Devinette J’ai fait moi-même les deux prises de vue ci-dessous. Ces deux lieux ont un point commun, savez-vous lequel ? Sur toute la planète, il existe très peu de lieux avec cette particularité. Riddle I took the two shots below myself. These two places have one thing in common, do you know which one? On the whole planet, there are very few places with this particularity.
Vous croyez voir deux arbres sur chaque photo, en réalité il n’y en a qu’un (par photo). Ces arbres ont vécu la même histoire : ils faisaient partie d’un petit bois qui a été abattu il y a quelques années. Autrefois ils poussaient parmi leurs congénères, trop serrés pour se développer, alors ils cherchaient à grandir le plus possible pour atteindre la lumière et ils développaient ce toupet au sommet. Depuis que les voisins ont disparu, depuis que chacun de ces deux arbres dispose d’espace et de lumière, il lance des ramilles sur toute la hauteur de son tronc. On peut imaginer que dans quelques années, la taille et la densité des branches auront fait disparaître cette différence. Merci à Paul de m’avoir fait remarquer ce phénomène alors que nous faisions le rituel tour du plateau. You think you see two trees in each photo, in reality there is only one (per photo). These trees went through the same story: they were part of a small wood that was felled a few years ago. They used to grow among their fellows, too close together to grow, so they tried to climb as fast as possible to reach the light and they developed this tuft at the top. Since the neighbors have disappeared, since each of these two trees has space and light, it shoots twigs all the way up its trunk. One can imagine that in a few years, the size and density of the branches will have made this difference disappear. Thanks to Paul for pointing out this phenomenon to me while we were doing the ritual « tour du plateau ».
Notre quotidien est fait de rencontres ou de journées plus tranquilles. C’est très agréable à vivre, mais à raconter ce n’est pas palpitant. En effet… Our daily life is made up of meetings or quieter days. It is very pleasant to live, but to tell it is not thrilling. In effect…
Si notre existence est plutôt routinière, ce n’est pas le cas partout : il s’est produit un événement extraordinaire à quelques centaines de kilomètres d’ici. Quand j’étais jeune, – c’était au cours du millénaire précédent, c’est dire ! – je suis descendue dans un gouffre, le Spelunca, à Dions près de la-Calmette dans le Gard. Je l’ai toujours appelé Spelunca, mais dans les médias je trouve Spélonque, Espéluques, Espéluca… Gouffre profond, oui, mais en forme d’entonnoir incliné, on peut y descendre presque les mains dans les poches. Vous arrivez dans cette salle immense qui n’est rien d’autre que l’entonnoir, rempli des alluvions du Gardon au cours de millénaires. If our existence is rather routine, it is not the case everywhere: an extraordinary event occurred a few hundred kilometers from here. When I was young, – it was during the previous millennium, that is to say! – I descended into an abyss, the Spelunca, in Dions near la-Calmette in the Gard. I have always called it Spelunca, but in the media I find Spélonque, Espéluques, Espéluca… Deep abyss, yes, but in the shape of an inclined funnel, you can descend into it almost with your hands in your pockets. You arrive in this huge room which is nothing more than the funnel, filled with alluvial deposits from the Gardon over millennia.
Le 27 décembre, un effondrement s’est produit, 6 000 (six mille) mètres cubes sont descendus vers le Gardon, sans doute à cause de la sécheresse qui modifie la texture du sol, puis de l’arrivée de la pluie. On appelle cela « soutirage ». On December 27, a collapse occurred, 6,000 (six thousand) cubic meters descended towards the Gardon, probably due to the drought which modifies the texture of the soil, then the arrival of the rain. This is called « soutirage », « racking ».
Une bonne partie de ces alluvions est restée en place, sans doute en équilibre précaire : les rayures rouge et blanc indiquent le risque d’effondrement. Much of this alluvium remained in place, no doubt precariously balanced: the red and white stripes indicate the risk of collapse.
À la place de la salle évoquée ci-dessus, un trou de 20 mètres de profondeur, avec deux mètres d’eau au fond. Instead of the room mentioned above, a hole 20 meters deep, with two meters of water at the bottom.
Pour les scientifiques, c’est une aubaine, un miracle : ils peuvent observer une coupe stratigraphique qui devrait donner des informations sur la formation des grottes, sans doute, mais aussi sur la végétation des époques préhistoriques (prélèvement de pollens). Ils ont déjà trouvé des restes de feu, signe d’occupation ancienne du site. Bien entendu, les spéléologues descendent déjà le long de cette paroi. Moi, je me connecte de temps en temps. Les mots « Spelunca », « Dions », « effondrement » sont suffisants pour accéder aux nouvelles car les médias les relaient régulièrement. En cliquant sur ce lien, vous aurez un article avec une petite vidéo. For scientists, this is a godsend, a miracle: they can observe a stratigraphic section which should give information on the formation of caves, no doubt, but also on the vegetation of prehistoric times (pollen sampling). They have already found remains of fire, a sign of ancient occupation of the site. Of course, speleologists are already descending along this wall. I log in from time to time. The words « Spelunca », « Dions », « collapse » (or « effondrement ») are enough to access the news because the media relays them regularly. By clicking on this link, you will have an article with a short video.
Je vous ai parlé de nos difficultés avec la langue allemande, je me demandais à cette occasion qui pouvait bien être Mudder Cordes : Peter m’a envoyé ces deux traductions, merci à toi Peter ! Il les a obtenus avec un smartphone et trouve que c’est très utile. À quoi je lui réponds que l’intelligence artificielle me semble à la fois la meilleure et la pire des choses. I told you about our difficulties with the German language, I wondered on this occasion who could be Mudder Cordes: Peter sent me these two translations, thank you Peter! He got them with a smartphone and finds it very useful. To which I reply that artificial intelligence seems to me both the best and the worst things.
En voyageant loin de chez nous, sans connaître la langue, mais surtout sans outil permettant l’accès au Saint Internet, nous faisions figure d’anormaux. Or, j’ai l’habitude de ne pas être comme les autres, il m’a toujours fallu assumer un physique différent : rousse couverte de taches de rousseur. On s’est bien assez moqué de moi pendant mon enfance, ma personnalité s’est constituée sur le fait d’être différente. Ne croyez pas que ce soit anodin, ça se voit comme le nez au milieu de la figure et j’en ai beaucoup souffert. Traveling far from home, without knowing the language, but above all without a tool allowing access to the Holy Internet, we looked abnormal. However, I am used to not being like the others, I always had to assume a different physique: redhead covered with freckles. I was laughed at enough during my childhood, my personality was formed on the fact of being different. Don’t think it’s trivial, it shows like the nose in the middle of the face and I suffered a lot from it.
Ce qui est désagréable quand notre interlocuteur découvre que nous voyageons sans smartphone, c’est son incompréhension. Nous sommes des dinosaures. Peut-être aussi des démunis ? Nous prend-il pour des déficients ? Nous n’appartenons plus au monde tel qu’il est en train de devenir. Paul et moi avons fait ce choix et l’assumons, non sans difficulté, Peter a raison de dire qu’un smartphone ça peut servir. Je regrette déjà le monde d’avant, peut-être moins facile (et encore, ce n’est pas certain !), parce que le monde de demain m’effraie. Pourtant je suis la première à aller faire une recherche sur internet (depuis un ordinateur à défaut de smartphone !) alors que Lolo a toujours sous la main un dictionnaire qu’il consulte à toutes les occasions. Disons que j’ai un pied dans le passé et un dans le présent. Chacun ses contradictions. What is unpleasant when our interlocutor discovers that we are traveling without a smartphone is his incomprehension. We are dinosaurs. Maybe also have-nots? Does he take us for defectives? We no longer belong to the world as it is becoming. Paul and I have made this choice and assume it, not without difficulty, Peter is right to say that a smartphone can be useful. I already regret the world before, perhaps less easy (and even then, it’s not certain!), because the world of tomorrow frightens me. However, I am the first to do research on the internet (from a computer if not a smartphone!) while Lolo always has a dictionary handy that he consults at all times. Let’s say I have one foot in the past and one in the present. Each has its own contradictions.
Pas une contradiction, mais une erreur de ma part : la semaine dernière, parlant des pictogrammes, je vous ai envoyés sur le site « écrire et raconter », destiné en fait à enseigner la communication écrite, par phrases ou pictogrammes, mais où je n’ai pas trouvé l’ombre d’un dictionnaire picto ou équivalent. Sans intérêt pour moi. Not a contradiction, but an error on my part: last week, speaking of pictograms, I sent you to the « écrire et raconter », « write and tell » site, intended in fact to teach written communication, by sentences or pictograms, but where I haven’t found the shadow of a picto dictionary or equivalent. Of no interest to me.
En 1977 nous participions à la manifestation contre Superphénix, le surgénérateur qui par la suite n’a pas produit grand-chose. L’ambiance était à la guerre civile, même s’il faut relativiser, cela n’a pas duré longtemps et on était à peu près en sécurité si l’on restait enfermé chez soi. Mais ce fut un temps de violence extrême puisque Vital Michalon a été tué par la police et plusieurs personnes amputées suite à leurs blessures. Guerre brève. Pendant quelques jours, le téléphone a été coupé – il n’y avait que des lignes fixes à l’époque. Ce n’est pas un très bon exemple, mais c’est ma seule expérience de ce type de situations. Nous sommes dans un pays où il est techniquement possible de couper tous les moyens de communication, alors que le fonctionnement de notre société repose sur une technologie bien plus développée qu’en 1977. Aujourd’hui, nous utilisons des machines sophistiquées, et fragiles, souvent surdimensionnées pour nos besoins. In 1977 we took part in the demonstration against Superphénix, the fast breeder reactor which subsequently did not produce much. The atmosphere was civil war, even if we have to put it into perspective, it did not last long and we were almost safe if we stayed locked up at home. But it was a time of extreme violence as Vital Michalon was killed by the police and several amputees from their injuries. Short war. For a few days the phone was cut off – there were only landlines then. It’s not a very good example, but it’s my only experience of this type of situation. We are in a country where it is technically possible to cut off all means of communication, while the functioning of our society is based on a much more developed technology than in 1977. Today, we use sophisticated and fragile machines, often oversized for our needs.
Au lieu de faire en sorte que le ICE 618 passe à 9 : 17, les Allemands déroutent le 83 209 sur un autre quai (et je photographie à l’arrache une nouvelle version des musiciens de Brême). Les voyageurs ont intérêt à savoir lire ces panneaux… Le retard chronique des trains en Allemagne ne pourrait-il pas être évité en employant plus de salariés – permettant au contrôleur de ne plus assurer en plus le service du bar…? Instead of getting ICE 618 to pass at 9:17, the Germans divert 83 209 to another platform (and I rip-shot a new version of the Bremen musicians). Travelers have an interest in knowing how to read these signs… Couldn’t the chronic delay of trains in Germany be avoided by employing more employees – allowing the controller to no longer provide bar service…?
J’ai peut-être tort de redouter l’avenir comme je le fais. Mais le capitalisme est un dogme auquel souscrivent la majorité des états. Dans « libéralisme », j’entends « liberté » mais il s’agit de celle d’entreprendre, de faire le maximum de profit avec le maximum de cynisme, il n’y a pas d’humanité là-dedans. Les possédants ont un pouvoir presque illimité. Par ailleurs, il faut faire partie de l’establishment pour être écouté. Je peux vous donner des exemples innombrables de personnes qui ont fait une découverte intéressante, favorable à l’humanité, ou qui ont simplement développé des idées novatrices, mais n’ont pas été écoutées. Parce qu’elles étaient des femmes, ou trop jeunes, ou que la couleur de leur peau ne convenait pas. I may be wrong to dread the future as I do. But capitalism is a dogma to which the majority of states subscribe. In « liberalism » I mean « freedom » but it is about doing business, making the most profit with the most cynicism, there is no humanity in that. Owners have almost unlimited power. Besides, you have to be part of the establishment to be listened to. I can give you countless examples of people who have made an interesting discovery, beneficial to humanity, or who have simply developed innovative ideas, but have not been listened to. Because they were women, or too young, or the color of their skin did not suit.
Dans le livre Ultima Thulé, Jean Malaurie détaille des catastrophes qu’ont connues les explorateurs des hautes latitudes. Les militaires, fiers de leur soi-disant supériorité, n’ont pas su écouter des personnes compétentes… mais qui ne faisaient pas partie du sérail. Quant aux autochtones, vous n’y pensez pas, ces sauvages puants nourris de viande crue ! Les explorateurs ne réalisaient même pas que les sauvages vivaient depuis « toujours » dans ces conditions extrêmes et perpétuaient l’espèce. Ils n’ont pas dérogé à leurs habitudes : « On n’est pas des mauviettes ! » tirant eux-mêmes leurs traîneaux, portant des vêtements de laine absolument inadaptés car vite mouillés. In the book Ultima Thulé, Jean Malaurie details the disasters experienced by high latitude explorers. The soldiers, proud of their so-called superiority, did not know how to listen to competent people… but who were not part of the seraglio. As for the natives, don’t you think, those stinking savages fed on raw meat! The explorers didn’t even realize that the savages had « always » been living in these extreme conditions and perpetuating the species. They did not deviate from their habits: « We are not wimps! » themselves pulling their sleds, wearing absolutely unsuitable woolen clothes because they quickly get wet.
Nous voilà loin du smartphone, mais les comportements humains n’ont pas changé depuis cette époque lointaine. Je parlais de libéralisme, cette doctrine est en totale contradiction avec la protection de la planète. L’arrogance (ignorante ?) de nos dirigeants justifie mon inquiétude. Et je ne suis pas la seule. Il y a dans l’air une angoisse généralisée qui s’exprime, par exemple dans les vœux : « je te souhaite une année meilleure que la précédente. » Il est devenu commun de tenir des propos défaitistes. We are a long way from the smartphone, but human behavior has not changed since those distant times. I was talking about liberalism, this doctrine is in total contradiction with the protection of the planet. The (ignorant?) arrogance of our leaders justifies my concern. And I’m not the only one. There is a general anguish in the air that is expressed, for example in the wishes: « I wish you a better year than the last. » It has become common to make defeatist talk.
Cela fait vraiment longtemps que j’ai cessé d’imaginer le progrès tel une flèche pointée dans la bonne direction. Mais je devrais dire « innovation », « invention » ou « découverte », des mots plus neutres… Et les jeunes générations découvrent très tôt qu’un progrès ne va peut-être pas être une bonne chose : quelle confiance accorder aux OGM, aux vaccins distribués sans nuance ni information ? Et n’oublions pas la fabrication d’armes plus meurtrières, ou le remplacement des êtres humains par une machine. Je suis totalement incapable de me débrouiller par mes propres moyens : lâchée dans la nature, je ne saurais pas me nourrir, m’abriter, fabriquer mes vêtements. Je fais donc partie par la force des choses de cette société qui a aussi ses bons côtés. It’s been a really long time since I stopped imagining progress as an arrow pointing in the right direction. But I should say « innovation », « invention » or « discovery », more neutral words… And the younger generations are discovering very early that progress may not be a good thing: what confidence to have in GMOs, in vaccines distributed without nuance or information? And let’s not forget about making more lethal weapons, or replacing human beings with a machine. I am totally unable to manage on my own: let loose in nature, I would not know how to feed myself, shelter myself, make my clothes. I am therefore part of this society by necessity, which also has its good sides.
Je vais dire une évidence : le problème, c’est l’usage qui est fait des innovations technologiques. En Allemagne, la porte de notre chambre s’ouvrait avec un code, facile à changer à notre départ. Pas de clé qui se perd, personne pour nous accueillir, tout est commandé à distance. I will say the obvious: the problem is the use that is made of technological innovations. In Germany, the door to our room opened with a code, which was easy to change when we left. No lost keys, no one to welcome us, everything is controlled remotely.
Quittons enfin ces réflexions, j’ignore si elles ont un intérêt autre que mettre des mots sur mes ressentis. Entrons dans le musée de peinture Paula Becker. Nous y trouvons avec grand plaisir des œuvres de Séraphine Louis, « la » Séraphine que Yolande Moreau a fait connaître. Let’s finally leave these thoughts, I don’t know if they have an interest other than putting words to my feelings. Let’s enter the Paula Becker painting museum. We find there with great pleasure works by Séraphine Louis, « the » Séraphine that Yolande Moreau made known.
Cette tête si gracieuse est un autoportrait de Paula Becker. This graceful head is a self-portrait of Paula Becker.
Nous avons visité le musée scientifique « Universum ». Vous lui trouverez la forme d’un véhicule extra-terrestre ou d’une moule selon vos préférences. We visited the science museum « Universum ». You will find the shape of an extraterrestrial vehicle or a mold according to your preferences.
Des écrans sont disséminés partout dans le musée, chacun avec le portrait d’une personne dont le nom figure à côté. Cette personne vous suit des yeux, puis croise les bras en vous accordant un sourire aimable. Quand vous êtes trop loin, elle se contente de vous regarder. Je ne connais pas grand-chose de plus désagréable que ce regard. Screens are scattered throughout the museum, each with the portrait of a person whose name appears next to it. This person follows you with their eyes, then crosses his arms and gives you a friendly smile. When you’re too far away, he just stares at you. I don’t know of anything more unpleasant than that look.
Quant au musée Focke, il est désert, et un employé s’improvise notre guide pendant plus d’un heure et demie : passionnant. Commençons par ce robot vieux de plusieurs siècles, que l’on revêtait d’une armure, et qui saluait les arrivants… As for the Focke Museum, it is deserted, and an employee acts as our guide for more than an hour and a half: fascinating. Let’s start with this centuries-old robot, who was dressed in armor, and who greeted newcomers…
La robe blanche est une tenue pour le sport ! The white dress is an outfit for sports!
Avant de vous quitter, je vous invite à lire le point de vue de Paul en cliquant sur ce lien. Et je vous laisse avec un proverbe à méditer : Quand Greta Thurnberg montre la pollution, l’imbécile regarde le doigt. Before leaving you, I invite you to read Paul’s point of view by clicking on this link. And I leave you with a proverb to ponder: When Greta Thurnberg shows pollution, the fool looks at the finger.
Au départ, c’était un jeu : Paul a fait une simulation, on pourrait aller ici ou là, en passant par ici ou par là. Il y a des chambres avec un coin cuisine à un tarif raisonnable. C’est loin, mille kilomètres, le train s’impose ! On se pose des tas de questions dans tous les sens, j’y vas-t-y j’y vas-t-y pas, mais on n’a pas de réponse. Pour finir, on clique sur une touche quelconque et on confirme toutes les réservations, le train, la chambre… Moins de dix jours avant le départ. Ce sera en train le lundi et le samedi, avec entre ces deux dates quatre jours pour découvrir Brême. Initially, it was a game: Paul did a simulation, we could go here or there, passing this way or that way. There are rooms with a kitchenette at a reasonable rate. It’s a long way, a thousand miles, the train is needed! We ask ourselves a lot of questions in all directions, I’m going there I’m not going there, but we don’t have an answer. Finally, we click on any button and we confirm all the reservations, the train, the room… Less than ten days before departure. It will be in train on Monday and Saturday, with between these two dates four days to discover Bremen.
Ne pas parler allemand est un vrai problème. Comment savoir qui est Mudder Cordes ? Not speaking German is a real problem. How do I know who Mudder Cordes is?
Cette œuvre d’art nous plaît mais nous ne comprenons pas ce que raconte ce panneau qui l’accompagne. We like this work of art but we don’t understand what says this panel that accompanies it.
Plus ennuyeux, nous prenons un tram après la visite d’un musée, apparemment celui qui nous a déposés ici, mais il dévie de sa trajectoire vers le centre. Nous trouvons le retour long, Paul ne reconnaît pas les noms des stations qu’il avait tenté de repérer, nous finissons par nous retrouver abandonnés en pleine banlieue. Notre retour dans un tram brinquebalant dure bien plus longtemps que l’aller. Depuis des années nous allons dans des pays dont nous connaissons plus ou moins la langue. Je n’ai pas eu le temps d’assimiler quelques notions d’allemand, comme je l’ai fait pour aller en Slovénie ou en Roumanie. Alors, on se débrouille en anglais, ce qui réduit la communication à l’essentiel. S’il n’y a pas de confusion totale ! More boring, we take a tram after visiting a museum, apparently the one that dropped us here, but it deviates from its path towards the center. We find the return long, Paul does not recognize the names of the stations he had tried to locate, we end up finding ourselves abandoned in the middle of the suburbs. Our return in a rickety tram lasts much longer than the outward journey. For years we have been going to countries whose language we know more or less. I did not have time to assimilate a few notions of German, as I did to go to Slovenia or Romania. So we manage in English, which reduces communication to the essentials. If there is no total confusion!
C’est devenu très compliqué le samedi au retour, quand nous avons compris que nous n’aurons pas notre correspondance. L’homme à tout faire (les contrôleurs font aussi le service du bar…) nous a pris en charge : « Vous ne descendrez pas comme prévu, vous continuerez jusqu’à Karlsruhe, je reviendrai vous voir car pour le moment je n’ai pas les informations. » Nous pensons qu’il ne les aura que quand le train aura changé de land. Il revient vers nous après que le micro ait crachoté un long discours dans lequel nous avons vaguement compris « Paris, Lyon, Marseille », ces mots noyés dans un discours inaudible en anglais. Il est obligeant et patient, il nous fait une belle explication de texte et s’assure que nous avons tout compris. It became very complicated on the Saturday on the way back, when we realized that we won’t have our connection. The handyman (the controllers also do the bar service…) took care of us: « You will not get off as planned, you will continue to Karlsruhe, I will come back to see you because at the moment I don’t have the information. » We think he will have them only when the train arrives in another land. He comes back to us after the microphone sputters a long speech in which we vaguely understand « Paris, Lyon, Marseille », these words drowned in an inaudible speech in English. He is obliging and patient, he gives us a nice explanation of the text and makes sure that we have understood everything.
À Karlsruhe, comme il nous l’a indiqué, nous prenons un train pour Paris. Une contrôleuse française charmante (et qui ne gère pas les commandes du bar) nous conseille de faire telle recherche, mais, en plus de ne pas parler allemand, nous voyageons sans smartphone, et cela la laisse abasourdie. Tout aussi aimable que son collègue d’Outre-Rhin, elle nous indique comment passer de la gare de l’Est à la gare de Lyon, et nous conseille de prendre nos tickets de métro ici-même, au bar. Ce qui nous permet de filer à grande vitesse d’une gare à l’autre et même d’avoir le temps de faire une réservation sur le Paris-Lyon. In Karlsruhe, as he told us, we take a train to Paris. A charming French controller (and who doesn’t manage the bar orders) advises us to do such research, but, in addition to not speaking German, we travel without a smartphone, and that leaves her stunned. Just as friendly as her colleague from across the Rhine, she tells us how to get from the Gare de l’Est to the Gare de Lyon, and advises us to get our metro tickets right here, at the bar. This allows us to go at high speed from one station to another and even to have time to make a reservation on the Paris-Lyon.
Un autre problème est apparu pendant ce voyage. Au quotidien, en France aussi bien qu’en Allemagne, je suis confrontée à une nouvelle difficulté, les pictogrammes : sur un appareil de chauffage/climatisation, le soleil veut dire « hiver » et le flocon de neige « été », parce que le soleil veut dire « on chauffe » et le flocon « on refroidit ». Une autre logique voudrait le contraire, c’est une question de convention. Mes réserves feraient sourire Alicia, qui prône le langage FALC, « Facile À Lire et à Comprendre », la langue des pictogrammes. Je viens de trouver ce site qui émane d’une agence de communication à Lille-Nord, où il semble possible de devenir incollable sur la langue FALC ! J’y passerai peut-être du temps, plus tard, si ça peut m’être utile… Pour le moment, je suis loin d’être convaincue de l’intérêt de cette langue. Another problem arose during this trip. On a daily basis, in France as well as in Germany, I am confronted with a new difficulty, the pictograms: on a heating/air conditioning device, the sun means « winter » and the snowflake means « summer », because the sun means « we heat » and the snowflake means « we cool ». Another logic would like the opposite, it is a matter of convention. My hesitation would make Alicia smile, who advocates the FALC language, « Facile À Lire et à Comprendre », « Easy To Read and Understand », the language of pictograms. I have just found this site which comes from a communication agency in Lille-Nord, where it seems possible to become unbeatable on the FALC language! I will perhaps spend some time there, later, if it can be useful to me… For the moment, I am far from being convinced of the interest of this language.
Malgré tout ce qui précède, ni les trajets ni le séjour en Allemagne n’ont été une catastrophe, bien au contraire. On apprend plus ou moins à vivre dans un monde qui change trop vite, qui nous dépasse. Même s’il s’agit seulement de mesurer nos éventuelles incapacités, en avoir conscience me semble une bonne chose. Retournons donc en Allemagne. Despite all the above, neither the journeys nor the stay in Germany were a disaster, quite the contrary. We learn more or less to live in a world that is changing too quickly, that is beyond us. Even if it is only a question of measuring our possible incapacities, being aware of it seems to me a good thing. So let’s go back to Germany.
Je vous avais déjà montré ce joli gréement, eh bien au niveau du renfoncement, le mystère est éclairci. I had already shown you this pretty rig, well at the level of the recess, the mystery is cleared up.
Tout au long de la rue figurent les empreintes de main de personnalités avec leur nom. All along the street are the handprints of personalities with their name.
On a des surprises à tous les carrefours, ici c’est un troupeau inattendu de cochons, le maître, le chien… We have surprises at every crossroads, here it is an unexpected herd of pigs, the master, the dog…
On doit économiser l’énergie ? Je ne compte pas les magasins aux portes ouvertes. Vous pouvez consommer en terrasse bien chauffée. Des couvertures sont à disposition sur des dossiers, peut-être que des clients s’en contenteront. Should we save energy? I do not count the stores with open doors. You can eat on the well-heated terrace. Blankets are available on folders, perhaps customers will be satisfied with them.
Ici aussi les guerres de religion ont fait des ravages. La ville conserve une reconnaissance éternelle à Roland (pas le même que chez nous), dont la statue de plus de dix mètres de haut avec le socle fait face à l’église. Cette statue a été protégée des bombardements par des murs construits tout autour avec du sable pour combler les espaces vides. Here too the religious wars have wreaked havoc. The city retains an eternal gratitude to Roland (not the same as ours), whose statue of more than ten meters high with the base faces the church. This statue was protected from bombardments by walls built around it with sand to fill in the empty spaces.
Au pied de Roland se trouve l’estropié, personnage énigmatique. Il y a de cela bien longtemps, la comtesse Emma était prête à céder des terres à la ville : elle accordait autant de terre que ce qu’un homme est capable de parcourir en un jour. Son neveu exigea que ce soit un estropié qui ferait ce travail. L’homme réussit à parcourir 130 hectares (je suppose qu’il a fait une boucle !) mais mourut d’épuisement. At Roland’s feet is the cripple, an enigmatic character. Long ago, Countess Emma was willing to cede land to the city: she granted as much land as a man can walk in a day. His nephew demanded that a cripple do the job. The man managed to cover 130 hectares (I guess he made a loop!) but died of exhaustion.
Il est là, peu visible. It is there, barely visible.
On ne peut visiter Brême sans se perdre dans les ruelles du Schnoor, quartier médiéval relativement épargné par les bombardements. Peu de temps après la guerre, un projet d’autoroute a failli en venir à bout. On y trouve ateliers, galeries d’art, boutique d’art et d’artisanat, magasins d’antiquités, bars, cafés, restaurants, et c’est un quartier qui reste vivant malgré le gros impact touristique. You cannot visit Bremen without getting lost in the alleys of the Schnoor, a medieval quarter relatively spared from the bombardments. Shortly after the war, a highway project almost came to an end. There are workshops, art galleries, arts and crafts shops, antique shops, bars, cafes, restaurants, and it is a neighborhood that remains alive despite the heavy tourist impact.
Ce vieux monsieur me trouve bien audacieuse. This old gentleman thinks I’m very audacious.
Des personnages déguisés vous racontent l’histoire de ce quartier. Disguised characters tell you the history of this neighborhood.
Mais… la connaissez-vous, la légende des musiciens de Brême, l’histoire de l’âne, du chien, du chat et du coq ? Il paraît qu’on y voit souvent une parabole de la migration. Il est vrai que nos quatre amis prennent la route pour fuir des maîtres décidés à les tuer. Par la suite ils finissent paisiblement leur vieux jours dans une maison qui n’est pas à eux. Le fait qu’ils l’aient « volée » à des brigands les excuse-t-il ? Ou encore cette histoire nous dit que les vieux démunis devraient avoir les mêmes droits que n’importe qui ? But… do you know the legend of the Musicians of Bremen, the story of the donkey, the dog, the cat and the rooster? It seems that we often see there a parable of migration. It is true that our four friends take to the road to flee masters determined to kill them. Thereafter they end their old age peacefully in a house that is not theirs. Does the fact that they « stole » it from robbers excuse them? Or does this story tell us that the old destitute should have the same rights as everyone else?
Nous n’avons quitté le Charbinat que deux fois en 2022, Paul rêvait de bouger à nouveau. Il regarde parfois « l’invitation au voyage » : un jour il y a une rubrique sur les musiciens de Brême, et le rêve se fait projet. Comme en plus la date de mon anniversaire approche, le projet se réalise sans tarder. Je n’ai même pas le temps d’apprendre deux trois mots en allemand. Une fois arrivés à Lyon, nous prenons le train de la Deutsche Bahn qui relie Marseille à Francfort où nous arrivons après six heures d’un trajet confortable. We left Charbinat only twice in 2022, Paul dreamed of moving again. He sometimes watches « l’invitation au voyage »: one day there is a section on the musicians of Bremen, and the dream becomes a project. As the date of my birthday is approaching, the project is carried out without delay. I don’t even have time to learn two or three words in German. Once in Lyon, we take the Deutsche Bahn train which connects Marseille to Frankfurt where we arrive after six hours of a comfortable journey.
Une escale d’une heure nous permet de faire quelques pas, mais à Francfort comme souvent, le quartier de la gare n’est pas ce qui se fait de mieux. A one-hour stopover allows us to take a few steps, but in Frankfurt as often, the station area is not the best.
Une ville allemande la nuit A German city at night
De façon très approximative, Göttingen se trouve à mi-chemin entre Francfort et Brême. De façon très concrète, Francfort est encore à trois heures de train de notre destination. Very roughly, Göttingen is halfway between Frankfurt and Bremen. In a very concrete way, Frankfurt is still three hours by train from our destination.
Göttingen
Le lendemain de notre arrivée, le jour se lève plus tard que nous. The day after our arrival, the day dawns later than us.
Neuf heures moins le quart… Eight Forty-five…Neuf heures au bord de la Weser… Nine hours on the banks of the Weser…
Partons explorer Brême. Let’s explore Bremen.
« Le site de la ville médiévale est de forme oblongue, limité au sud par la rivière et au nord par le Stadtgraben, le fossé rempli d’eau de l’ancien système de défense. » Ce fossé délimite un parc sous forme de triangles accolés dont je parlerai plus tard. « The site of the medieval town is oblong in shape, bounded to the south by the river and to the north by the Stadtgraben, the water-filled moat of the old defense system. » This moat delimits a park in the form of adjoining triangles which I will discuss later.
Dans la salle de muscu un homme marche sur un tapis, peut-être regarde-t-il les imbéciles qui le prennent en photo. In the weight room a man walks on a carpet, maybe he looks at the fools who take a picture of him.
Brême a subi des bombardements terribles qui ont anéanti la plus grande partie de la vieille ville, où les immeubles modernes côtoient de vieilles maisons qui ont pu parfois être réhabilitées. Ces deux photos (ci-dessus) représentent la même bâtisse. Bremen suffered terrible bombardments which destroyed most of the old town, where modern buildings rub shoulders with old houses which could sometimes be rehabilitated. These two photos (above) represent the same building.
Au fond, la vieille église – In the background, the old church
Un joli gréement de bateau peint sur une façade, mais… comment ont-ils fait au niveau du renfoncement ? Nice boat rigging painted on one side, but… how did they do the recess?
Deux styles de sculpture très différents et une bouteille en plastique… Two very different sculpting styles and a plastic bottle…
Nous allons chercher quelques renseignements à l’office de tourisme. Nous dérangeons les mouettes au retour, en traversant le Stadtgraben, le fossé. En arrière de la photo, vous distinguez Wilhelm Kaisen que j’ai envoyé Paul saluer. We look for some information at the tourist office. We disturb the seagulls on the way back, crossing the Stadtgraben, the moat. At the bottom of the photo, you can see Wilhelm Kaisen whom I sent Paul to greet.
Nous n’avons pas compris tout de suite les marquages au sol ; ici ils sont évidents, le rouge c’est pour les vélos. Brême est au troisième rang des villes européennes cyclables : aujourd’hui, il fait gris (dommage pour les photos !), il doit faire six ou sept degrés, il y a des vélos partout. Des « vrais », sans assistance électrique. La voie cyclable n’est pas la voie piétonne, nous l’apprenons rapidement mais heureusement sans conséquence grave. We didn’t immediately understand the floor markings; here they are obvious, red is for bikes. Bremen ranks third among cycling cities in Europe: today it’s gray (too bad for the photos!), it must be six or seven degrees, there are bikes everywhere. Real ones, without electric assistance. The cycle lane is not the pedestrian lane, we learn it quickly but fortunately without serious consequences.
Des vélos partout – Bikes everywhere
Le joli troupeau sera plus facile à regarder quand nous reviendrons à la tombée de la nuit. The lovely herd will be easier to watch when we return after dark.
De son côté, Paul a remarqué l’arbre soutenu par de solides renforts. Le parc aménagé autour du Stadtgraben, « le fossé », permet de belles balades au milieu d’arbres vénérables. Celui qui s’est effondré dans l’eau est peut-être tombé depuis longtemps, il reste sur place, après tout il ne dérange personne. For his part, Paul noticed the tree supported by strong reinforcements. The park laid out around the Stadtgraben, « the moat », allows beautiful walks in the middle of venerable trees. The one who collapsed in the water may have fallen a long time ago, it stays on the spot, after all it doesn’t bother anyone.
Ici comme ailleurs, la misère côtoie l’abondance, ici et là je vois des « lits » de misère mais personne, l’occupant reviendra. En voici un qui ne bouge pas, il me faut un bon moment pour comprendre qu’il s’agit d’une statue ! Dommage, ma photo est floue… Here as elsewhere, misery rubs shoulders with abundance, here and there I see « beds » of misery but no one, the occupier will return. Here’s one that doesn’t move, it takes me a while to figure out it’s a statue! Too bad my picture is blurry…
Cependant, nous cherchons les fameux musiciens de Brême qui se cachent dans le quartier, mais suite à une erreur de ma part, nous faisons fausse route et explorons largement la place du Marché et ses environs avant de les trouver. However, we are looking for the famous musicians of Bremen who are hiding in the neighborhood, but due to a mistake on my part, we take a wrong turn and explore the Market Square and its surroundings extensively before finding them.
Les pattes et le museau de l’âne sont brillants car les toucher porte bonheur. Nous avons vu une jeune fille venir sans faire de photo, attraper les deux pattes comme le fait Paul et repartir direct chercher sa chance. Pas de chance pour moi, je n’ai pas respecté la coutume. The legs and muzzle of the donkey are shiny because touching them brings good luck. We saw a young girl come without taking a picture, grab both legs like Paul does and go straight back to seek her luck. Bad luck for me, I did not respect the custom.
Parlez-vous allemand ? Do you speak German ? Sprichst du Deutsch ?
En prévoyant de passer neuf heures dans le train, je me suis dit que j’aurai tout le temps nécessaire pour vous raconter l’Allemagne, au moins le tout début du voyage. Mais les vitres sont affreusement sales et faire de la prise de vue est impossible. Planning to spend nine hours on the train, I told myself that I would have plenty of time to tell you about Germany, at least the very beginning of the trip. But the windows are horribly dirty and shooting is impossible.
Le trajet avait fort bien débuté avec Lolo comme conducteur pour aller à la-Tour-du-Pin, mais ça s’est gâté car suite à un accident, plus aucun train ne quittait la-Tour en direction de Lyon. Eh bien, depuis la dernière fois que nous sommes allés à Lyon en voiture, les choses ne se sont pas arrangées, plus d’une heure (par autoroute principalement) pour atteindre la gare de Lyon P art-Dieu. The trip had started very well with Lolo as the driver to go to La-Tour-du-Pin, but they were spoiled because following an accident, no more trains left La-Tour in the direction of Lyon. Well, since the last time we drove to Lyon, things haven’t improved, over an hour (mainly by motorway) to reach Lyon P art-Dieu station.
Depuis que Paul a vu un documentaire sur la ville de Brème, il rêve d’y aller. Depuis trèèèèèèèès longtemps, nous n’avions pas fait de voyage en train. Ever since Paul saw a documentary about the city of Bremen, he has dreamed of going there. It’s been a veeeeeeeery long time since we’ve traveled by train.
En attendant que je vous raconte tout ça, je fais une petite moisson de photos pour remplacer… While waiting for me to tell you all this, I’m doing a little harvest of photos to replace…