Steffi

« Toc toc toc !
– Oui ?
– Bonjour, je m’appelle Steffi, je vous ai trouvés par Help X, je viens voir s’il y aurait du travail pour moi ici. »
« Knock Knock knock !
– Yes ?
– Hello, my name is Steffi, I found you through Help X, I’m coming to see if there is any work for me here. »

En réalité, ça ne s’est pas passé comme ça. Steffi a fait sonner la cloche devant laquelle la majorité des gens passe sans la remarquer. Au lieu de « toc toc toc ! » j’ai entendu « ding dong ! ». Mais j’ai trouvé ce « Toc toc toc ! » plus explicite pour démarrer mon histoire.
In reality, it didn’t turn out that way. Steffi has rung the bell that most people walk past without noticing. Instead of « knock knock knock! » I heard « ding dong! ». But I found this « Knock knock knock! » more explicit to start my story.

Je préparais le repas ce matin de mai 2014, pendant que Hilde et Bianca travaillaient avec Paul au jardin. Paul, informé, et moi sommes très surpris : un nouveau helper d’habitude nous contacte et nous échangeons quelques informations avant de nous rencontrer en vrai. Steffi vient de Chambéry, elle a réussi à se procurer notre adresse, elle a tenté l’aventure et la voilà.
I was preparing the meal this morning in May 2014, while Hilde and Bianca were working with Paul in the garden. Paul, informed, and I are very surprised: a new helper usually contacts us and we exchange some information before meeting in person. Steffi is from Chambéry, she managed to get our address, she tried the adventure and here she is.

Il y a un petit problème : Bianca est australienne et nous parlons en anglais. Pas de problème pour Steffi, elle parle anglais. Parfait, mais il y a aussi Hilde, belge, qui parle flamand. Pas de problème pour Steffi, elle connaît aussi le flamand et communique avec aisance aussi bien avec Hilde qu’avec Bianca.
There is a little problem: Bianca is Australian and we speak English. No problem for Steffi, she speaks English. Perfect, but there is also Hilde, Belgian, who speaks Flemish. No problem for Steffi, she also knows Flemish and communicates easily with both Hilde and Bianca.

Le français de Steffi est un peu hésitant : elle vient d’Autriche, s’est installée à Chambéry avec Jordi, son compagnon.
Steffi’s French is a little hesitant: she comes from Austria, moved to Chambéry with Jordi, her partner.

Hilde se déchaîne pour la photo !
Hilde goes wild for the photo!



Au mois de mai, le travail au jardin ne manque pas, une paire de bras supplémentaire ce n’est jamais de refus ! Mais Help X, ça veut dire « échange d’aide », il y a un contrat, quelques heures de travail en échange du gîte et des repas. Paul et moi estimons qu’un mi-temps, environ vingt heures par semaine, c’est correct – cela dépend aussi des tâches, certaines sont très pénibles et il faut limiter les horaires.
In May, there is no shortage of work in the garden, an extra pair of arms is never refused! But Help X means « exchange of help », there is a contract, a few hours of work in exchange for room and meals. Paul and I estimate that half time, about twenty hours a week, is okay – it also depends on the tasks, some are very strenuous and you have to limit the hours.

Steffi préfère retourner à Chambéry même si Jordi en ce moment se trouve à Shangaï pour son boulot. C’est injuste, elle travaille et même si nous lui faisons des petits cadeaux, pots de confiture, légumes, fruits, nous aimerions la dédommager de façon moins symbolique.
Steffi prefers to return to Chambéry even though Jordi is currently in Shanghai for his job. It’s unfair, she works and even if we give her little gifts, jars of jam, vegetables, fruit, we would like to compensate her in a less symbolic way.

Quelques jours plus tard, nous lui proposons de nous rejoindre à Marignieu, ce n’est pas très loin de chez elle. Le potier a invité les villageois à fabriquer toutes sortes de poteries, et celles-ci ont été mises à cuire dans un four pas conventionnel du tout : un four en papier. On place quelques briques réfractaires sur le sol, on édifie une structure métallique légère, et on construit le four avec des feuilles imprégnées d’un mélange liquide d’eau et d’argile.
A few days later, we suggest that she joins us in Marignieu, which is not very far from her home. The potter invited the villagers to make all kinds of pottery, and these were baked in an oven that was not at all conventional: a paper oven. Place a few firebricks on the ground, build a light metal structure, and build the oven with sheets impregnated with a liquid mixture of water and clay.

Entre les briques est aménagé un espace pour glisser le bois. Le feu a brûlé pendant des heures, une flamme bleue, indice de chaleur extrême, sortait par la cheminée nous dit Jacques. Le temps de cuisson écoulé, il a fallu laisser la température descendre assez avant d’ouvrir le four pour éviter que le choc thermique ne brise les œuvres.
Between the bricks there is a space to slide the wood. The fire burned for hours, a blue flame, an indication of extreme heat, came out through the fireplace, Jacques tells us. When the cooking time had elapsed, the temperature had to be allowed to drop enough before opening the oven to prevent the thermal shock from breaking the works.

Même pour nous qui n’avons pas de poterie à récupérer, nous apprécions de nous retrouver là avec notre petite famille, dans une ambiance festive et conviviale.
Even for us who do not have any pottery to collect, we appreciate being there with our little family, in a festive and friendly atmosphere.

Dans les jours, les semaines et même les mois qui suivent, Steffi revient souvent et son aide est précieuse. Une solide amitié se construit autour de ses visites plaisantes. Après le départ de Hilde et Bianca, elle rencontre Pepe, Espagnol, Jenni, Taïwanaise, puis la Chinoise Tingong et l’Etasunienne Janet. Plus tard nous recevons aussi la Chinoise Manlin.
In the days, weeks and even months that follow, Steffi returns often and her help is invaluable. A solid friendship is built around her pleasant visits. After Hilde and Bianca leave, she meets Pepe, Spanish, Jenni, Taiwanese, then Chinese Tingong and American Janet. Later we also receive the Chinese Manlin.

Désherbages, récoltes, récoltes, désherbages… elle est toujours prête à rendre service sans se départir de son sourire.
Weeding, harvests, harvests, weeding … she is always ready to help without losing her smile.

Et bien sûr elle rencontre Ariane et Renato qui sont encore nos voisins pas trop lointains. Tous deux s’intéressent beaucoup à Help X et à Workaway, d’ailleurs le plus souvent les commentaires de nos visiteurs évoquent les repas pris chez eux, et si le temps le permet un plongeon dans leur piscine.
And of course she meets Ariane and Renato who are still our not too distant neighbors. Both are very interested in Help X and Workaway, more often than not our visitors’ comments refer to meals at home, and if the weather permits a dip in their swimming pool.

En juillet, nous organisons notre cinquième spectacle à domicile ! Ça ne s’appelle pas encore « Kalyneries Paulifauniques », mais ce sont des moments conviviaux qui laissent des souvenirs inoubliables. Ce jour-là, nous recevons le groupe Mamaz : deux jeunes chanteuses ambitieuses, Mathilde et Manon, se marchent sur les pieds, chacune souhaitant faire connaître son talent, et leur accompagnateur est leur souffre-douleur.
In July, we are having our fifth home show! It’s not yet called « Kalyneries Paulifauniques », but these are friendly moments that leave unforgettable memories. That day, we receive the group Mamaz: two ambitious young singers, Mathilde and Manon, walk on each other’s feet, each wishing to make her talent known, and their accompanist is their short-lived.

Steffi et Jordi ont pu se libérer, dans le public il y a aussi Janet, Jenny et Tinghong.
Steffi and Jordi were able to free themselves, in the audience there is also Janet, Jenny and Tinghong.

Les visites de Steffi se font plus rares, nous échangeons les nouvelles pour garder le contact. Une année en Autriche, un retour en France et puis… la naissance d’une petite Maéva. Je crois qu’elle a quatre ans maintenant. Nous rencontrons la fillette, ses parents et ses grands-parents à l’occasion d’un autre moment fort sympathique, le festival Artzébouille à Cézérieu.
Steffi’s visits are rarer, we exchange news to keep in touch. A year in Austria, a return to France and then … the birth of a little Maéva. I believe she is four years old now. We meet the girl, her parents and her grandparents for another very nice moment, the Artzébouille festival in Cézérieu.

Ting, Steffi, Jenny

 

Inutile de dire que le jour où Jordi nous contacte, tout récemment, début janvier, nous sommes tout contents d’avoir des nouvelles. Il prépare une surprise pour l’anniversaire de Steffi, super !
Needless to say, the day Jordi contacts us, most recently, at the beginning of January, we are very happy to hear from them. He’s planning a surprise for Steffi’s birthday, great!

Mai 2014

 

Comme il est impossible de se réunir en vrai, Jordi souhaite demander aux proches de Steffi de lui faire parvenir une petite vidéo. Il regroupera tous les envois. Je trouve que c’est une chouette idée de cadeau, surtout dans ce contexte de distance et d’isolement. Garder le contact par tous les moyens, trouver de nouvelles formules.
As it is impossible to meet in real life, Jordi wants to ask Steffi’s relatives to send him a small video. He will regroup all the shipments. I find it a great gift idea, especially in this context of distance and isolation. Keep in touch by all means, find new formulas.

Juin 2014

 

J’avais eu du succès avec mon costume de barde, Paul a un équipement de guerrier médiéval de bonne tenue : l’idée nous vient sans tarder de pousser une chansonnette, avec la conséquence évidente qui frappe Assurancetourix à chacune de ses tentatives.
I had had success with my bard costume, Paul has good medieval warrior gear: the idea immediately springs to us to sing a little song, with the obvious consequence that strikes Assurancetourix with every attempt.

Juin 2014

 

Dans mes deux dernières publications, j’ai fait allusion à ces préparatifs, mais j’ignore si Steffi lit mon blog, il ne fallait pas trahir le secret !
In my last two posts, I alluded to these preparations, but I don’t know if Steffi is reading my blog, the secret shouldn’t be betrayed!

Quand nous avons fait notre petite vidéo, je portais toujours l’orthèse, et de toute façon il m’est encore impossible d’enfiler des vêtements ajustés : la tunique, niet. Ni une, ni deux, je l’ai accrochée sur mon pull avec des pinces à linge. Lavande a bien compris qu’il s’agissait d’ajuster, réflexe de couturière.
When we made our little video, I was still wearing the orthosis, and anyway I still can’t put on tight-fitting clothes: the tunic, niet. Neither one nor two, I hung it on my sweater with clothespins. Lavande understood it was all about fitting, seamstress reflex.



Les couleurs bien connues, la lyre et la perruque me rendent identifiable au premier coup d’œil. Lolo et Nanath sont mis à contribution, il m’accompagne à la guitare et c’est Nanath qui nous filme.
The well-known colors, the lyre and the wig make me identifiable at first glance. Lolo and Nanath are involved, he accompanies me on the guitar and it’s Nanath who films us.

J’attends impatiemment des nouvelles après cela, enfin Jordi nous écrit quelques mots pour nous dire combien Steffi est touchée par ce cadeau…
I am impatiently awaiting news after that, finally Jordi writes a few words to let us know how much Steffi is touched by this gift …

Je me suis plongée dans mes archives et dans des centaines de photos pour vous raconter comment nous sommes devenus amis avec Steffi. Cela a remué de nombreux souvenirs. Ces rencontres « Help X » ou « Workaway » connaissent parfois des prolongations, indices de bonnes relations : Hilde, nous l’avions rencontrée chez elle auparavant. Janet revenait nous voir deux ans après sa première visite. Nous avons revu Tinghong… Steffi n’est pas la seule personne rencontrée par ce moyen et que nous avons revue !
I have delved into my archives and hundreds of photos to tell you how we became friends with Steffi. It stirred up many memories. These « Help X » or « Workaway » meetings sometimes have extensions, signs of good relations: Hilde, we had met her at her place before. Janet was coming back to see us two years after her first visit. We saw Tinghong again… Steffi is not the only person we have met by this means and whom we have seen again!

Chaque nouvelle personne qui nous contacte par Help X ou par Workaway, puis qui vient chez nous, c’est une aventure différente. Avec pas loin de 90 personnes rencontrées depuis 2012, nous nous sommes confrontés à toutes sortes de cultures, toutes sortes de personnalités. L’enrichissement est réciproque, ces rencontres nous font voyager sans bouger de chez nous.
Every new person who contacts us through Help X or Workaway and then comes to us is a different adventure. With nearly 90 people we have met since 2012, we have been confronted with all kinds of cultures, all kinds of personalities. The enrichment is mutual, these encounters make us travel without leaving home.

Mais nous devons aussi nous déplacer nous-mêmes pour que le voyage soit tout à fait voyage. Or, tout est devenu provisoirement impossible, et nous ne pouvons que déplorer de voir s’étioler notre capital « rencontres ». L’an dernier, dans le cadre de ces échanges, nous avons pu accueillir seulement Julie et sa fille Zoé, qui ont réussi à passer la frontière entre deux confinements. Nous mesurons la grave carence sociale que génèrent ces limitations de déplacements (limitations que je regrette, mais que je ne suis pas certaine de critiquer).
But we also have to move ourselves so that the trip is quite the trip. However, everything has become temporarily impossible, and we can only deplore seeing our « meeting » capital withering away. Last year, as part of these exchanges, we were able to welcome only Julie and her daughter Zoe, who managed to cross the border between two confinements. We measure the serious social deprivation generated by these travel limitations (limitations that I regret, but that I am not sure to criticize).

En attendant, nous avons reçu le montage vidéo de Jordi : ouh là là ! Il y en a du monde ! Dedans, dehors, dans la neige, à cheval, à skis, une foule d’inconnus souhaite un bon anniversaire à Steffi. Elle, elle connaît tous ces gens, elle a dû être folle de joie de les retrouver si nombreux ! Jordi a eu une idée géniale.
In the meantime, we have received the video montage from Jordi: wow there! There are lots of them! Indoors, outdoors, in the snow, on horseback, on skis, a crowd of unknown people wish Steffi a happy birthday. She, she knows all these people, she must have been ecstatic to find so many of them! Jordi had a great idea.

Agitation

« Banalerie » en français n’existe pas plus que « ordinarity » en anglais, ce sont des mots que j’ai inventés. Forcément.
« Banalerie » in French does not exist any more than « ordinarity » in English, these are words that I invented. Necessarily.

Je fais un petit retour sur la visite de Liliane et Fred que j’ai à peine évoquée la semaine dernière. Et pourquoi pas sous forme de photos commentées ?
I take a look back at Liliane and Fred’s visit that I barely mentioned last week. And why not in the form of commented photos?

Regardez bien : sur la table il traîne encore des bouteilles et une cafetière. On a un peu débarrassé, mais on n’a pas enlevé les verres, au cas où. Un sac en papier cache les quartiers de pommes séchées. Dans un autre sac, transparent, les graines noires du poivrier du Sichuan : c’est le boulot de Gaëlle l’infatigable. On ne consomme pas la graine, seulement la coque de ce poivre. Avec Paul on en a croqué un jour pour savoir – il faut vivre dangereusement – mais la graine n’a aucun goût. C’est comme du sable dans la bouche. Mais c’est une magnifique petite boule noire brillante, quant à Fred il se demande quelles percussions il pourrait bien faire avec.
Take a good look: there are still bottles and a coffee pot lying around on the table. We cleaned it up a bit, but we didn’t take the glasses off, just in case. A paper bag hides the dried apple wedges. In another transparent bag, the black seeds of the Sichuan pepper tree: this is Gaëlle’s tireless job. We do not eat the seed, only the shell of this pepper. With Paul we took a bite of it one day to find out – we have to live dangerously – but the seed has no taste. It’s like sand in your mouth. But it’s a beautiful shiny little black ball, as for Fred he wonders what percussion he could do with it.

Ne croyez pas qu’il lui manque quelque chose, il a tout ce qu’il faut chez lui, mais l’aventure des percussions, cela ne se termine jamais. Le petit sachet est celui de Fred. Et si la main de Fred est toujours floue, c’est parce qu’il accompagne Lolo à la guitare et Nanath au chant.
Don’t think he’s missing anything, he has it all, but the percussion adventure never ends. The little bag is Fred’s. And if Fred’s hand is still blurry, it’s because he accompanies Lolo on guitar and Nanath on vocals.

Des photos, je n’en prends pas à l’hôpital. Ma visite tant attendue du 14 janvier s’est bien passée. J’avais même réussi à faire regrouper dans la même journée le scanner de 11 heures et le rendez-vous de quatorze heures quarante avec le chirurgien. Après avoir suivi la signalétique « radio – IRM – scanner » je réalise au bout d’une demi-heure que j’attends pour une radio alors que je dois passer un scanner, alors je repars dans le labyrinthe mystérieux des couloirs jusqu’à trouver la bonne porte. Là, une secrétaire me réclame mes étiquettes, maintenant on ne rentre plus dans un hôpital sans faire imprimer des pages d’étiquette qui leur disent tout sur vous-même. Après l’examen… non, je ne rencontrerai pas le radiologue à cause du Covid-19. (Alors ils font quoi les radiologues en ce moment ? Je rencontre la manipulatrice en radiologie, comme elle ne connaît pas encore mon cas elle s’extasie sur la mosaïque de mon omoplate, mais le médecin radiologue n’apparaît pas.)
Pictures: I don’t take them in the hospital. My long-awaited visit on January 14 went well. I had even managed to have the 11 o’clock scan and the fourteen-forty appointment with the surgeon together in the same day. After having followed the signage « radio – MRI – scanner » I realize after half an hour that I am waiting for a radio when I have to pass a scanner, then I set out again in the mysterious labyrinth of the corridors until I find the right door. There, a secretary asks me for my stickers, now you don’t go into a hospital without having stickers pages printed that tell them all about you. After the exam … no, I won’t see the radiologist because of the Covid-19. (So ​​what are the radiologists doing right now? I meet the radiology technician, as she doesn’t know my case yet, she raves about the mosaic of my shoulder blade, but the radiologist does not appear.)

La secrétaire me donne un lourd dossier, plusieurs pages et un CD, et je n’ai plus qu’à passer payer et récupérer ma carte « vitale ». Il y a un mois il était convenu qu’à partir de là, je me précipitais à l’étage en dessus pour faire faire les étiquettes pour la radio à faire avant de voir le chirurgien. Ce n’était possible que si j’y passais avant midi. Mais aujourd’hui, on me dit que cela n’a pas de sens, tout se passe sur le même niveau, inutile de monter à l’étage où sont les chambres des hospitalisés. « D’ailleurs » me dit la secrétaire pressée d’aller prendre son repas, « vous n’avez qu’à revenir à une heure. Allez manger… »
The secretary gives me a heavy file, several pages and a CD, and I just have to pay and collect my card « vitale »*. A month ago it was agreed that from then on I would rush upstairs to have the radio stickers made before I see the surgeon. It was possible, only if I got there before noon. But today, I am told that it does not make sense, everything is on the same level, no need to go up to the floor where the hospital rooms are. « Besides, » the secretary tells me in a hurry to get her meal, « you just have to come back at one o’clock. Go eat… »
*certificate of rights for social security

Déconfite mais pas surprise, je sors dans la rue, pose le masque quelques minutes, j’appelle Paul pour échanger les nouvelles et décharger mon énervement, je mange ma clémentine parce que je l’ai là, dans mon sac… et je retourne dans la salle d’attente, il est midi et demi. J’ai un bon bouquin.
I’m confused but not surprised, I go out into the street, take off the mask for a few minutes, I call Paul to exchange the news and unload my nervousness, I eat my clementine because I have it there, in my bag … and I go back to the waiting room, it is half past twelve. I have a good book.

Une secrétaire arrive vers treize heures, elle connaît mon nom, et elle m’envoie passer la radio. Quand je reviens… elle « m’installe » : me conduit dans une petite pièce où le chirurgien ne tarde pas à me rejoindre. Il ne me reconnaît pas, il s’intéresse plus à mon squelette qu’au reste de ma personne, mais quand la mémoire lui revient, dès qu’il se rappelle que je suis « madame omoplate », je sens bien que je suis une patiente exceptionnelle. Mon cas le passionne : déjà il me montre comment il va installer une prothèse sur le socle solide que représentera l’omoplate. Je lui annonce que je vais passer prendre rendez-vous au centre de balnéothérapie, il rajoute à la main trois lignes de précision sur son ordonnance. Après plusieurs lectures je réussirai à lire tout !
A secretary arrives around one o’clock, she knows my name, and she sends me over the radio. When I come back … she « settles me in »: leads me into a small room where the surgeon soon joins me. He does not recognize me, he is more interested in my skeleton than in the rest of me, but when his memory returns, as soon as he remembers that I am « lady scapula », I feel that I am an exceptional patient. My case fascinates him: he is already showing me how he is going to install a prosthesis on the solid base that the scapula will represent. I tell him that I am going to make an appointment at the balneotherapy center, he adds three lines of precision by hand to his prescription. After several readings I will be able to read everything!

Mais ce qui me fait le plus plaisir, c’est de téléphoner à Paul pour qu’il vienne me chercher, j’ai terminé avec une heure d’avance sur le rendez-vous ! L’hôpital est une espèce de monstre effroyablement compliqué, mais parfois il fonctionne dans le bon sens. Ça y est, je suis libre, je m’assois un moment parmi les patients qui surveillent les écrans pour savoir vers quel guichet se diriger, tous prêts à bondir, je ne fais plus partie de leur monde.
But what gives me the most pleasure is phoning Paul to come get me, I finished an hour early on the date! The hospital is a frighteningly complicated kind of monster, but sometimes it just works the right way. That’s it, I’m free, I sit for a moment among the patients watching the screens to know which counter to go to, all ready to pounce, I am no longer part of their world.

Quand j’ai eu cet accident, le médecin a été direct : « Il n’y a pas de plan B. » En effet, les fragments d’omoplate sont nombreux et certains ne mesurent que quelques millimètres, il est impossible d’opérer : je crois que s’il avait essayé, il m’aurait transformé en hérisson. Ou en cyborg. J’ai donc respecté strictement ses consignes, en particulier ne jamais éloigner le coude du corps, ce qui a généré des irritations fort désagréables de l’aisselle à cause de la transpiration qui ne pouvait s’évacuer. Maintenant, tout a changé, j’essaie toujours de garder le coude écarté. En faisant très attention, je peux faire beaucoup de choses comme casser un œuf et séparer le blanc du jaune. Je peux même prendre ma douche toute seule ! Le lendemain de ma visite à l’hôpital, l’infirmière est passée pour la dernière fois, et j’ai pu enlever moi-même le tee-shirt, geste devenu plus facile avec ce possible mouvement du coude.
When I had this accident, the doctor was direct: « There is no plan B. » Indeed, the scapula fragments are numerous and some measure only a few millimeters, it is impossible to operate. : I think if he had tried, he would have turned me into a hedgehog. Or as a cyborg. I therefore strictly followed his instructions, in particular never to move the elbow away from the body, which generated very unpleasant irritations in the armpit due to the perspiration which could not be evacuated. Now that has changed, I still try to keep my elbow out. By being very careful I can do a lot of things like cracking an egg and separating the white from the yolk. I can even take my shower on my own! The day after my visit to the hospital, the nurse came by for the last time, and I was able to remove the T-shirt myself, which became easier with this possible movement of the elbow.

J’ai passé quarante-cinq jours très tranquille, je parlais de léthargie la semaine dernière ; d’un seul coup les rendez-vous se multiplient, kinésie, balnéothérapie. Je rentre dans une période bien différente.
I spent forty-five very quiet days, I was talking about lethargy last week; all at once the appointments multiply, kinesis, balneotherapy. I am entering a very different period.

Du bois du bois du bois – wood wood wood
Sur la photo, vous pouvez voir que ce beau chêne pousse sur un talus. Quand nous nous sommes installés ici, sans doute était-il déjà là, tout petit, discret, planté selon toute vraisemblance par un geai, caché dans une haie bien plus dense qu’aujourd’hui. Nous l’avons découvert petit à petit, je me suis prise d’affection pour lui. Il y a un an ou deux, ses glands ont été envahis par un parasite qui les déformait, je vous avais publié des photos… je ne sais plus quand.
In the photo you can see that this beautiful oak tree grows on an embankment. When we settled here, it was probably already there, very small, inconspicuous, planted in all likelihood by a jay, hidden in a hedge much denser than today. We discovered him little by little, I fell in love with it. A year or two ago, his acorns were invaded by a parasite which distorted them, I had published pictures to you… I do not remember when.

Je ne sais pas ce que peut ressentir un arbre qui pousse en mangeant des pierres et des barres de fer : ce frêne dévore consciencieusement la barrière en métal et son pilier, vestiges d’un portail depuis longtemps disparu, vu de loin il n’a pas du tout l’air de souffrir. De temps en temps, il est coupé et alors il ne ressemble plus à rien, mais il repart tout de suite et je trouve sa silhouette harmonieuse. De loin.
I do not know what a tree that grows while eating stones and iron bars can feel like: this ash tree conscientiously devours the metal barrier and its pillar, vestiges of a portal long since disappeared, seen from afar it has not at all seem to suffer. From time to time it is cut and then it does not look like anything anymore, but it starts again immediately and I find its silhouette harmonious. From afar.

Pendant le premier confinement, toute une zone de ce petit boisé a été abattue, et c’est resté là à attendre. Ce ne sont pas des arbres pour la menuiserie, Paul appelle ça « du bois d’eau ». Un jour, alors que je prenais mon bain de soleil, j’ai entendu un raffut énorme. L’après-midi, Paul et moi sommes passés sur les lieux de l’action : un broyeur était venu, d’où le bruit, une pelle mécanique pour transporter les troncs, une camionnette pour le petit matériel, un énorme camion-benne. Celui-ci a transporté les arbres une fois broyés. Ils seront utilisés pour le chauffage ou comme couverture de sol.
During the first confinement, an entire area of this little wood was cut down, and it just stood there waiting. These are not trees for carpentry, Paul calls them « waterwood ». One day, while I was sunbathing, I heard a huge noise. In the afternoon, Paul and I went to the scene of the action: a chipper had come, hence the noise, a mechanical shovel to transport the logs, a van for small equipment, a huge dump truck . This one transported the trees once they were crushed. They will be used for heating or as a ground cover.

Nous sommes passés quand tout le monde pliait bagage, en laissant encore une grosse quantité d’arbres couchés. Le drame dans ces cas-là, c’est qu’il faut rentabiliser un tel déplacement de matériel. Alors ce ne sera peut-être pas rentable de revenir pour les exploitants, et le bois pourrira lentement. Ou bien ils reviendront, je ne sais pas.
We passed when everyone was packing up, still leaving a large number of trees lying down. The tragedy in these cases is that you have to make such a movement of material profitable. So it may not be profitable to come back for the operators, and the wood will slowly rot. Or they will come back, I don’t know.

En vrac comme d’habitude ! In bulk as usual!

Le 8 janvier était un jour particulièrement faste :

January 8 was a particularly auspicious day:

Madame Saskatoon aime beaucoup se poster à la fenêtre, je me suis dit que Lavande aimerait ce cliché. Cependant comme je multipliais les prises de vue, la chatte excédée a quitté son poste d’observation
Madame Saskatoon likes to post at the window, I thought Lavande would like this shot. However, as I took more shots, the exasperated cat left her observation post.

On m’a dit que quand un pic commence à creuser dans un arbre (ou un volet, ou une fenêtre !) il ne s’arrête pas tant que la chose n’est pas réduite en poussière. Je vois souvent ce poteau dans lequel les trous semblent de plus en plus nombreux, cependant la couleur laisse à penser que depuis longtemps le poteau a été abandonné par ses habitants.
I’ve been told that when a woodpecker starts digging in a tree (or a shutter, or a window!) it doesn’t stop until it turns to dust. I often see this electric pole in which the holes seem to be more and more numerous, however the color suggests that the post has long been abandoned by its inhabitants.

2019

2021

Une nouvelle chute de neige (une dizaine de centimètres, dix millimètres une fois fondue) permet cette fois de parler de neige en 2020 ET en 2021. Pourquoi ne pas photographier Innimond encore une fois, ce paysage toujours pareil et toujours différent ?
A new fall of snow (ten centimeters, ten millimeters once melted) allows this time to talk about snow in 2020 AND in 2021. Why not photograph Innimond once again, this landscape always the same and always different?
Je fais un petit tour dans les pas de Nanath qui a suivi elle aussi les traces de deux chevreuils : je connaissais dans la haie le trou qui leur sert de porte, ils sont repartis en effet par là. Trop facile à identifier dans la neige !
I take a short walk in the footsteps of Nanath who has also followed in the footsteps of two deer: I knew the hole in the hedge that serves as a door for them, indeed they left that way. Too easy to identify in the snow!

Ils ont cassé la croûte là, aiment-ils vraiment le lierre, ou bien ils n’ont pas le choix ?
They had a snack there, do they really like ivy, or do they have no choice?

Boulevard pour chevreuils
Boulevard for deer

Les fruits du pommetier ont pris le gel et sont pourris. Il y a des traces dans la neige (en bas à gauche), les chevreuils les ont peut-être goûtés – à deux pas de là, Séb dormait tranquille dans sa petite maison.
The crabapple fruits have set in frost and are rotten. There are tracks in the snow (bottom left), the deer may have tasted them – a stone’s throw away, Séb was sleeping peacefully in his little house.

Je ne suis pas la seule à mener une enquête : le chat d’un voisin, celui-là qui, en été, quand la porte est ouverte, se dirige directement vers l’assiette de Saskatoon, je ne parle pas du voisin mais de son chat, ce chat-là donc rode autour de la mare. Mais, pas très loin de là, je relève une empreinte dont les orteils sont parallèles et non pas rayonnant comme des pétales de fleur. J’envoie la photo à Doris qui est d’accord avec moi : il ne s’agit sûrement pas d’un chat.
I’m not the only one leading an investigation: a neighbour’s cat, the one who, in the summer, when the door is open, goes straight to the Saskatoon plate, I’m not talking about the neighbor but his cat, that cat is roaming around the pond. But, not very far from there, I note a print whose toes are parallel and not radiating like flower petals. I send the picture to Doris who agrees with me: surely it isn’t a cat.

Il y a quelques années j’ai fini par comprendre que ce dessin, c’est la marque des plumes laissée par l’oiseau quand il prend son envol. Pour que ces traces s’impriment, il faut une qualité de neige particulière, les Inuit pourraient certainement m’en dire plus puisqu’ils posséderaient un vocabulaire très étendu pour désigner seulement « la neige ». Moi je m’émerveille quand je découvre cette élégante signature.
A few years ago I came to understand that this drawing is the mark of the feathers left by the bird when it takes flight. For these tracks to be printed, a particular quality of snow is needed, the Inuit could certainly tell me more since they would have a very extensive vocabulary to designate only « snow ». I marvel when I discover this elegant signature.

Le fauteuil est resté là, mais les poissons sont cachés et personne n’est venu profiter de la fraîcheur pour avancer dans la lecture de son livre.
The chair remains there, but the fish are hidden and no one has come to take advantage of the coolness to continue reading their book.

Quant à mon coin « à bronzer », il est désaffecté pour le moment.
As for my « sunbathing » corner, it is abandoned for the moment.

Lolo ne voit pas pourquoi il n’irait pas au marché (où il ne trouvera pas beaucoup de monde !). Salut Lolo !
Lolo doesn’t see why he shouldn’t go to the market (where he won’t find many people!). Hi Lolo!

Salut vous…
Hello you …

Copyright Nanath

Unknown

Copyright Séb

Le secret de cette photo sera sans doute dévoilé la semaine prochaine, d’ici là toutes les suppositions sont permises !
The secret of this photo will undoubtedly be revealed next week, until then all assumptions are allowed!

Banalerie du quotidien – everyday ordinarity

Les photos
publiées ici
sont le souvenir
d’une balade dans le Beaufortain
en janvier 2014.

The photos
published here
are the memory
of a walk in Beaufortain
in January 2014.

Léthargie – lethargy
On les sauve du Covid-19, on les tue quand même. Les vieux se laissent s’éteindre car le souffle de leur vie c’était de revoir les seuls qui comptent pour eux, les plus proches : les petits-enfants, dont on les prive pour les sauver.
We save them from Covid-19, we kill them anyway. The old people allow themselves to be extinguished because the breath of their life was to see the only ones who matter to them, the closest: the grandchildren, from whom they are deprived in order to save them.

Plus amusant : la consommation de sucre explose depuis le premier confinement. On a besoin de compensation, ça tombe bien, c’est la saison des papillotes. Un de nos visiteurs (il va se sentir visé !) en est tout à fait conscient, il a besoin de sucreries. Et après tout, n’est-ce-pas le système de consolation des petits, un bonbon pour guérir une écorchure ? Nous retrouvons notre âme d’enfant : au lieu de faire du saut à l’élastique, du parapente ou un vol en montgolfière, ou encore de la plongée au milieu de requins soi-disant tueurs, ou encore des stages de survie dans des forêts sauvages, nous avons recours à des petites douceurs, qui nous rappellent la douceur de vivre. J’aime les choses simples.
More fun: sugar consumption has exploded since the first confinement. We need some compensation, that’s good, it’s sweet things season. One of our visitors (he will feel targeted!) Is quite aware of this, he needs sweets. And after all, isn’t that the consolation system of the little ones, a candy to heal a scrape? We rediscover our childhood soul: instead of bungee jumping, paragliding or a hot air balloon flight, or diving among so-called killer sharks, or even survival courses in forests wild, we have recourse to little sweets, which remind us of the sweetness of life. I like the simple things.

Nous, là je parle de Paul et moi, surtout moi, nous sommes toujours entre deux chaises, tellement à l’écart de la « vraie » vie que pour ma part j’en oublie même le masque. Je l’ai porté le 17 décembre pour la dernière fois, la prochaine sera le 14 janvier, dans ces deux cas à l’occasion des examens médicaux. Oui, je ne bouge pas d’ici. Quand je pars marcher avec Paul, nous ne prenons même pas la voiture qui nous permettrait de changer d’horizon. On sort et on file à droite ou à gauche, plus loin encore une fois à droite ou à gauche. En réalité il y a peu de choix.
We, here I am talking about Paul and I, especially me, are always between two chairs, so far removed from « real » life that I personally forget the mask. I wore it on December 17th for the last time, the next one will be on January 14th, in both cases during the medical exams. Yes, I’m not moving from here. When I go for a walk with Paul, we don’t even take the car that would allow us to change the horizon. We go out and walk to the right or to the left, further to the right or to the left. In reality there is little choice.

Ça me convient. Avec Paul nous bavardons de choses ou d’autres, nous avons toujours des choses à nous dire. Nous ne vivons pas à moitié, mais un peu au ralenti, un peu à l’air du temps : il fait le plus souvent gris, froid et humide… Nous sommes peut-être un peu, un tout petit peu en léthargie. J’ai pris le 8 janvier mon premier bain de soleil de l’année, le seul pour le moment, l’ensoleillement fut bref.
It’s OK for me. With Paul we chat about things and other things, we always have things to say to each other. We don’t live half-life, but a little slow, a little trendy: it is mostly gray, cold and humid … We are perhaps a little, a little bit in lethargy. I took my first sunbath of the year on January 8, the only one so far, the sunshine was brief.

Nos noces d’or en 2023 : nous venons de passer quarante-huit ans de mariage. Nous avons encore des trucs à nous dire, ça tombe bien.
Our golden anniversary in 2023: we have just spent forty-eight years of marriage. We still have things to say to each other, that’s good.

Mes proches semblent souvent surpris de ne pas me trouver au trente-sixième dessous, handicapée comme je le suis. Je pourrais bien entendu passer mes journées à pleurer sur mon sort, encore faudrait-il qu’il fût triste ! Je l’ai déjà dit, Paul m’aide autant que j’en ai besoin ; je fais le minimum dont je suis capable, mais je n’hésite pas à lui demander son aide (cinquante fois par jour pour remettre l’orthèse que je passe mon temps à enlever !) en essayant de ne pas trop interférer avec ses activités, et pour moi ça fonctionne.
My relatives often seem surprised not to find me below thirty-sixth: very sad, handicapped as I am. I could of course spend my days crying over my fate, in case it were sad! I’ve said it before, Paul helps me as much as I need; I do the minimum I am capable of, but I do not hesitate to ask for his help (fifty times a day to put back the orthosis that I spend my time removing!) trying not to interfere too much with his activities, and for me it works.

Lolo va au marché en vélo même s’il fait moins quatre : il est tellement emballé à ces moments qu’on le croit gros. Il est content comme ça. Il a ramassé les feuilles du platane et les a transportées à l’autre bout du terrain : pour avoir déjà fait ce boulot, je sais à quel point c’est fastidieux.
Lolo rides his bike to the market even though it’s minus four: he is so wrapped at these times you think he’s fat. He is happy like that. He picked up the leaves from the plane tree and carried them to the other end of the field: having already done this job, I know how tedious it is.

Il est abonné à la revue « Décroissance », qui a critiqué un jour les tiny house, bien lourdes à déplacer, très gourmandes en carburant, alors il a écrit à la revue pour dire qu’il habite une tiny mais qu’il n’est pas le consommateur décrit dans l’article. D’ailleurs il a enlevé les roues à sa maison. Un journaliste est alors venu lui faire une visite très sympa. J’ai hâte de lire l’article à venir.
He subscribes to the magazine « Décroissance », which once criticized tiny houses, which were very heavy to move, very greedy in fuel, so he wrote to the magazine to say that he lived in a tiny but that he is not the consumer described in the article. Besides, he took off the wheels of his house. A journalist then came to pay him a very nice visit. I can’t wait to read the next article.

Le journaliste est venu en vélo depuis Bourgoin, et reparti pour Lyon en vélo – courageux, ce jour-là aussi il ne faisait pas chaud du tout !
The journalist came by bike from Bourgoin, and left for Lyon by bike – brave, that day too it was not hot at all!

Nous rencontrons peu d’amis, un peu toujours les mêmes puisque tout est devenu si compliqué ; nous voulions depuis longtemps inviter Liliane et Fred : cela voulait dire Lolo et Nanath aussi, bien entendu. Le 15 décembre je racontais sur ce blog leur balade musicale dans les rues d’un village, balade qui a fait l’effet d’un bon bol d’oxygène aux participants enthousiasmés. Mettez Lolo et Fred dans la même pièce, toutes les conditions sont réunies pour une impro musicale. Nanath nous a chanté de la bossa nova. Nous avons eu de bons fous rires et un moment musical bien plaisant.
We meet few friends, always a bit the same since everything has become so complicated; for a long time we wanted to invite Liliane and Fred: that meant Lolo and Nanath too, of course. On December 15, I recounted on this blog their musical stroll through the streets of a village, a stroll that gave the enthusiastic participants a good boost. Put Lolo and Fred in the same room, all the conditions are met for a musical improvisation. Nanath sang bossa nova to us. We had a lot of laughs and a very pleasant musical moment.

Un autre jour, Dom, Séverine et Séb sont venus fêter mon anniversaire. Un soixante-neuf un peu particulier, en principe je serai plus agile pour les septante !
Another day, Dom, Séverine and Séb came to celebrate my birthday. A somewhat unusual sixty-nine, in principle I will be more agile for the seventies!

J’ai été gâtée par tout le monde, et pour clôturer dignement la fête nous avons fait un moment de musique : Nanath à la flûte traversière, Paul à l’accordéon, Lolo à la guitare et moi au micro (dans la main gauche). Je ne demande qu’à recommencer et c’est tout à fait envisageable. Inutile de préciser que plus personne n’est en mode léthargie.
I was pampered by everyone, and to end the party with dignity we had a moment of music: Nanath on the transverse flute, Paul on the accordion, Lolo on the guitar and me on the microphone (in the left hand) . I’m just asking to start over and it’s totally possible. Needless to say, no one is in lethargy mode anymore.

Nous avons même été en mode franche rigolade pour une raison que je vais garder secrète quelques temps.
We even went into full laughs for a reason I’m going to keep a secret for a while.

On s’émerveille ! – We marvel!
« Le monde ne mourra pas par manque de merveilles, mais par manque d’émerveillement. » Ce n’est pas de Vincent Munier, mais quand il cite ces jolies paroles, on croirait que ça vient de lui. Vincent s’émerveille. Ne l’appelons pas trop vite « photographe animalier », car il est capable d’oublier d’appuyer sur le déclencheur, tout à la joie d’assister à un spectacle fantastique. On l’appelle le « pape » de la photo animalière et je ne pense pas qu’il l’apprécie. La notoriété est venue mais ne l’a pas changé. Quand il a voulu suivre une formation de photographe, quand il a réalisé qu’il s’agissait de formater les participants, il a abandonné pour rester sur son propre chemin. Il s’y sent bien. Je pense que s’il prend des photos, c’est pour les autres, c’est pour nous, pour nous offrir à son tour les belles images qui se sont offertes à lui.
« The world will not die for lack of wonders, but for lack of wondering. » It’s not by Vincent Munier, but when he quotes those pretty words, you would think they come from him. Vincent is amazed. Let’s not call him a « wildlife photographer » too hastily because he is able to forget to press the shutter button, all in the joy of watching a fantastic spectacle. He’s called the « pope » of wildlife photography and I don’t think he likes it. The notoriety came but didn’t change him. When he wanted to train as a photographer, when he realized it was about formatting the participants, he gave up to stay on his own path. He feels good there. I think that if he takes pictures, it is for others, it is for us, to give us in turn the beautiful images that are offered to him.

On s’émerveille moins : devenez bandit – We marvel less: become a bandit
Je trouve ceci sur le site d’une mairie, sans autre explication : il s’agit d’un code utilisé par les cambrioleurs. Quand ils vous ont fait leur déplaisante visite, la police trouve parfois un de ces signes écrit sur le portail. Et si je les y copiais tous, ça donnerait quoi ?
I find this on a town hall website, without further explanation: it is a code used by burglars. When they’ve made their unpleasant visit, the police sometimes find one of these signs written on the gate. And if I copied them all there, what would it be?

Femme seule – woman alone
Cambrioler le dimanche – burglarize on Sunday
etc

Quand on passe « chez » Ariane et Renato, maintenant, un gros chien style berger allemand aboie furieusement : les nouveaux propriétaires craignent-ils les cambrioleurs ? Le portail qui restait ouvert autrefois est maintenant solidement fermé. Je n’ai aucune raison de le franchir, bien au contraire !
When we go « to » Ariane and Renato, now, a large German Shepherd-style dog barks furiously: are the new owners afraid of burglars? The gate that once remained open is now firmly closed. I have no reason to cross it, on the contrary!

On s’émerveille avec regret – We marvel with regret
Le concert du nouvel an à la Fenice de Venise s’est tenu avec des musiciens masqués.Pour les instruments à vent les musiciens sont séparés par des cloisons transparentes. Même les choristes sont masqués. Seuls les solistes chantent à visage nu, impossible de faire autrement ! Je suis partagée entre le plaisir de voir une preuve de la combativité des artistes dans l’existence même de ce concert, et la tristesse à cause des conditions dans lesquelles il se tient.
The New Year’s concert at the Fenice in Venice was held with masked musicians. For wind instruments the musicians are separated by transparent partitions. Even the choristers are masked. Only the soloists sing with naked faces, impossible to do otherwise! I am divided between the pleasure of seeing proof of the combativeness of the artists in the very existence of this concert, and the sadness because of the conditions in which it is held.

Comme souvent, comme toujours, ma rubrique hebdomadaire est un joyeux fourre-tout. Il s’agit en gros de résumer une semaine en deux pages, et je ne peux pas toujours lier joliment les choses dont je souhaite parler. Quand l’hiver et mon épaule en folie se liguent pour que notre quotidien reste fort plat, je me demande parfois si je ne devrais pas mettre mon blog en pause jusqu’à ce qu’il arrive quelque chose d’exceptionnel.
As often, as always, my weekly column is a happy catch-all. It’s basically summing up a week in two pages, and I can’t always tie the things I want to talk about nicely. When winter and my shoulder in madness come together to keep our everyday life very flat, I sometimes wonder if I shouldn’t put my blog on hiatus until something exceptional happens.

L’exceptionnel pour moi, c’est le prochain examen médical, où je devrais apprendre comment mon proche futur va se dérouler.
The exceptional one for me is the next medical exam, where I should learn how my near future will unfold.

Et pour finir une petite info, un bon signe : je tape des deux mains !
And to finish a little info, a good sign: I type with both hands!

Visiteurs viennent voyageurs vont

La toute petite chute de neige du 31 décembre m’a permis de renouveler mon stock de clichés, évitant d’utiliser encore ceux de la chute précédente, il y a si longtemps : le 15 novembre 2019… Et voilà toutes trouvées les photos pour aujourd’hui !
The very small snowfall of December 31 allowed me to renew my stock of pictures, avoiding to use again those of the previous fall, so long ago: November 15, 2019… So here are the photos for this publication!

Paul et moi avons depuis des années pris l’habitude de nous répartir les tâches. Elles ne manquent pas dans une grande maison où l’on n’a pas cherché à tout automatiser, et où l’on n’achète presque pas de plats cuisinés – comme en plus ils poussent dans le jardin avant de mijoter dans les casseroles, il y a vraiment beaucoup à faire.
Paul and I have been used to dividing up tasks for years. They are not lacking in a large house where we have not tried to automate everything, and where we hardly buy ready-made meals – as in addition they grow in the garden before simmering in the pots, there is a lot to do really.

Alors maintenant, Paul ajoute mon travail au sien. Heureusement que le jardin est (presque) au point mort en hiver, la saison calme. Et heureusement pour moi que je ne porte pas mon orthèse à la saison chaude, ce serait difficilement supportable. Paul fait les yaourts et s’occupe de charger le feu, mes attributions, mais on a toujours partagé le transport du bois qui lui revient entièrement maintenant.
So now Paul adds my work to his. Fortunately, the garden is (almost) at a standstill in winter, the calm season. And fortunately for me that I do not wear my orthosis in the hot season, it would be difficult to bear. Paul makes the yoghurts and takes care of the fire, my job, but we have always shared the transport of the wood, which is now entirely his responsibility.

Dom ne comprend pas qu’on n’ait pas opté pour un chauffage « presse-bouton », mais j’aime m’occuper de la chaudière. Voir monter dans la vieille lessiveuse le niveau de cendres que je répands année après année dans le parc et le jardin pour enrichir le sol en potasse. Oublier de remettre du bois et faire reprendre les flammes sur une petite poignée de braises. Calculer à quelle heure recharger pour que le feu redémarre au matin. Ce feu tourne tout l’hiver en continu, je ne le rallume que de façon exceptionnelle.
Dom doesn’t understand that we haven’t gone for a « push-button » heater, but I like to take care of the boiler. Watching the level of ash rising in the old container, which I spread year after year in the park and the garden to enrich the soil with potash. Forget to put more wood back in and start the flames on a small handful of embers. Calculate at what time to reload so that the fire starts again in the morning. This fire runs continuously all winter long, I only rekindle it in exceptional circumstances.

Bien sûr, je devrais en parler au passé. Ou au futur : j’ai hâte de reprendre une vie plus normale et moins… paresseuse!
Of course, I should talk about it in the past tense. Or in the future: I can’t wait to get back to a more normal and less … lazy life!

Notre existence est peut-être plus routinière encore depuis que je suis « manchote ». Mais il nous arrive parfois des invités surprise. Je ne parle pas de ceux qui ont rempli de bois le coffre de leur voiture, en le prélevant sur le gros tas derrière la maison. Paul s’est aperçu tout de suite du larcin : il a demandé si Lolo et Séb pouvaient l’aider, et tous les trois ont commencé à débiter ce bois pour le ranger ailleurs, où il n’est pas visible de la route.
Our existence is perhaps even more routine since I am « one-armed ». But sometimes we have surprise guests. I’m not talking about those who filled the trunk of their car with wood, taking it from the big pile behind the house. Paul noticed the theft right away: he asked if Lolo and Séb could help him, and the three of them started chopping the wood for storage somewhere else, where it was not visible from the road.

Il n’y a pas si longtemps, Paul et moi aurions été seuls à gérer le problème. J’ai trouvé fantastique de pouvoir appeler à l’aide, et ils ont fait un super travail.
It wasn’t that long ago that Paul and I would have been alone in dealing with the problem. I thought it was fantastic to be able to call for help, and they did a great job.

Cette fois je ne surveille pas les voleurs, ni l’éclat du soleil sur Innimond : je vois par hasard un autre visiteur inattendu, une forme de couleur vive, immobile au milieu du champ de colza ; avec un peu de difficulté, je photographie un faisan magnifique. Il n’est peut-être pas seul mais sa compagne reste discrète.
This time I am not watching the thieves, nor the glare of the sun on Innimond: I see by chance another unexpected visitor, a brightly colored form, motionless in the middle of the rapeseed field; with a little difficulty, I photograph a magnificent pheasant. It may not be alone, but its partner remains discreet.

Une autre visite nous procure un immense plaisir : Angélique et Vincent sont de passage avec Maïa, et son petit frère Amaury que seul Séb avait déjà rencontré. C’est l’occasion pour Maïa de retrouver son arbre. Chance, je l’ai photographié en août, plus photogénique qu’en hiver !
Another visit gives us great pleasure: Angélique and Vincent are passing through with Maïa, and her little brother Amaury, whom only Séb had already met. This is the opportunity for Maia to visit her tree. Luckily, I photographed it in August, more photogenic than in winter!

Peu attiré d’abord par le pont de singe, Amaury s’enhardit et se fait plaisir !
Little attracted at first by the monkey bridge, Amaury is emboldened and has fun!

À part ces moments, notre quotidien est extrêmement tranquille. Je lis beaucoup, et, comme je l’ai déjà dit, nous regardons souvent des vidéos – l’intégrale du film « le Seigneur des Anneaux », version longue, nous occupe un bon moment.
Apart from these moments, our daily life is extremely peaceful. I read a lot, and, as I said before, we watch videos a lot – the entire Lord of the Rings movie, long version, keeps us going for quite a while.

Étonnants voyageurs – Amazing travelers
Si je dis « Alexandra David-Néel », vous direz tous je suppose que vous en avez entendu parler. Peut-être même avez-vous lu ses livres ? Et si je dis « Ella Maillard » ?
If I say « Alexandra David-Néel », you will all say I suppose you have heard of her. Maybe you’ve even read her books? What if I say « Ella Maillard »?

Ella Maillard est née en 1903, plus de trente ans après Alexandra, et j’ignore si leurs chemins se sont croisés. J’ai commencé par lire « Croisières et caravanes », un ouvrage de l’âge mûr qui raconte en survolant un peu une existence bien remplie ; puis j’ai lu « Oasis interdites ». C’était intéressant dans cet ordre, pour se faire d’abord une idée du personnage. Dès le début, j’ai beaucoup aimé son attirance respectueuse vers les peuples nomades, qui la fascinaient, dont elle voulait partager l’existence, persuadée qu’elle avait tout à apprendre, curieuse de tout ce qui faisait le quotidien de ces gens.
Ella Maillard was born in 1903, over thirty years after Alexandra, and I do not know if their paths crossed. I started out by reading « Croisières et caravanes », a mature book that tells a little about a busy life; then I read « Oasis interdites ». It was interesting in that order, to get a feel for the character first. From the start, I really liked her respectful attraction to nomadic peoples, who fascinated her, whose existence she wanted to share, convinced that she had everything to learn, curious about everything that made up the daily life of these people.

La fin de « croisières et caravanes » évoque une quête spirituelle qui a largement modifié sa vision du monde ; elle raconte son propre cheminement. Parlons d’équilibre, de sagesse, de paix…
The end of « croisières et caravanes » evokes a spiritual quest which has greatly modified her vision of the world; she tells her own story. Let’s talk about balance, wisdom, peace …

Sur Babélio, en plus de fragments des films qu’elle a tournés, on accède à une interview de la dame déjà bien âgée, et toujours fascinante. J’en retire quelques lignes :
On Babélio, in addition to fragments of the films she has shot, we access an interview with the already very old lady, and still fascinating. I take a few lines from it:

– La navigation, c’était le rêve qui ne s’est jamais réalisé.
– Et ça reste, comme un regret ?
– Non, ça ne reste pas comme un regret, il faut être d’accord avec son destin. Les regrets ça empoisonne et c’est du temps perdu.
– Sailing was the dream that never came true.
– And it stays, as a regret?
– No, it does not stay as a regret, you have to be okay with your fate. Regrets are poisonous and wasted time.

– D’autres voyageurs avaient le sentiment d’apporter la civilisation, vous vous aviez le sentiment d’apporter la pollution.
– Attention ! J’ai pris 20 à 30 ans pour comprendre. Ce que je vous dis maintenant je le pensais pas du tout à ce moment-là.
– Other travelers felt they were bringing civilization, you felt you were bringing pollution.
– Warning ! It took 20 to 30 years to figure it out. What I’m telling you now I didn’t mean at all at that time.

À 78 ans, elle skiait encore. À 86 ans elle a donné son vélo « pour ne plus avoir la tentation de le monter ».
At 78, she was still skiing. At the age of 86, she gave her bike « so as not to have the temptation to ride it anymore ».

Mais remontons le temps : elle a 32 ans, elle retrouve Peter Fleming, 28 ans, qu’elle a rencontré à Londres. Partira, partira pas ? Ils décident de faire route ensemble pour un projet délirant.
But let’s go back in time: she is 32, she reunites with Peter Fleming, 28, whom she met in London. Will leave, will not leave? They decide to set off together for a crazy project.

Ian Fleming, frère de Peter, est le célèbre créateur de James Bond : il s’est beaucoup inspiré de Peter pour rédiger ses romans. En plus d’activités plus confidentielles, Peter est grand reporter au Times.
Ian Fleming, brother of Peter, is the famous creator of James Bond: he drew a lot of inspiration from Peter in writing his novels. In addition to more confidential activities, Peter is a great reporter for The Times.

Ella aussi est journaliste, mais écrire lui est difficile alors que Peter fait rire tout le monde par ses réparties : on retrouve la même verve inépuisable à l’écrit comme à l’oral.
Ella is also a journalist, but writing is difficult for her while Peter makes everyone laugh with his repartees: you find the same inexhaustible verve in writing and speaking.

Malgré tout ce qui les sépare, ils estiment qu’il est possible d’unir leur force : il s’agit de traverser la Chine d’est en ouest, sans visa, depuis Pékin jusqu’au Cachemire. La situation politique étant d’une complexité extrême, avec la guerre qui fait rage ici et là, on évite, peut-être, les zones les plus dangereuses en passant par les déserts d’Asie centrale… Ils empruntent donc « la » route de la soie, ou plutôt l’un des nombreux itinéraires qui furent sillonnés par des caravanes pendant des siècles : « Le désert du Taklamakan, tu le contournes par le nord ou par le sud ? ». Route « de la soie » car ce tissu précieux servait de monnaie d’échange, jusqu’à ce que le secret de fabrication et quelques chenilles arrivent en Europe où va se développer la sériciculture.
Despite everything that separates them, they believe it is possible to unite their strength: it is a question of crossing China from east to west, visa-free, from Beijing to Kashmir. The political situation being of an extreme complexity, with the war which rages here and there, one avoids, perhaps, the most dangerous zones while passing by the deserts of Central Asia… So they go through « the » road of silk, or rather one of the many routes that were crisscrossed by caravans for centuries: « The Taklamakan desert, do you go around from the north or from the south? » « Silk » route because this precious fabric was used as a currency of exchange, until the trade secret and a few caterpillars arrived in Europe where sericulture would develop.

S’il ne transite plus de soie sur la vieille route, Ella et Peter y rencontrent des caravanes avec lesquelles il leur arrive de cheminer.
There is no more silk on the old road, but Ella and Peter meet there some caravans and sometimes they travel with.

Ella Maillard raconte ce périple de sept mois dans « Oasis interdites » et Peter Fleming  dans « Courrier de Tartarie ».
Ella Maillard recounts this seven-month journey in « Oasis interdites » and Peter Fleming in « News from Tartary. »

De solides connaissances en histoire rendraient plus compréhensibles ces deux récits, et un atlas ouvert en permanence pour suivre l’avancée de nos valeureux explorateurs s’avérerait lui aussi fort utile. Mais il reste une question sans réponse, même si Ella aussi bien que Peter y ont répondu : pourquoi se lancer dans de telles entreprises ? Je comprends que ni l’un ni l’autre n’ait voulu finir rond-de-cuir dans quelque bureau gris et poussiéreux, mais il existe d’autres façons de vivre sa vie que d’affronter le froid, le chaud, la soif, l’attente interminable et autres innombrables désagréments. Sans oublier le risque de finir en prison, risque prévu : nos deux héros emportent leur machine à écrire.
A strong knowledge of History would make both of these stories more understandable, and an atlas permanently open to track the progress of our brave explorers would also prove very useful. But there remains an unanswered question, even if both Ella and Peter have answered it: why get into such ventures? I understand that neither of them wanted to end up slick in some gray and dusty office, but there are other ways of living your life than facing the cold, the heat, thirst, endless waiting and countless other inconveniences. Without forgetting the risk of ending up in a jail, the foreseen risk: our two heroes take away their typewriters.

Ils s’en fichent. Laissons-les disparaître au galop à l’horizon, avant-garde d’une file interminable de chameaux.
They do not care. Let them gallop across the horizon, the vanguard of an endless line of camels.

Si je vous parle d’Afghanistan, de Kirghizistan et de Tadjikistan, à tous les coups vous allez être capables d’en dessiner les contours à main levée ou encore de les situer sur une carte d’Afrique. D’Afrique ?
If I tell you about Afghanistan, Kyrgyzstan and Tajikistan, of course you are going to be able to draw their outlines freehand or even locate them on a map of Africa. Of Africa?

Route de la soie toujours, un peu à l’ouest du périple précédent. Avec des images grandioses pour raconter un des voyages de Claude Marthaler.
Silk Road still, a little to the west of the previous journey. With grandiose images to tell of one of Claude Marthaler’s travels.

Je peux me tromper, mais j’ai l’impression que l’accident de parapente, où sa colonne vertébrale a été brisée, est une des raisons de sa passion pour le vélo. J’imagine que son mollet détruit a été reconstitué par des auto-greffes, je sais que cela existe. À un autre moment, il le dit lui-même, le deuil de son frère mort dans un accident de spéléo l’a poussé à faire un voyage. Le compteur kilométrique de mon vélo le ferait rigoler, lui qui ajoute plusieurs zéros au sien ! Un tour du monde à vélo lui a pris sept ans (1994-2001).
I could be wrong, but I feel that the paragliding accident, where his spine was broken, was one of the reasons for his passion for cycling. I imagine his destroyed calf was replenished by autografts, I know there are. At another point, he says himself, mourning for his brother who died in a caving accident prompted him to take a trip. The odometer on my bike would make him laugh, he who adds several zeros to his! Cycling around the world took him seven years (1994-2001).

Encore une fois c’est par PaJu que nous avons découvert ce cycliste extraordinaire, un cyclonaute comme il se désigne lui-même, une de ces personnalités profondément humaines qui attirent l’attention et restent dans les mémoires. Nous avons regardé « Embrasser la terre » avec un vif intérêt. Ce film a été tourné au Tadjikistan par Alexandre Lachavanne : celui-ci pédale derrière, devant ou à côté de Claude, tenant la caméra de la main droite ! Claude est filmé même quand il pousse le vélo et ses 60 kilos de chargement à pied sur un chemin accidenté ou pour traverser un torrent. Alexandre, respect. Le caméraman a suivi le même parcours difficile, la main droite occupée par la caméra ! Pour des raisons de tournage, ils se séparent et Claude continue seul…
Once again it was through PaJu that we discovered this extraordinary cyclist, a cyclonaut as he calls himself, one of those deeply human personalities who attract attention and remain in our memories. We watched « Embrasser la terre » with keen interest. This film was shot in Tajikistan by Alexandre Lachavanne: he pedals behind, in front of or next to Claude, holding the camera in his right hand! Claude is filmed even when he pushes the bike and its 60 kilos of load on foot on a rough path or to cross a torrent. Alexandre, respect. The cameraman followed the same difficult route, his right hand occupied by the camera! For filming reasons, they separate and Claude continues alone …

En attendant, on aura bien profité des paysages à couper le souffle. « Elles sont si belles ces montagnes ! » dit Claude à une paysanne perdue au milieu de nulle part. Comment peut-elle faire vivre son troupeau dans ces champs de cailloux ? La femme ne réagit pas à cet enthousiasme, « il fait trop froid ».
In the meantime, we will have enjoyed the breathtaking landscapes. « These mountains are so beautiful! » Claude says to a peasant woman lost in the middle of nowhere. How can she support her herd in these stone fields? The woman does not react to this enthusiasm, « it’s too cold ».

Sur le lien que voici, la vidéo dure une heure et demie, avec interview de Claude et Alexandre avant et après le film d’Alexandre. Je crois que les interviews n’apparaissent pas sur PaJu (question de format ?).
On the link below, the video lasts an hour and a half, with an interview with Claude and Alexandre before and after Alexandre’s film. I don’t think the interviews appears on PaJu (format question?).

Son site – Claude’s site

Claude ne fait pas que pédaler, il écrit. Je suis allée à la pêche sur Babélio :
Claude doesn’t just pedal, he writes. I went fishing on Babélio:

« Voyages sellestes »
« La vie ne trouve-t-elle pas précisément son accomplissement dans la simplicité, la gratuité et la lenteur, dans ce qui ne compte pas? »
« Voyager, c’est aussi visiter les amis qu’on ne savait pas avoir. »
« Durant tous mes voyages, les gens ont été mon carburant. L’amour qu’ils m’ont donné est le plus beau cadeau que j’aie reçu dans ma vie. »
« Voyages sellestes »
« Doesn’t life find its fulfillment precisely in simplicity, gratuitousness and slowness, in what does not count? »

« Traveling is also visiting friends you didn’t know you had. »
« In all of my travels, people have been my gas. The love they have given me is the greatest gift I have ever received. »

Ella, Peter, Claude, Alexandre et tant d’autres ! Je pense aussi à Bernard Olivier, pas sur un chameau, pas sur un poney, ni sur un vélo, mais seulement sur ses pieds. Tous ces gens sont eux aussi du carburant comme le dit Claude. J’en ai des fourmis dans les pieds mais au moins grâce à eux  je peux voyager sans bouger de chez moi.
Ella, Peter, Claude, Alexandre and so many others! I also think of Bernard Olivier, not on a camel, not on a pony, nor on a bicycle, but only on his feet. All these people are also fuel as Claude says. I have ants in my feet but at least thanks to them I can travel without leaving home.