Lettre à Angelo

Les illustrations « hors sujet » évoquent notre séjour en Savoie il y a un an…
The « off-topic » illustrations evoke our stay in Savoie a year ago…

Postulat : une réelle amélioration de la vie sur la planète, toutes espèces confondues, ne sera possible que par un changement radical. Sur les plans technologique, politique, et certainement sur d’autres ! Changement des mentalités aussi ?
Postulate: A real improvement of life on the planet, all species combined, will only be possible through radical change. Technologically, politically, and certainly on other areas! Changing mindsets too?

En fait, je prévoyais d’écrire un postulat avec des humains et de la lutte sociale, mais d’autres mots me sont venus à l’esprit, car si on n’élargit pas la lutte aux autres espèces, aux autres lieux, à quoi bon ? Voici donc une page résolument utopiste, et certainement irréaliste… Je ne vois pas comment parler des innombrables problèmes que nous avons à gérer à notre petite échelle sans prendre un recul planétaire pour avoir une autre vision des choses.
I was actually planning to write a postulate with humans and social struggle, but other words came to mind, because if we don’t expand the struggle to other species, to other places, what’s the point? So here is a resolutely utopian page, and certainly unrealistic… I don’t see how to talk about the innumerable problems that we have to manage on our small scale without taking a planetary step back to have another vision of things.

Et on peut commencer par faire le procès des progrès technologiques.
Il est évident qu’ils peuvent être vraiment néfastes, comme par exemple la sophistication de plus en plus grande des armes. Cependant ce qui est vrai pour moi ne l’est pas pour les militaires. Il y en a de l’idéologie dans la recherche et l’aboutissement technologiques !
And we can start by criticizing advancements in technology.
It is obvious that they can be really harmful, like for example the increasing sophistication of weapons. However, what is true for me is not true for the military. There is ideology in technological research and achievement!

Le commentaire d’Angelo dans ma publication précédente m’a inspiré celle-ci. Tu as écrit :
« La révolte des canuts contre les métiers Jacquard a été une première contre le progrès technologique. Mais le problème, que les canuts ne pouvaient pas encore voir, est l’utilisation que l’on fait du progrès technologique. La bourgeoisie dominante en fait une source supplémentaire de bénéfice financier, et cela depuis les révolutions industrielles.
Le progrès technologique devrait soulager la pénibilité, améliorer la productivité pour utiliser cette amélioration pour développer par exemple les services publics, pour combattre la pauvreté, pour une société moins cruelle et moins dure aux pauvres. »
Angelo’s comment in my previous post inspired me this one. You wrote :
« The revolt of the canuts against the Jacquard looms was a first against technological progress. But the problem, which the canuts could not yet see, is the use that is made of technological progress. The dominant bourgeoisie makes it an additional source of financial profit, and that since the industrial revolutions.
Technological progress should relieve hardship, improve productivity in order to use this improvement to develop, for example, public services, to fight poverty, for a society that is less cruel and less hard on the poor. »

Angelo, tes paroles m’ont fait penser aux exosquelettes, un exemple excellent de ce que la technologie peut inventer de meilleur et de pire. En effet, on voit ici un tétraplégique se remettre à marcher grâce à cet appareillage. Tandis que là, un ouvrier pourra passer sa journée complète de travail les bras en l’air, à poser des vis en hauteur, j’ai vu ça dans la vidéo (enthousiaste) d’un fabricant. Faut-il le préciser ? À l’évidence, le corps humain n’est pas conçu pour rester huit heures les bras levés, même si la machine le libère de l’effort, d’une part : sans être médecin, je crains le risque d’accidents cardiaques, ou autres, pour cette raison. D’autre part, le travail à la chaîne est condamné depuis des décennies parce que répéter le même geste est abrutissant, et, à la longue, destructeur de la personne. Je revois Charlot devenu fou avec une clé dans chaque main.
Angelo, your words made me think of exoskeletons, an excellent example of what technology can invent better and worse. Indeed, we see here a quadriplegic getting back to walking thanks to this device. While there, a worker could spend his full day of work with his up arms, installing screws at height, I saw that in the (enthusiastic) video of a manufacturer. Does it need to be specified? Obviously, the human body is not designed to stay eight hours with arms raised, even if the machine frees him from the effort, on the one hand: without being a doctor, I fear the risk of heart attacks, or others, for this reason. On the other hand, assembly line work has been condemned for decades because repeating the same gesture is deadening and, in the long run, destructive of the person. I see Charlot gone mad with a key in each hand.

Eh bien non, notre brillante société ne se soucie pas de la souffrance, de la pénibilité du travail et elle se fiche de la pauvreté. D’ailleurs Macron a tenté de faire disparaître « pénibilité », ce mot à connotation trop négative, pour le remplacer par de la novlangue.
Well no, our brilliant society does not care neither about suffering, nor the hardship of work and it does not care about poverty. Moreover, Macron tried to remove « difficulty », this word with too negative connotations, to replace it with newspeak.

À Cransac, où les gueules noires ont laissé la place aux blouses blanches, où la mine de charbon est remplacée par un site de cure thermale, se tient un petit musée de la mine qu’il est impératif de visiter. On y parle de l’arrivée des marteaux piqueurs qui ont accéléré considérablement le rendement : conséquence immédiate, les quotas ont été augmentés. Pas d’effort vers une société moins cruelle, moins dure aux pauvres, au contraire, dégradation des conditions de travail : les nouvelles machines soulevaient beaucoup plus de poussières, et les maladies de poumon, compagnes permanentes des mineurs, se sont multipliées encore plus vite.
À défaut d’aller jusqu’à Cransac, visitez le site, très bien fait, très parlant, travail des bénévoles amis de Cransac. Si vous avez la chance de passer par là, choisissez la date où l’on peut rencontrer d’anciens mineurs venus témoigner. Je préfère quand un travail d’information est mené par des personnes directement concernées, expérimentées, connaissant le sujet.
In Cransac, where the black faces have given way to white coats, where the coal mine has been replaced by a spa treatment site, there is a small mining museum that is essential to visit. It talks about the arrival of jackhammers which considerably accelerated the yield: immediate consequence, the quotas were increased. No effort towards a less cruel society, less hard on the poor, on the contrary, degradation of working conditions: the new machines raised much more dust, and lung diseases, permanent companions of miners, multiplied even faster .
If you don’t go as far as Cransac, visit the site, very well done, very meaningful, the work of volunteers who are friends of Cransac. If you have the chance to go there, choose the date when you can meet former miners who have come to testify. I prefer when information work is carried out by directly concerned, experienced people, who know the subject.

Quand Angelo dénonce les conditions de travail, Edgar Morin nous dit « Changeons de voie ». Tous deux abordent par des angles différents le même problème, celui de notre présent qui hypothèque notre avenir.
« (…) je découvris que toute politique doit se fonder sur une conception de l’homme, de la société et de l’histoire. » [Edgar Morin – Changeons de voie p 13]
« Ce que je veux noter ici, c’est l’extrême lenteur de la prise de conscience écologique, son incomplétude cinquante ans plus tard, et l’indigence de l’action politique et économique pour éviter les désastres corrélativement humains et naturels. Cela est dû à une culture où la Bible, les Évangiles, la philosophie, les sciences humaines ont disjoint radicalement nature et culture, homme et animal. Cela est dû conjointement aux énormes intérêts économiques, voués aux bénéfices immédiats, qui soit occultent le problème soit le nient. Les catastrophes nucléaires de Tchernobyl ou Fukushima secouent quelque temps une opinion qui, droguée par l’immédiat, se rendort. » [Id p 21]
When Angelo denounces the working conditions, Edgar Morin tells us « Changeons de voie » « Let’s change our way ». Both approach the same problem from different angles, that of our present which mortgages our future.
« (…) I discovered that all politics must be based on a conception of man, society and history. » [Edgar Morin – Changeons de voie p 13]
« What I want to note here is the extreme slowness of ecological awareness, its incompleteness fifty years later, and the indigence of political and economic action to avoid correlatively human and natural disasters. This is due to a culture where the Bible, the Gospels, philosophy, the human sciences have radically separated nature and culture, man and animal. This is due in conjunction with huge economic interests, bent on immediate benefits, which either hide the problem or deny it. The nuclear disasters of Chernobyl or Fukushima shake up public opinion for a while, which, drugged by the immediate, goes back to sleep. » [Id p 21]

Le professeur Didier Raoult aussi évoque notre culture, notre mode de pensée, notre vision du monde.
« Notre mode de pensée en Occident, y compris en science, est structuré par la mythologie grecque et les religions monothéistes. Le darwinisme a été inspiré par la chrétienté, quoi qu’on en dise, et par le capitalisme anglais. » [professeur Didier Raoult – Arrêtons d’avoir peur ! p 19]
« Notre vision du monde, de notre nature, de nos origines et de notre avenir est largement influencée par notre culture et les préjugés liés à nos croyances (…). Une manière de tenter de sortir de notre aveuglement culturel consiste à retracer l’histoire de notre civilisation afin de comprendre comment la pensée des grecs anciens, très hétéroclite et ouverte, a été ensevelie au Moyen-Âge et remplacée par la pensée unique d’Aristote et de la chrétienté jusqu’au XIXè siècle. » [id p 21]
« D’après le récit de la Genèse, tous les humains, les animaux et les plantes ont été créés une fois pour toutes par Dieu au commencement du monde et n’ont pas évolué depuis. (…) Enlevons nos œillères et l’horizon s’élargira. » [id p 22]
Professor Didier Raoult also talks about our culture, our way of thinking, our vision of the world.
« Our way of thinking in the West, including science, is structured by Greek mythology and monotheistic religions. Darwinism was inspired by Christianity, whatever one may say, and by English capitalism. » [Professor Didier Raoult – Arrêtons d’avoir peur ! – Stop being afraid! p.19]
« Our view of the world, our nature, our origins and our future is largely influenced by our culture and the prejudices linked to our beliefs (…). One way to try to get out of our cultural blindness is to retrace the history of our civilization in order to understand how the thought of the ancient Greeks, very heterogeneous and open, was buried in the Middle Ages and replaced by the unique thought of Aristotle and Christianity until the 19th century. » [id p 21]
« According to the Genesis account, all humans, animals and plants were created once and for all by God at the beginning of the world and have not evolved since. (…) Let’s take off our blinders and the horizon will widen. » [id p 22]

J’espère ne pas trahir la pensée des personnes dont je vous cite quelques phrases, à vous d’être vigilants, je suis capable de me tromper et de ne pas parler à bon escient. Cela dit, m’aider des mots des autres pour poursuivre mon propre raisonnement ne veut pas dire que le cheminement d’Edgar Morin ou de Didier Raoult soient identiques au mien. Cependant, en ce qui concerne Angelo, c’est différent, nos échanges ne datent pas d’hier et permettent de vérifier une grande communauté de pensée.
I hope not to betray the thoughts of the people from whom I quote a few sentences, it’s up to you to be vigilant, I am capable of making mistakes and not speaking wisely. That said, helping me with the words of others to pursue my own reasoning does not mean that the path of Edgar Morin or Didier Raoult is identical to mine. However, as far as Angelo is concerned, it is different, our exchanges are not new and allow us to verify a great community of thought.

Il y a quelques années, j’ai acheté en Espagne « la conquête du pain » de Kropotkine (1842 – 1921). Il y est dit que la toute première chose à faire dans le cadre d’une révolution, ce ne sont pas les beaux discours, c’est de s’assurer que chacun mange à sa faim. Mon niveau d’espagnol m’oblige à lire lentement, ce qui n’est pas une mauvaise chose, ce sera une lecture plus fouillée, plus approfondie. En feuilletant les pages, en piochant au hasard, je retrouve dans la belle écriture fluide de Kropotkine des idées d’une très grande importance ; de plus elles sont exprimées en toute simplicité, c’est très facile à comprendre. Il explique que le principe même du capitalisme (on ne parlait pas de libéralisme au XIXè siècle), c’est de s’enrichir. Il est inutile, illusoire, de chercher un progrès social dans un cadre capitaliste, car c’est en contradiction avec ce qui en constitue l’essence elle-même. D’autres que moi ne seront pas convaincus sans doute, mais moi je fréquente Kropotkine depuis longtemps et je me suis toujours sentie en phase avec son idéal anarchiste.
A few years ago I bought in Spain « The Conquest of Bread » by Kropotkin (1842 – 1921). It says that the very first thing to do in the context of a revolution is not rhetoric, it is to ensure that everyone has enough to eat. My level of Spanish forces me to read slowly, which is not a bad thing, it will be a deeper, more in-depth reading. Leafing through the pages, picking at random, I find in Kropotkin’s beautiful, flowing handwriting ideas of very great importance; moreover they are expressed in all simplicity, it is very easy to understand. He explains that the very principle of capitalism (we did not speak of liberalism in the 19th century) is to get rich. It is useless, illusory, to seek social progress within a capitalist framework, because it is in contradiction with what constitutes its very essence. Others than me will probably not be convinced, but I have been seeing Kropotkin for a long time and I have always felt in tune with his anarchist ideal.

Certes, à toutes les époques et partout il y a des personnes sensibles au bien-être humain et favorables à plus d’égalité. Je ne nie pas les progrès réels dans de nombreux domaines. Il s’agit malheureusement d’un combat inégal et on est loin du monde égalitaire auquel on est en droit de rêver. Quand Angelo parle des parkings en Tunisie ou des caisses automatiques dans les supermarchés, cela me serre le cœur. Moi-même qui ne manque de rien, je vois mon pouvoir d’achat baisser mois après mois et je ne sais de quoi sera fait demain.
Certainly, at all times and everywhere there are people sensitive to human well-being and in favor of greater equality. I do not deny real progress in many areas. Unfortunately, this is an unequal fight and we are far from the egalitarian world we are entitled to dream of. When Angelo talks about car parks in Tunisia or automatic checkouts in supermarkets, it breaks my heart. Myself, who lacks nothing, I see my purchasing power dropping month after month and I don’t know what will happen tomorrow.

Tout ce qui précède me conduit vers ce qui est pour moi la conclusion logique, mon postulat de départ que revoici : une réelle amélioration de la vie sur la planète, toutes espèces confondues, ne sera possible que par un changement radical. Sur les plans technologique, politique, et certainement sur d’autres ! Changement des mentalités aussi ?
All of the above leads me to what is for me the logical conclusion, my starting postulate here again: A real improvement of life on the planet, all species combined, will only be possible through radical change. Technologically, politically, and certainly on other areas! Changing mindsets too?

Un usage intéressant de la technologie… Le fort Lucotte est devenu cave d’affinage de
cent mille meules de comté Marcel Petite… En août 2011, nous avons vu le robot retourner l’une après l’autre les meules de fromages…
An interesting use of technology… Fort Lucotte has become a maturing cellar for

one hundred thousand comté Marcel Petite wheels… In August 2011, we saw the robot turn over the cheese wheels one after the other…
…libérant du temps pour le travail des humains.
…freeing up time for human work.

Je ne connais pas Yann Echinard, mais voici l’histoire d’une mésaventure qu’il nous relate sur son compte facebook : dans ce récit caricatural, voici la preuve que ce ne sont pas des sociétés comme EDF qui vont participer à la transition écologique. Un nouveau modèle économique et social, vraiment ? Du développement durable ? Changement dans nos façons de consommer, produire et tout le reste ?
Excusez-moi, je n’y crois pas. Pas de cette façon.
I don’t know Yann Echinard, but here is the story of a misadventure that he tells us on his facebook account: in this caricatural story, here is the proof that it is not companies like EDF that will participate in the ecological transition . A new economic and social model, really? Sustainable development? Change in our ways of consuming, producing and everything else?
Excuse me, I don’t believe it. Not this way.

Un samedi vert qui vire au rouge
(aucun message subliminal)
Nous avions rendez-vous ce matin avec EDF ENR à la maison pour ouvrir le dossier « installation de panneaux photovoltaïques ». Notre toit semblait éligible et nous souhaitions participer à l’effort européen de réduire notre dépendance aux énergies fossiles en participant à la production d’énergie solaire.
Le commercial de la filiale d’EDF ENR est arrivé à l’heure avec son polo bleu, a étudié notre cas avec efficacité.
Notre toit était bien éligible.
Cela ne semblait pas faire grand doute puisque le toit est généreux (maison de plain-pied grâce au myopathe) et l’orientation sud-ouest parfaite.
Quant à notre consommation, une auto-production d’électricité devrait en effet alléger notre facture.
Jusque-là, tout allait bien.
Au moment d’avoir l’indication du coût de l’installation, les choses ont rapidement mal tourné.
Faisant remarquer que le montant était particulièrement élevé, qu’il nous fallait réfléchir, le commercial a commencé à ranger ses affaires, nous rappelant qu’EDF ENR était très sollicité et que leur démarche commerciale était très claire, soit l’on signait immédiatement, soit il partait. Choqués par cette façon de faire, nous avons expliqué qu’un investissement de 25.223 euros n’était pas anodin et que cela méritait réflexion.
« Monsieur, nous signons tous les jours des commandes et cela ne choque personne. »
Lorsque je demande d’avoir un devis, la réponse est aussi immédiate, nous ne produisons aucun devis, vous signez ou vous ne signez pas.
Et le commercial est parti comme il était arrivé.
Yeux noirs [NDLC : la femme de Yann] et moi-même étions choqués.
Il nous collait 14 panneaux sur notre toit, rachetait le Kw 10 centimes ad vitam eternam. Pas de renégociation de prix même si le prix du kw explose. Une simulation sur un site réalisée précédemment indiquait que 9 panneaux suffisaient.
L’écart entre le souhait de participer à notre niveau à la transition énergétique et cette méthode de vente du monde d’avant a été particulièrement douloureux. Nous avions l’impression d’être dans une foire de printemps. L’offre ne dure que le temps de votre passage. Achetez maintenant ou jamais.
La construction du prix était totalement non transparente puisqu’aucun devis n’était communiqué. Une impression d’être pris pour le consommateur mal éclairé qui signe n’importe quoi sous pression.
Cet après-midi, j’expliquais aux participants de la Convention citoyenne pour le climat de la Métropole que l’urgence climatique était un piège car ce slogan masquait le temps inévitablement long de la transition. Temps long car nous devons transformer en profondeur nos systèmes politiques, institutionnels, organisationnels, économiques, transformer en profondeur nos façons de travailler, de penser, d’agir. Représentant l’université, je me suis appuyé sur cette organisation que je connais assez bien, qui est, comme une grande partie de la société française, marquée par de forts conservatismes.
En revenant, pendant que mon chauffeur me conduisait, j’ai repensé à la rencontre du matin et j’ai pris en pleine figure cette aspiration à participer à une action collective (à cette ferme solaire européenne) et ces pratiques commerciales agressives d’un autre temps, de ces acteurs de marché qui se gavent.
Un samedi vert qui a pris la couleur du rouge.
Il a fait tellement chaud du matin au soir…
A green Saturday that turns red
(no subliminal message)
We had an appointment this morning with EDF ENR at home to open the « installation of photovoltaic panels » file. Our roof seemed eligible and we wanted to participate in the European effort to reduce our dependence on fossil fuels by participating in the production of solar energy.
The sales representative from the EDF ENR subsidiary arrived on time in his blue polo shirt and studied our case efficiently.
Our roof was well eligible.
This did not seem to be in doubt since the roof is generous (one-storey house thanks to the myopath) and the perfect south-west orientation.
As for our consumption, self-production of electricity should indeed reduce our bill.
So far all was well.
When we got the indication of the cost of the installation, things quickly went wrong.
Pointing out that the amount was particularly high, that we had to think about it, the sales representative began to put away his things, reminding us that EDF ENR was very busy and that their commercial approach was very clear, either we signed immediately, or he was leaving. Shocked by this way of doing things, we explained that an investment of 25,223 euros was not trivial and that it deserved reflection.
« Sir, we sign orders every day and it does not shock anyone. »
When I ask for an estimate, the response is also immediate, we do not produce any estimate, you sign or you do not sign.
And the commercial left as he had arrived.
Black Eyes [Keyboardist’s Note: Yann’s wife] and I were shocked.
He stuck 14 panels on our roof, bought the Kw 10 centimes ad vitam eternam. No price renegotiation even if the price of kw explodes. A simulation on a site carried out previously indicated that 9 panels were enough.
The gap between the desire to participate at our level in the energy transition and this method of selling from the world before was particularly painful. We felt like we were at a spring fair. The offer only lasts for the duration of your stay. Buy now or never.
The construction of the price was totally non-transparent since no estimate was communicated. A feeling of being taken for the poorly informed consumer who signs anything under pressure.
This afternoon, I explained to the participants of the Citizen’s Convention for the climate of the Metropolis that the climate emergency was a trap because this slogan masked the inevitably long time of the transition. Long time because we must profoundly transform our political, institutional, organizational and economic systems, profoundly transform our ways of working, thinking and acting. Representing the university, I relied on this organization which I know quite well, which is, like a large part of French society, marked by strong conservatism.
Coming back, while my driver drove me, I thought back to the morning meeting and I took full face this aspiration to participate in a collective action (at this European solar farm) and these aggressive commercial practices of a another time, of these market players who gorge themselves.
A green Saturday that took on the color of red.
It was so hot from morning till night…

Dsl — Srr

Me comprendrez-vous si je supprime toutes les voyelles de mes phrases ? Ça va pas être simple !
Will you understand me if I remove all vowels from my sentences? It’s not going to be easy!
M cmprndrz-vs s j spprm tts ls vlls d ms phrss ? Ç v ps tr smpl !
Wll ndrstnd m f rmv ll vwls frm m sntncs? t’s nt gng t b s!

Arc en ciel chez Chantal et Maurice — Rainbow at Chantal and Maurice

Je fais de nouveau un court séjour chez mon père : chance pour lui, je suis là quand la toute neuve clim’ installée à l’automne en même temps que la pompe à chaleur refuse de démarrer, et c’est moi qui contacte le technicien. Avant de venir, j’ai déjà géré une panne de téléphone au cours de laquelle je me suis battue avec de grosses difficultés contre un robot. C’est compliqué de gérer les problèmes d’un homme de 95 ans en habitant à plus de 200 km !
I have another short stay with my father: luck for him, I am there when the brand new air conditioning installed in the fall at the same time as the heat pump refuses to start, and it is I who contacts the technician . Before coming, I already managed a telephone breakdown during which I fought with great difficulty against a robot. It’s complicated to deal with the problems of a 95-year-old man living more than 200 km away!

Avec mon père on regarde les vieux albums.
With my father we look at the old albums.
Mes parents en 1954.
My parents in 1954.

Inquiétudes : mon père aurait-il appelé le technicien lui-même ? J’ai l’impression qu’il n’en avait pas l’intention. Et la panne de clim’ (confirmée par une première visite) sera-t-elle réparée alors que tout le pays transpire et doit penser à s’hydrater ?
Concerns: Would my dad have called the technician himself? I feel like he didn’t mean to. And will the air conditioning failure (confirmed by a first visit) be repaired when the whole country is sweating and must think about hydrating?

C’est compliqué quand on ne peut pas prendre rendez-vous avec l’abonné pour réparer son téléphone car son téléphone ne fonctionne pas. C’est compliqué quand, selon toute vraisemblance, le technicien pour le téléphone n’est pas venu mais le robot dit que si, qu’il a réparé en extérieur et trouvé personne à l’intérieur. C’est compliqué quand on sait qu’en arrivant le matin sur le lieu de son travail, le technicien s’entend dire qu’il doit immédiatement se trouver dans trois lieux différents en même temps. C’est compliqué quand on n’a personne en face, que des machines.
It’s complicated when you can’t make an appointment with the subscriber to repair their phone because their phone isn’t working. It’s complicated when, in all likelihood, the technician for the telephone did not come but the robot says yes, that he repaired outside and found no one inside. It’s complicated when you know that when he arrives in the morning at his place of work, the technician is told that he must immediately be in three different places at the same time. It’s complicated when you have no one in front, only machines.

Amandiers à l’abandon
Abandoned almond trees
Amandiers entretenus
Almond trees maintained

Heureusement que pour le téléphone, mon père a eu la bonne idée de montrer au technicien* le deuxième téléphone, lui aussi sans tonalité, preuve que le problème était bien sur la ligne et pas chez lui.
*Car le technicien a fini par arriver !
Fortunately for the telephone, my father had the good idea to show the technician* the second telephone, also without a dial tone, proof that the problem was indeed on the line and not at home.
*Because the technician finally arrived!

Si je peux vous envoyer ce galimatias-là alors que je suis encore chez mon père (hors connexion), c’est parce que j’ai enfin un accès internet au prix d’un jus de fruit au bar du coin. Il fait une chaleur à crever, mais je ne vais pas moi aussi embrayer sur le nouveau sujet à la mode.
If I can send you this rigmarole while I’m still at my father’s house (offline), it’s because I finally have internet access for the price of a fruit juice at the local bar. It’s scorching hot, but I too won’t get into the new hot topic.

J’avais six ans.
I was six

Alors dsl, oh pardon, désolée, je m’en tire par une pirouette, voici des (demi)-nouvelles très succinctes. Je n’appelle pas ça une chronique. Au Charbi, c’est récolte épluchage et congélation, c’est récolte et confiture, c’est récolte et arrosage arrosage arrosage. Où que je sois, j’aime bien publier mes pages sans prétention, le plus souvent ce n’est pas simple.
So srr, oh sorry, sorry, I’m getting away with it, here’s some very brief (half) news. I don’t call that a chronicle. At Charbi, it’s harvest peeling and freezing, it’s harvest and jam, it’s harvest and watering watering watering. Wherever I am, I like to publish my pages without pretension, most often it is not simple.

Quoi de plus triste
What could be sadder
Ciao maman !
Hello Mom!

Comme à la samaritaine*

*« On trouve tout à la Samaritaine » est un célèbre slogan publicitaire.
*« You can find everything at La Samaritaine » is a famous advertising slogan.

Ce n’est pas un artichaut
It’s not an artichoke

Avant l’invention de la radio, les nouvelles circulaient autrement : les chanteurs de rue étaient nombreux à raconter par leurs chansons ce que relataient « le p’tit Parisien » ou autres organes de presse dans leurs colonnes. La radio a fait disparaître cette forme de chanson, et je ne sais pas s’il faut le déplorer (est-ce que c’était mieux avant ?).
Before the invention of the radio, the news circulated differently: many street singers told through their songs what « le p’tit Parisien » or other press organs reported in their columns. The radio has made this form of song disappear, and I don’t know if it’s to be regretted (was it better before?).

Quand je suis née, la radio s’était déjà généralisée et la télé allait suivre : je ne peux pas regretter quelque chose que je n’ai pas connu tout en ayant conscience de l’uniformisation d’une certaine culture. La radio est « une évidence » comme le confort des habitations : il ne me viendrait pas à l’idée que dans mon pays, un logement ne soit pas muni d’eau et d’électricité, par exemple, ce qui prouve bien mon ignorance d’une certaine réalité.
When I was born, radio had already become widespread and TV would follow: I can’t regret something that I didn’t know, while being aware of the standardization of a certain culture. The radio is « obvious » like the comfort of the dwellings: it would not occur to me that in my country, a dwelling is not equipped with water and electricity, for example, which proves my ignorance of a certain reality.

Je pourrais aussi bien répéter l’histoire des chaussettes que je vous ai racontée à la fin de l’année 2019. Ces évidences qui n’en sont pas. De nos jours, il est évident pour des milliards de gens de se déplacer en voiture. La gomme des pneus se dépose sur la route, ainsi que les particules de toutes les pièces qui s’usent, que vous devez remplacer, les freins, tout ça… et les gaz d’échappement se répandent. Il me paraît absolument illusoire de vouloir fabriquer des véhicules non polluants. Sommes-nous conscients du fait qu’en réalité, rien de tout cela n’est évident ?
I might as well repeat the story of the socks that I told you at the end of 2019. These obvious things that are not. Nowadays, it is obvious for billions of people to travel by car. The rubber from the tires gets deposited on the road, along with the particles from all the parts that wear out, that you need to replace, the brakes, all that… and the exhaust fumes spill out. It seems to me absolutely illusory to want to manufacture non-polluting vehicles. Are we aware that in reality none of this is obvious ?

que des salades ! — only salads!

Je peux répéter mon propos en remplaçant « évident » par « naturel » : nous trouvons naturel que l’eau coule quand nous ouvrons le robinet, nous trouvons naturels tous ces artefacts qui font partie de notre existence, qui nous procurent un confort même modeste. Peut-être trouvons-nous aussi naturel de mener un mode de vie qui ne nous convient pas, trop de hâte, de rendement obligatoire, de comptes à rendre… car il faut bien vivre.
I can repeat my point by replacing « obvious » with « natural »: we find it natural that water flows when we turn on the tap, we find natural all those artifacts that are part of our existence, that provide us with even modest comforts. Perhaps we also find it natural to lead a way of life that does not suit us, too much haste, mandatory performance, accountability… because we have to be able to live.

figuier — fig tree

Je veux dire qu’il n’y a rien de naturel, rien d’évident dans nos modes de vie : ils sont le fruit des recherches de toutes les générations qui nous ont précédés et il n’est ni naturel ni évident de continuer comme ça. Par la force des choses des objets technologiques disparaîtront, devenus trop coûteux, ou sans intérêt. Des espèces végétales et animales disparaîtront, par la force des choses non contrôlées, des pollutions variées, par la disparition d’autres espèces dont elles se nourrissaient.
I mean that there is nothing natural, nothing obvious in our ways of life: they are the fruit of the research of all the generations that have preceded us and it is neither natural nor obvious to continue as that. By force of circumstances, technological objects will disappear, become too expensive, or without interest. Plant and animal species will disappear, by the force of uncontrolled circumstances, various pollutions, by the disappearance of other species on which they fed.

Où cela nous conduit-il ? Je suis en permanence dans le questionnement mais je n’ai jamais de réponse. Dans le grand parc derrière la maison, nous espérons favoriser le maintien ou même, soyons fous, le retour de quelques espèces. Une certaine biodiversité est à l’œuvre en effet. Mais que sont huit mille mètres carrés enclavés comme ils le sont au milieu des champs de maïs ? Le colibri a beau se démener, quand l’agriculteur voisin traite, nous nous réfugions à l’intérieur pour ne pas inhaler de poison. Nous ne savons pas quoi faire d’autre.
Where does this lead us? I am constantly in the questioning but I never have an answer. In the large garden behind the house, we hope to promote the maintenance or even, let’s be crazy, the return of some species. A certain biodiversity is indeed at work. But what are eight thousand square meters landlocked as they are in the middle of cornfields? The hummingbird can try as much as it would like, when the neighboring farmer treats, we take refuge inside so as not to inhale poison. We don’t know what else to do.

Je ne mélange pas tout et n’importe quoi : il y a une évolution ultra-rapide et qui s’accélère, dans les milieux aussi bien technologique que naturel. Il y a un lien entre la disparition des chanteurs de rue en tant que dispensateurs de l’info et celle des sauterelles dont les bonds faisaient crépiter l’herbe autour de mes pas dans notre parc. Les merles y sont nombreux, leur présence est la preuve qu’ils trouvent de quoi se nourrir, mais cette présence est-elle un indice de bonne santé générale de notre coin de paradis ? De bonne santé jusqu’où ? Plus loin que le bout de leur bec ? Je n’ai pas les connaissances pour juger de la qualité biologique du terrain… J’ai supprimé la première renouée du Japon qui a pointé son joli nez chez nous, parce que je la connais. Que nous apprennent les espèces animales ou végétales qui s’installent chez nous, ou qui disparaissent ?
I don’t mix everything and anything: there is an ultra-fast and accelerating evolution, in both technological and natural environments. There is a link between the disappearance of the street singers as the dispensers of information and that of the grasshoppers whose leaps made the grass crackle around my steps in our garden. The blackbirds are numerous there, their presence is proof that they find food, but is this presence an indication of the general good health of our corner of paradise? How healthy? Beyond the tip of their beak? I don’t have the knowledge to judge the biological quality of the land… I removed the first Japanese knotweed that showed its pretty nose here, because I know it. What do we learn from the animal or plant species that settle in our home, or disappear?

Je dois me contenter de mes observations, de mes découvertes, le plus souvent à l’origine de nouvelles questions. Je les partage avec vous : elles me permettent pour l’essentiel de mesurer mon ignorance, et la difficulté à réussir des photos dans des conditions que je ne maîtrise pas !
I have to content myself with my observations, my discoveries, most often at the origin of new questions. I share them with you: they essentially allow me to measure my ignorance, and the difficulty of taking photos in conditions that I do not control!

L’autre matin, je trouve une bestiole, comme un petit ver tout noir dans la baignoire. Pour éviter le massacre inutile, je réussis à le glisser dans une petite boîte en carton. Alors, à ma grande surprise, je le vois émettre un bref éclair de lumière verte : un ver luisant ? Mais oui ! Ils sont de plus en plus rares. Je me demande comment il est arrivé au premier étage, je vais le déposer avec précaution au pied d’un arbre.
The other morning, I find a bug, like a little black worm in the bathtub. To avoid unnecessary slaughter, I managed to slip it into a small cardboard box. Then, to my surprise, I see it emit a brief flash of green light: a glow worm? But yes ! They are increasingly rare. I wonder how it got to the first floor, I place him carefully at the foot of a tree.

En tirant le rideau, j’entends se déchirer des fils de soie, l’araignée est cachée dans le pli. Désemparée par mon intrusion, elle cherche à protéger sa progéniture cachée dans un cocon, qu’elle aura vite réparé, et dans lequel elle se dissimule elle aussi : je ne tire plus sur le rideau, la voilà tranquille.
As I draw the curtain, I hear silk threads tearing, the spider is hidden in the fold. Distraught by my intrusion, she seeks to protect her offspring hidden in a cocoon, which she will have quickly repaired, and in which she hides herself too: I no longer pull on the curtain, she is quiet.

Le cocon d’une autre araignée est installée entre des feuilles du rosier. Je tire sur la feuille en évitant de la déchirer.
The cocoon of another spider is installed between the leaves of the rosebush. I pull on the leaf, avoiding tearing it.

Enfin, on commence à la voir (notez la tâche jaune floue en haut).
Finally, we begin to see it (note the blurry yellow spot at the top).

Voici la photo la moins ratée, à gauche mon pouce vous donne l’échelle, le monstre est à peine de la taille de mon ongle.
Here is the least missed photo, on the left my thumb gives you the scale, the monster is barely the size of my fingernail.

J’ai laissé d’autres monstres se goinfrer de rosiers pendant deux ou trois jours, puis je les ai récoltés et abandonnés un peu plus loin dans l’herbe : bon appétit les oiseaux !
I let other monsters gobble up rose bushes for a couple of days, then I harvested them and left them a bit further out in the grass: bon appetit birds!

Le même jour, une coccinelle (la tâche jaune floue) aux couleurs non officielles (une marginale ?) officiait sur le rosier, le même, celui qui héberge chenilles, araignée et autres machins inconnus. Je crains qu’elle ne m’ait fait un bras d’honneur !
The same day, a ladybug (the fuzzy yellow spot) with unofficial colors (a marginal?) officiated on the rosebush, the same one, the one that hosts caterpillars, spiders and other unknown things. I’m afraid she gave me the two-fingered gesture !

Toujours sur le même rosier-ménagerie, voici un individu au gros ventre rond et aux ailes diaphanes : il s’agit certainement d’un ange, même si je ne les imaginais pas comme ça.
Still on the same menagerie-rosebush, here is an individual with a big round belly and diaphanous wings: it is certainly an angel, even if I didn’t imagine them like that.

Nous avions un joli marronnier depuis un an ou deux, le voici sur le flanc, et voici pourquoi : j’identifie cette fois une attaque massive des castors-bonsaïs.
We’ve had a nice chestnut tree for a year or two, here it’s dead, and here’s why: this time I identify a massive beaver-bonsai attack.

Mais nos observations de la vie sauvage ne sont rien à côté du travail que peut faire une équipe de scientifiques plus compétente que moi ! Quant aux écrivains à la recherche d’idées originales, pourquoi se creusent-ils tant la tête ? La nature est d’une imagination inconcevable.
But our observations of wildlife are nothing compared to the work that a team of scientists more competent than me can do! As for writers looking for original ideas, why do they rack their brains so hard? Nature is of an inconceivable imagination.

Je vous invite vivement à regarder « Le petit peuple du potager », proposé pour encore un moment par Arte (mieux vaut être francophone, mais les images sont explicites — Ceux d’entre vous qui sont loin peuvent-ils y avoir accès ?). J’ai trouvé tout à fait horrible la guêpe qui pond dans le corps d’une chenille où écloront ses larves, dont la chenille prendra soin car son cerveau a été détruit !
I urge you to watch « Le petit peuple du potager », offered for a while by Arte (better to be French-speaking, but the images are self-explanatory — Can those of you who are far away have access to it?). Almost unbearable: the wasp that lays eggs in the body of a caterpillar where its larvae will hatch, which the caterpillar will take care of because its brain has been destroyed!

Nous avons beau être de plus en plus informés, nos capacités d’intervention nous semblent de plus en plus réduites. Je pense à cela pendant que tomates, courgettes et pommes de terre fleurissent.
We may be more and more informed, but our intervention capacities seem to us to be more and more reduced. I think of that while tomatoes, zucchini and potatoes are blooming.

Et je vois dans les tiges dressées du cardère vigoureux comme l’élan de la nature triomphante.
And I see in the erect stems of the vigorous teasel like the momentum of triumphant nature.