*Il n’y a qu’à (faire ceci) il faut qu’on (fasse cela)
*All we have to do is (do this) we have to (do that)
On le sait : nous sommes gavés de sur-information mal maîtrisée, à l’aune de la pensée unique, au point qu’il faut être vigilant pour penser par soi-même et ne pas répéter les « brèves de comptoir ». Aussi devient-il d’autant plus intéressant de confronter nos points de vue avec ceux de toutes sortes de gens. Clive vient d’Angleterre, sa culture est très proche de la nôtre, pourtant nous avons eu un débat qui m’interpelle encore après son départ. Car il pose des questions de société fondamentales.
We know it: we are stuffed with poorly controlled over-information, in terms of single thought, to the point that we have to be vigilant to think through ourselves and not to repeat the « bar counter news ». So it becomes all the more interesting to confront our points of view with those of all kinds of people. Clive comes from England, his culture is very close to ours, yet we had a debate that still concerns me after his departure. Because it raises fundamental questions of society.
Il s’agissait de la sécurité sociale. Selon lui, on est trop assisté en France. Mon esprit commence par récuser cette affirmation, comment pourrait-on être trop assisté ? Quand je me suis cassé l’épaule, il y a eu l’aller retour à l’hôpital en ambulance, les examens, les nombreux rendez-vous, les séances de kiné… Rien n’était superflu, et si j’avais dû tout payer, comment aurais-je fait ?
It was about social security. According to him, we are over assisted in France. My mind begins to challenge that statement, how could one be over assisted? When I broke my shoulder, there was the outbound and return to the hospital in the ambulance, the exams, the many appointments, the physio sessions… Nothing was superfluous, and if I had to pay for everything, how would I have done?
Ce soir-là, nous n’avons pas eu l’occasion d’aller au fond de la discussion sur un sujet très compliqué, quant à moi j’ai réfléchi depuis à son point de vue. Clive veut certainement dire que chacun est l’auteur, l’acteur, de sa propre santé. Ce n’est pas au médecin de gérer ma santé, mais à moi-même. Je pense à Dom dont les amis faisaient des difficultés à l’époque des restrictions dites « sanitaires », par crainte d’une contamination, mais qui n’avaient aucune hygiène de vie, des gens sédentaires, peu soucieux de leur alimentation. Ils ne sont pas un cas isolé. Et dès qu’il y a un raté au démarrage, ils courent en panique exiger du médecin d’être remis sur pied.
Je suis d’accord avec Clive (si je ne trahis pas sa pensée) sur ce point : nous devons être exigeants avec nous-mêmes, prendre en main notre propre santé au lieu de la confier à un tiers.
That evening, we did not have the opportunity to get to the bottom of the discussion on a very complicated subject, as for me, I have since thought about his point of view. Clive certainly means that everyone is the author, the actor, of his own health. It is not up to the doctor to manage my health, but up to me. I am thinking of Dom, whose friends were having difficulty during the so-called « sanitary » restrictions, for fear of contamination, but who had no healthy lifestyle, sedentary people, little concerned about their diet. They are not an isolated case. And as soon as there is a failure at the start, they run in panic demanding that the doctor put them back on their feet.
I agree with Clive (if I’m not betraying his thinking) on this point: we must be demanding with ourselves, take charge of our own health instead of entrusting it to a third party.
Voilà que je me casse l’épaule : je ne suis plus en mesure de me soigner moi-même, et comme je suis assurée sociale, j’ai accès aux soins nécessaires*. Alors que je suis en réparation, le débat fait rage sur la vaccination (anti-covid, bien entendu), et la question se pose de ne pas accorder les mêmes droits aux personnes selon si elles sont vaccinées ou pas. Dans ces conditions, va-t-on soigner un cancéreux car il a détruit sa santé par le tabac ? Un alcoolique car il n’aurait pas dû boire ? Un accidenté de la route qui a commis la faute à l’origine de l’accident ?
*Si je n’avais pas été assurée, comment cela se serait-il passé ?
Now I have broken my shoulder: I am no longer able to treat myself, and since I am insured, I have access to the necessary care*. While I am in repair, the debate is raging on vaccination (anti-covid, of course), and the question arises of not granting the same rights to people depending on whether they are vaccinated or not. Under these conditions, are we going to cure a cancer patient because he has destroyed his health by tobacco? An alcoholic because he shouldn’t have been drinking? A road accident victim who committed the fault causing the accident?
*If I hadn’t been insured, what would have happened?
À partir de là, je suis bien embarrassée, car je ne veux pas laisser des nazis faire ce choix, la santé est un droit. Cela n’empêche pas, bien au contraire, que chacun des bénéficiaires de ce droit soit responsabilisé. Que faut-il faire ? Qu’est-ce qui est déjà fait ? Au début de la pandémie, on a rappelé des règles évidentes d’hygiène, et on s’est aperçu que dans de nombreux établissements d’enseignement, il n’y avait pas de savon, pourtant l’accessoire de base.
From there, I am very embarrassed, because I do not want to let Nazis make this choice, health is a right. This does not prevent, quite the contrary, that each of the beneficiaries of this right is empowered. What should be done ? What’s already done? At the start of the pandemic, we were reminded of the obvious rules of hygiene, and we realized that in many educational establishments, there was no soap, yet the basic accessory.
Prendre sa santé en main, parfait. Prendre aussi sa vie en main, c’est encore mieux. Alors, je lève les yeux sur le monde dans lequel nous nous trouvons, et je mesure la distance entre la bonne idée et sa réalisation : comment prendre le temps de cuisiner sain et de faire chaque jour le minimum d’une demi-heure d’activité physique ? Et où trouver le temps d’approvisionnement, que ce soit en cultivant son jardin ou en faisant des achats ? Inutile de rentrer dans les détails : mener la vie qui protège notre santé est impossible à la majorité d’entre nous, ceux qui doivent donner à leur travail des heures innombrables et qui terminent la journée trop fatigués. J’ai connu ça, avec des journées moins longues que la moyenne, mais tellement intenses ! Les dernières années, Paul et moi rentrions à la maison et prenions un bouquin, seule activité encore possible à notre niveau de fatigue.
Sans compter que l’alcool, les sucreries — toutes les petites gourmandises — ça peut aussi être la compensation d’une existence trop morne et/ou trop pénible.
Nous devrions en même temps être assistés et responsabilisés MAIS la société nous pousse à la passivité, au consumérisme.
Il y a un gouffre pour la majorité d’entre nous entre ce que nous faisons et ce que nous devrions faire. Je ne sais pas si j’ai répondu à Clive, j’aurai au moins réfléchi sur ce sujet.
Take charge of your health, perfect. Taking charge of your life is even better. So, I look up to the world we find ourselves in, and I measure the distance between the good idea and its realization: how to take the time to cook healthy and to do the minimum of half an hour every day physical activity ? And where do you find the time to stock up, whether you’re cultivating your garden or shopping? Needless to go into details: Leading the life that protects our health is impossible for the majority of us, those who have to give countless hours to their work and end the day too tired. I’ve been through that, with days shorter than average, but so intense! The last few years, Paul and I would come home and pick up a book, the only activity still possible at our level of fatigue.
Not to mention that alcohol, sweets – all the little delicacies – can also be the compensation for an existence that is too dull and/or too painful.
We should at the same time be assisted and empowered BUT society pushes us to passivity, to consumerism.
There is a chasm for most of us between what we are doing and what we should be doing. I don’t know if I answered Clive, I will have at least reflected on this subject.
Ce doit être dans les années 70 que l’on a vu pour la première fois un publiphobe : un homme triste, solitaire et frustré. La publicité s’est mise à faire de la publicité pour la publicité !!!
« Avec la publicité, vous êtes informés ! » disait cette saloperie mensongère. Bien entendu, je ne risquais pas de m’identifier au publiphobe, je détestais la pub car « la publicité nous prend pour des cons la publicité nous rend cons ! » disait une autre source.
It must have been in the 1970s that we first saw a publiphobic: a sad, lonely, frustrated man. Advertising started advertising for advertising!!!
« With advertising, you are informed! » this lying bastard said. Of course, I was not likely to identify with the publiphobic, I hated advertising because « advertising takes us for asshole advertising makes us asshole! » said another source.
Une autre fois, j’ai vu sur une page de pub de charmants bébés bien ronds bien roses (pas trop sombres de peau, peut-être un peu, je ne sais plus) : s’ils étaient en bonne santé, c’était grâce aux vaccinations ! Dès lors je me suis méfiée encore plus des vaccins. La médecine doit faire de l’information, pas de la publicité ! C’est quoi cette société qui nous infantilise à ce point ?
D’ailleurs, mon vaccin anti-tétanique commence à se faire bien vieux, mais on ne trouve que des cocktails, je me suis renseignée, je ne relève ni de l’anti-diphtérie ni de l’anti-polio. Si vous apprenez que je suis morte du tétanos, vous saurez que c’est pour avoir évité des vaccins inutiles. Mon corps m’appartient.
Another time, I saw on a page of advertising lovely plump pink babies (not too dark-skinned, maybe a little, I forget): if they were healthy, it was thanks to vaccinations! From then on, I became even more wary of vaccines. Medicine should inform, not advertise! What is this society that infantilizes us so much?
Besides, my anti-tetanus vaccine is starting to get very old, but you can only find cocktails, I inquired, I do not fall under either anti-diphtheria or anti-polio. If you find out that I died of tetanus, you will know that it was for avoiding unnecessary vaccinations. My body belongs to me.
Comme le dit Mary Crow Dog dans son livre « Lakota woman » le problème de l’alcool n’est pas un problème indien : ce sont les Blancs qui fabriquent l’alcool, qui l’ont apporté aux Indiens, qui s’enrichissent avec, et qui créent les conditions qui poussent les Indiens à le boire.
De même, est-ce que les consommateurs sont entièrement responsables des mauvaises conditions de travail, de la malbouffe, des logements mal adaptés ? Et même de la sédentarité, pour la raison que je viens d’évoquer ? Du mal de vivre en général ?
As Mary Crow Dog says in her book « Lakota woman » the alcohol problem is not an Indian problem: it is the whites who make the alcohol, who brought it to the Indians, who get rich with it, and who create the conditions which push the Indians to drink it.
Likewise, are consumers entirely responsible for poor working conditions, junk food, unsuitable housing? And even a sedentary lifestyle, for the reason I just mentioned? Trouble living in general?
J’ai eu en main l’ouvrage « La société du spectacle » de Guy Debord, prêté par un ami qui en avait annoté toutes les pages. Moi, j’ai été incapable d’en dépasser les trois premières lignes. Je suis peut-être situationniste sans le savoir…
I had Guy Debord’s book, « La société du spectacle », on loan from a friend who had annotated all the pages. I was unable to go beyond the first three lines. I may be a situationist without knowing it…
Et avec tout ça… comment vais-je vous parler de la banane officielle du tour de France ? Du ragondin que j’ai vu brouter en toute quiétude à quelques pas de moi ? Du lever de soleil en quelques secondes ? De la terrible guerre que nous avons dû mener contre les doryphores et les limaces ? Des récoltes de graines de fleurs ? Et de tant d’autres choses encore ?
And with all that…how am I going to tell you about the official Tour de France banana? Of the nutria I saw grazing peacefully a few paces from me? Sunrise in a few seconds? Of the terrible war we had to wage against the beetles and slugs? Flower seed crops? And so many other things?