Clive a séjourné ici une douzaine de jours, on a passé de très bons moments avec lui. Il a travaillé dur pour creuser une tranchée, et l’a tellement bien refermée qu’on ne la voit déjà plus. J’ai eu du mal à aider Paul à passer le plymouth dans la gaine, mais pour finir l’eau et l’électricité ont été menées à destination en toute sécurité.
Clive stayed here for a dozen days, we had a great time with him. He worked hard to dig a trench, and closed it up so well that you can’t see it anymore. I struggled to help Paul thread the tube through the shaft, but in the end the water and electricity were delivered safely.
Clive a aussi construit une structure en bambous pour faire grimper les haricots. Il nous a vraiment beaucoup aidés, il a beaucoup d’expérience et dans de nombreux domaines. Il n’a pas besoin d’explication, il est autonome. Il nous a préparé un excellent repas thaï qui lui a demandé des heures de travail, un moment mémorable !
Clive also built a bamboo structure for the beans to climb. He really helped us a lot, he has a lot of experience and in many areas. He does not need an explanation, he is autonomous. He cooked us an excellent Thai meal that took hours of work, a memorable moment!
Pendant cette période, Sylvane était ici elle aussi, et c’est grâce à elle, à sa patiente récolte, si nous avons de la confiture de groseille-cassis. Je me suis trouvée dans la voiture avec elle sous une pluie torrentielle, et le temps de courir à l’abri nous étions trempées ! Depuis, c’est la sécheresse.
During this period, Sylvane was here too, and it is thanks to her, to her patient harvest, that we have currant-blackcurrant jam. I found myself in the car with her under torrential rain, and by the time I ran for cover we were soaked! Since then, it’s been drought.
Je vais le plus souvent possible en vélo acheter à Gauthier ou à son collègue le pain que je paye en tissous, la monnaie locale, encore trop peu utilisée par ici. Et, comme trop souvent, je laisse à Paul le soin de préparer la plupart des repas. C’est aussi lui qui fait le marché et j’aurais du mal si je devais approvisionner la maison, j’en ai perdu l’habitude !
I go as often as possible by bike to buy bread from Gauthier or his colleague, which I pay for in tissous, the local currency, still too little used around here. And, as too often, I leave it to Paul to prepare most of the meals. He’s also the one who goes to the market and I would have a hard time if I had to supply the house, I’ve lost the habit!
Paul dort rarement après six heures, ce qui lui permet d’être au jardin à sept heures… C’est le bon moment, les nuits restent fraîches. L’eau coule ici ou là, dans les cuves, dans la mare, dans les arrosoirs, pour aboutir invariablement dans les courgettes, déjà en surproduction, ici comme partout.
Paul rarely sleeps after six o’clock, which allows him to be in the garden at seven o’clock… It’s the right time, the nights remain cool. The water flows here and there, in the tanks, in the pond, in the watering cans, to end up invariably in the zucchinis, already in overproduction, here as everywhere.
Autant dire que c’est la routine, routine aussi notre rendez-vous hebdomadaire bien plaisant avec Jacques et Päivi. Travailler avec eux nous motive, Paul et moi, pour essayer de trouver chaque jour un moment pour faire de la musique. On tient à peu près le rythme !
In other words, it’s routine, routine also our very pleasant weekly meeting with Jacques and Päivi. Working with them motivates Paul and me to try to find a moment to make music every day. We’re pretty much keeping up!
Gauthier le boulanger est aussi chanteur : la Chorale Rurale Itinérante donnait un concert pas loin d’ici et nous avons été très heureux d’y assister, Paul et moi, avec Sylvane et Nanath.
Ce spectacle venait tout juste d’être créé pour parler de voyage, nous proposant des chants d’un peu partout sur la planète. J’avais déjà pu entendre ce groupe interpréter quelques titres, c’est la première fois que j’assiste à un spectacle complet, je suis comblée. Il y a du décor, de l’invention, plein d’idées ! Parfois quelques mots, sans doute pour éviter la monotonie, et pour aider au passage d’une région à une autre. Mais surtout il y a une superbe maîtrise de la technique, c’est très harmonieux, alors que ce sont des interprétations difficiles. Et c’est parti pour des percussions corporelles. Neuf personnes chantent, Soizic est chef de chœur le plus souvent, parfois c’est un(e) autre choriste qui donne le départ et accompagne le chant.
Je souhaite longue vie à cette belle chorale qui nous a fait passer une superbe soirée.
Gauthier the baker is also a singer: the Chorale Rurale Itinérante (Itinerant Rural Choir) was giving a concert not far from here and we were very happy to attend, Paul and I, with Sylvane and Nanath.
This show had just been created to talk about travel, offering us songs from all over the planet. I had already been able to hear this group perform a few titles, this is the first time that I have attended a complete show, I am overwhelmed. There’s decor, invention, lots of ideas! Sometimes a few words, no doubt to avoid monotony, and to help the transition from one region to another. But above all there is a superb mastery of the technique, it is very harmonious, while these are difficult interpretations. And here we go for body percussion. Nine people sing, Soizic is the choir director most often, sometimes it is another chorister who gives the start and accompanies the singing.
I wish long life to this beautiful choir which made us spend a superb evening.
La FAMDT, Fédération des Acteurs et Actrices des Musiques et Danses Traditionnelles publie des émissions de radio sur l’histoire du folk en France : j’ai écouté avec un immense plaisir l’interview de Catherine Perrier, qui me ramène au temps d’avant. Avant de me connaître, Paul était déjà passionné de musique traditionnelle, et avait suivi les errances du Bourdon, les concerts dans des villages perdus, les festivals avec des vingt mille personnes, ces rencontres où chacun essayait d’aligner quelques notes sur un violon ou tout autre instrument.
The FAMDT, Federation of Actors and Actresses of Traditional Music and Dance publishes radio programs on the history of folk in France: I listened with great pleasure to the interview with Catherine Perrier, which takes me back to the time before. Before knowing me, Paul was already passionate about traditional music, and had followed the wanderings of the Bourdon, the concerts in remote villages, the festivals with twenty thousand people, these meetings where everyone tried to align a few notes on a violin or any other music instrument.
J’ai suivi Paul en 1973 au festival de Pons où la même mélodie se jouait partout, comme un hymne, un emblème, où la bonne humeur était au rendez-vous et où jusque tard dans la nuit se succédaient sur scène des groupes venus de partout et que nous écoutions, étendus dans la prairie. Souvenirs des débuts d’un mouvement assez prodigieux où Catherine et Emmanuelle Parrenin ont eu une part considérable. Je n’ai écouté que ces deux émissions, et encore je n’ai pas terminé la deuxième. J’y entends les noms de ces personnalités hors du commun que Paul avait eu le grand plaisir de côtoyer, Christian Leroi-Gourhan (oui, le fils du préhistorien André), Jean-François Dutertre à la si belle voix, Michel Hindenoch que nous avons revu récemment comme conteur, et tant d’autres.
I followed Paul in 1973 to the Pons festival where the same melody was played everywhere, like a hymn, an emblem, where good humor was present. Groups from all over followed one another on stage until late at night and we were listening, lying in the meadow. Memories of the beginnings of a rather prodigious movement in which Catherine and Emmanuelle Parrenin had a considerable sharing. I have only listened to these two radio programs, and yet I have not finished the second. I hear the names of these extraordinary personalities whom Paul had had the great pleasure of meeting, Christian Leroi-Gourhan (yes, the son of the prehistorian André), Jean-François Dutertre with such a beautiful voice, Michel Hindenoch whom we recently reviewed as a storyteller, and so many others.
Emmanuelle Parrenin s’est trouvée en 1968 sur l’île aux Coudres, au Québec, pour faire du collectage de chansons et de musique avec les gens de son groupe, auprès d’une famille comptant vingt enfants – ce qui est incroyable pour nous et assez commun là-bas à l’époque. Plus extraordinaire, dix-huit enfants étaient sourds et muets. Cependant, on ne les distinguait pas des autres car les sourds captent les vibrations et peuvent avoir un excellent sens du rythme. Pour Emmanuelle, ce fut une révélation des capacités ignorées des sourds.
Emmanuelle Parrenin was in 1968 on Île aux Coudres, in Quebec, to collect songs and music with the people of her group, with a family of twenty children – which is incredible for us and quite common there at the time. More extraordinary, eighteen children were deaf and mute. However, they were indistinguishable from others because the deaf pick up vibrations and can have an excellent sense of rhythm. For Emmanuelle, it was a revelation of the ignored capacities of the deaf.
Ces émissions de la FAMDT sont réservés malheureusement seulement aux francophones. Encore faut-il éprouver de l’intérêt pour la musique traditionnelle. Je remercie la FAMDT pour ce travail remarquable, et aussi Jacques pour m’avoir transmis l’adresse de ces podcasts.
These programs of the FAMDT are unfortunately reserved only for French speakers. You still need to have an interest in traditional music. I thank the FAMDT for this remarkable work, and also Jacques for sending me the address of these podcasts.
Pour continuer avec la musique, pas traditionnelle cette fois, je commence par la fin : j’ai téléphoné à Éric Frasiak pour lui demander si c’est lui qui a proposé à Sarclo de venir donner un concert chez nous. C’est bien le cas, et je suis enchantée d’avoir reçu chez nous ce chanteur remarquable. Je n’aurais pas su le contacter, et je n’aurais pas osé le faire si j’avais su. Les chanteurs me surprendront sans doute toujours, les plus exceptionnels d’entre eux recherchent aussi le concert chez l’habitant avec tout ce que permet cette proximité.
To continue with the music, not traditional this time, I’ll start at the end: I called Éric Frasiak to ask him if he was the one who suggested Sarclo come and give a concert with us. This is indeed the case, and I am delighted to have received this remarkable singer with us. I would not have known how to contact him, and I would not have dared to if I had known. The singers will undoubtedly always surprise me, the most exceptional of them also seek the concert at the inhabitant with all that this proximity allows.
À peine la voiture garée, les câlins échangés, Sarclo et Corinne installent le matériel, d’abord les quatre poubelles pour y ranger les quatre guitares (nécessaires pour des accordages différents).
As soon as the car is parked, the hugs exchanged, Sarclo and Corinne install the equipment, first the four bins to store the four guitars (necessary for different tunings).
« Je n’ai jamais été aussi vieux » dit Sarclo dans son dernier CD. Je crois qu’il déteste ça. C’est un personnage ambigu, et qui fait semblant d’être méchant, d’être cynique, mais ses textes me font venir les larmes aux yeux. C’est pour ça que je les aime, lui et son œuvre, pour cette humanité, cette sensibilité à fleur de peau. Dans la foulée ne pas oublier son opératrice Corinne avec qui les échanges de courriels sont une vrai plaisir.
Sarclo est connu, a été connu, dans un certain milieu : dans notre public, la grande majorité le découvrait, quelques-uns le retrouvaient, à leur plus grand plaisir. Yves a été tout particulièrement ému de revenir à une époque passée de plus de trente ans.
« I’ve never been so old, » Sarclo says in his latest CD. I think he hates this. He is an ambiguous character, and who pretends to be nasty, to be cynical, but his lyrics bring tears to my eyes. That’s why I love them, him and his work, for this humanity, this skin-deep sensitivity. In the process, do not forget his operator Corinne with whom exchanging emails is a real pleasure.
Sarclo is known, has been known, in a certain milieu: in our audience, the vast majority discovered him, a few found him again, to their delight. Yves was particularly moved to return to a past era of more than thirty years.
« Il n’a pas la langue de bois » comme me l’a dit Frasiak. Et Frédéric Bobin exprime toute son admiration : « Cru, âpre, drôle, cynique, roots, poétique, acide,
rugueux, surréaliste, bouleversant…
Un diamant pur, pas poli.
Et les guitares sonnent comme si elles venaient du fond des âges… »
« Sarclo, c’est un gars qui arrive à te faire rire et pleurer dans la même chanson » dit Ariane Ferrier.
« He doesn’t have a tongue-in-cheek, » as Frasiak told me. And Frédéric Bobin expresses all his admiration: « Raw, harsh, funny, cynical, roots, poetic, acid,
rough, surreal, moving… A pure diamond, not polished.
And the guitars sound like they’ve come from the ages… »
« Sarclo is a guy who manages to make you laugh and cry in the same song » Ariane Ferrier says.
Les textes de Sarclo sont directs. Il reproche à Hugues Aufray d’avoir édulcoré ceux de Dylan. Par exemple en traduisant seins par reins. Alors Sarclo les a traduits. Sur son site, vous trouverez les textes originaux et les traductions.
« Dylan a regardé le monde et l’amour comme une blessure chaude, comme une blague vexante, comme la motte de terre vibrante de vie qui se regarde tomber dans sa tombe (…).
Je propose le spectacle sincère d’un obsédé d’écriture et de guitares acoustiques. J’y entrevois une chance pour la chanson française d’aller là où on ne l’attend pas. » Sarclo
Sarclo’s texts are direct. He criticizes Hugues Aufray for having watered down those of Dylan. For example by translating breasts by kidneys. So Sarclo translated them. On his site, you will find the original texts and the translations.
« Dylan looked at the world and love as a hot wound, as a vexing joke, as the clod of earth vibrating with life watching itself fall into its grave (…).
I offer the sincere spectacle of someone obsessed with writing and acoustic guitars. I see a chance for French song to go where we least expect it. » Sarclo
Son jeu de guitare a particulièrement impressionné Jean-Pierre et Lolo, qui sont allés voir de près les faux ongles de Sarclo. J’ai vu sur une vidéo des sortes de bague en métal aux ongles de Joan Baez, alors que Frasiak préfère jouer de la pulpe des doigts.
His guitar playing particularly impressed Jean-Pierre and Lolo, who went to see Sarclo’s false nails up close. I saw on a video some sort of metal ring on Joan Baez’s nails, while Frasiak prefers to play with the pulp of his fingers.
Il n’arrête jamais ! Pendant que nous mangions, il a pris une de ses guitares. Alors Jean-Pierre et Lolo sont allés chercher leur guitare, et on a eu droit à un dernier set.
He never stops! While we were eating, he took one of his guitars. So Jean-Pierre and Lolo went to get their guitar, and we were treated to a final set.
Encore une fois, Paul et moi étions presque épuisés le lendemain, sans ressort, sans énergie, mais heureux comme des fous de continuer l’aventure des spectacles à domicile.
Once again, Paul and I were almost exhausted the next day, without spring, without energy, but happy as mad to continue the adventure of the shows at home.
Quel est le nom du si bel instrument en photo ?
Oups ! Une vielle à roue, en anglais « Hurdy-Gurdy », je viens de préciser cela directement dans le texte, suite à ta demande – merci !