tout chant signifiant et toute musique, quelles que soient leurs origines.»
Au départ Bernard et Dany Keryhuel ont créé le concept. Aujourd’hui, l’activité est conséquente – peut-être l’a-t-elle toujours été :
« Chaque année depuis 20 ans en février et mars Chant’Appart sert la chanson à domicile, dans près d’une centaine de « petits lieux » de spectacles de la région Pays de la Loire.
Les accueillants poussent les meubles du salon, font place à micros et projecteurs, bref transforment des lieux privés en salles de spectacle public, avec pour bouquet final un buffet rassemblant dans une belle convivialité artistes et spectateurs.
Le bonheur de la rencontre est assuré… Nous fêtons l’anniversaire de Chant’Appart avec vous, avec enthousiasme et passion! »
Ici, l’échelle n’est pas la même : trois spectacles en 2013, et deux programmés (pour le moment) pour 2014, un en mars, le second en juillet… C’est du spectacle tranquille, et ce n’est pas mon activité principale, loin de là, même si ça me prend du temps.
Mais voilà : c’est quelque chose qui me ressemble. Organiser des spectacles, c’est aussi me permettre une approche progressive d’un lieu où je finirai bien par me trouver un jour… côté scène. En mars, je parlais de mon plaisir à monter sur scène, mais je ne me sentais pas attirée par la chanson. Maintenant, je suis lancée dans une démarche personnelle pour tenter de m’approprier cet instrument qui se cache dans ma gorge.
Et ce n’est pas un hasard si c’est Rémo qui est venu donner un concert en décembre.
J’ai travaillé l’écriture de chants en stage avec lui. Encore quelqu’un qu’il me fallait connaître avant de l’inviter à la grande aventure du concert à domicile. À ma proposition, il a accepté sans réserve et sans délai. Rémo est la gentillesse incarnée.
Rémo Gary, puis son pianiste Joël Clément, sont arrivés tôt dans l’après-midi. Il faut du temps pour s’installer. Ils me demandent d’écouter depuis la salle si la voix n’est pas couverte par le piano : pour moi, la balance est bonne. Le volume est plutôt fort, mais quand le public sera présent, ça s’arrangera.
J’aime écouter le chanteur se mettre à chanter, comme ça, en répétition, s’arrêtant pour discuter avec le pianiste, reprenant, sans se préoccuper de nous le moins du monde. C’est une façon d’écouter que j’adore… Comme depuis les coulisses. Nous y découvrons à l’occasion quelques nouveautés, y reconnaissons des morceaux connus, et c’est sympa que l’homme qui est là soit à les chanter comme ça, dans un mode brouillon à cause d’interruptions techniques, mais dans un mode aussi déjà très travaillé…
J’ai l’occasion de présenter Andreas, paysan boulanger, à Rémo, et pendant le concert celui-ci fera allusion à sa présence. Rémo aussi prépare son pain, ce n’est pas quelque chose d’anodin pour lui.
fanFan elle aussi est là, elle aura un petit morceau de temps pour chanter, mais elle ne veut pas prendre toute la place, au contraire. Joël et Rémo l’aident à s’installer pour une brève première partie.
Puis vient le concert de Rémo. J’apprécie toujours autant les salles petites, et le fait de connaître le public est sympa pour moi. On met des gens en contact. Aujourd’hui il y a des nouveaux, je serai plus particulièrement contente du plaisir qu’ils exprimeront.
Les gens qui viennent chez nous assister à un concert doivent nous faire confiance, à Paul et moi. Et c’est difficile de les faire venir – pourtant, quand ils sont là, ils ne souhaitent pas être ailleurs ! Dans le public, quelqu’un a fait la comparaison entre Rémo et Brel. Au fait, pourquoi pas ? Pour moi, leur expressivité les rapproche, Rémo est complètement immergé dans ses chansons, il les vit intensément.
Après le dernier clap-clap, on se rue un peu sauvagement sur le buffet. Nous aimons tous ces moments de rencontres, de contacts. Rémo peut discuter avec les uns et les autres comme il aime à le faire. Plus tard, les invités partiront par quatre degrés sous zéro.
Un couple habite non loin de l’axe routier que Rémo doit retrouver pour rentrer : il sera guidé, au-delà du labyrinthe de petites routes, c’est pratique quand tout le monde connaît tout le monde.
Rémo me dira qu’il a trouvé l’ambiance magnifique, et rien que pour ces mots-là – malgré les doutes, le bazar, le stress quand même pour nous, malgré les défections de dernière minute, malgré tout ce qui pourrait nous arrêter dans notre élan – je sais que rien que pour ça on continuera..