monastère de Ganagobie
Je n’y suis pas rentrée, j’ai pris les photos de derrière une vitre
Ganagobie Monastery
I didn’t go in, I took the pictures from behind a glass
Gaëlle m’a fait découvrir « Causette », mensuel féminin français. J’ai de la sympathie pour ce magazine qui couvre de nombreux sujets. J’avais été alertée par le dossier « des plantes pas si vertes » car les conditions de production et de vente des plantes d’appartement sont loin d’être green et sont néfastes à l’environnement et à la santé nous dit cette publication. Nos plantes d’intérieur proviennent le plus souvent de l’étranger (Pays-Bas, 72% Kenya, Colombie…). Les Néerlandais les font pousser dans des serres chauffées, à coups de pesticides et de grandes quantités d’eau, de façon de plus en plus intensive à cause d’une demande croissante et pour proposer des prix toujours plus bas aux pays dits « du nord ». Une autre partie des cultures est délocalisée dans des pays chauds où les producteurs achètent à bas prix les terres, versent de très bas salaires et font utiliser les produits chimiques en doses massives.
Gaëlle introduced me to « Causette », a French women’s monthly. I have sympathy for this magazine which covers many subjects. I had been alerted by the « not so green plants » file because the conditions for the production and sale of houseplants are far from green and are harmful to the environment and health, this publication tells us. Our indoor plants most often come from abroad (the Netherlands, 72% Kenya, Colombia, etc.). The Dutch grow them in heated greenhouses, with pesticides and large amounts of water, more and more intensively because of growing demand and to offer ever lower prices to the so-called « northern countries ». Another part of the crops is relocated to hot countries where producers buy land at low prices, pay very low wages and use chemicals in massive doses.
Mais Causette nous dit que de nombreux labels se créent pour garantir des plantes durables, et on voit une évolution de ces labels vers la protection de l’environnement.
Le label « plante bleue » permet à des producteurs de faire connaître leurs efforts pour réduire les traitements, éviter d’exposer les salariés…
À l’origine, le label « Fleurs de France » garantissait l’origine française des productions. Depuis 2017, il faut en outre être engagé dans une démarche éco-responsable pour le mériter.
« Si vous ne trouvez pas la plante de vos rêves sous une certification française, la filière horticole néerlandaise, elle, s’est dotée du label environnemental MPS (« Milieu Programma Sierteelt »). Il s’appuie sur des critères similaires à ceux de Plante Bleue et concerne 3500 producteurs dans près de cinquante pays. Il y aura bien sûr l’empreinte carbone du voyage jusqu’à votre salon, mais les condition de production seront au moins responsables. »
But Causette tells us that many labels are being created to guarantee sustainable plants, and we see an evolution of these labels towards environmental protection.
The « plante bleue » label allows producers to publicize their efforts to reduce treatments, avoid exposing employees…
Originally, the « Fleurs de France » label guaranteed the French origin of productions. Since 2017, you must also be committed to an eco-responsible approach to deserve it.
« If you can’t find the plant of your dreams under French certification, the Dutch horticultural industry has the environmental label MPS (« Milieu Programma Sierteelt »). It is based on criteria similar to those of Plante Bleue and concerns 3,500 producers in nearly fifty countries. There will of course be the carbon footprint of the trip to your living room, but the production conditions will be at least responsible. »
Bien sûr, pour ne pas nous sentir complices, nous pouvons échanger, donner, bouturer des plantes, ce n’est pas grand-chose, c’est toujours ça…
Je n’ignorais pas les dangers des produits phytosanitaires, ni leur utilisation encore plus massive dès que la plante n’est pas destinée à la consommation. Khaoula Toumi est allée plus loin dans sa thèse de doctorat, présentée en 2018 à l’université de Liège, et dont Causette donne l’intitulé : « exposition des travailleurs aux résidus de pesticides sur les fleurs coupées et sur les produits horticoles » (en tapant ces titre vous pouvez télécharger ce long texte). L’auteure veut « évaluer les risques d’exposition de deux catégories de travailleurs indirectement exposés aux résidus de pesticides (composés parents et métabolites) : les fleuristes belges et les travailleurs maraîchers tunisiens. »
Of course, so as not to feel complicit, we can exchange, give, take plant cuttings, it’s not much, that’s always it…
I was not unaware of the dangers of phytosanitary products, nor of their even more massive use as soon as the plant is not intended for consumption. Khaoula Toumi went further in her doctoral thesis, presented in 2018 at the University of Liège, and whose Causette gives the title: « exposition des travailleurs aux résidus de pesticides sur les fleurs coupées et sur les produits horticoles » – « exposure of workers to pesticide residues on cut flowers and horticultural products » (in typing these title you can download this long text). The author wants to « evaluate the exposure risks of two categories of workers indirectly exposed to pesticide residues (parent compounds and metabolites): Belgian florists and Tunisian market garden workers. »
Le vieux mur de Viillevieille (sur le plateau de Ganagobie) est plus solide que l’autre, car les pierres sont alignées horizontalement.
The old wall of Villevieille (on the plateau of Ganagobie) is stronger than the other, because the stones are aligned horizontally.
Les fleurs sont fortement contaminées par d’innombrables pesticides, certains n’étant pas autorisés chez nous. Il arrive que les quantité dépassent le dosage admissible*.
*AOEL Acceptable Operator Exposure Level — Niveau d’exposition acceptable pour l’opérateur
The flowers are heavily contaminated with countless pesticides, some of which are not allowed here. It happens that the quantities exceed the admissible dosage*.
*AOEL Acceptable Operator Exposure Level
La thèse est en partie en français, en partie en anglais, francophones et anglophones peuvent tous y piocher de précieuses informations.
Brève citation de Khaoula Toumi :
« Selon la classification CLP, la majorité des substances actives détectées présentent une toxicité aiguë et/ou chronique avec des effets rapportés tels que : irritation ou corrosion cutanée ou oculaire, sensibilisation cutanée, suspicion d’être cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction ou encore d’avoir une toxicité spécifique pour certains organes cibles (exposition unique et répétée) non négligeable. Certaines substances actives retrouvées sur les fleurs (acéphate, méthiocarbe, méthomyl, deltaméhrine) agissent sur le système nerveux. »
The thesis is partly in French, partly in English, French and English speakers can all draw valuable information from it.
Brief quote from Khaoula Toumi:
« According to the CLP classification, the majority of the active substances detected exhibit acute and/or chronic toxicity with reported effects such as: skin or eye irritation or corrosion, skin sensitization, suspicion of being carcinogenic, mutagenic or toxic for reproduction or yet to have a non-negligible specific toxicity for certain target organs (single and repeated exposure). Some active substances found on the flowers (acephate, methiocarb, methomyl, deltamehrine) act on the nervous system. »
Les fleuristes représentent donc une catégorie de travailleurs à risque, mais non informée.
La Toussaint approche, un des trois pics de danger pour les fleuristes avec la Saint-Valentin et la fête des mères. Et voilà que Paul et moi invitons des amis pour faire la fête un dimanche, et ce jour-là nous recevons en cadeau plusieurs plantes ou compositions florales : elles sont tellement jolies ! J’adore les plantes, il suffit de se savonner les mains après les avoir touchées…
Florists therefore represent a category of workers at risk, but not informed.
All Saints’ Day is approaching, one of the three peaks of danger for florists along with Valentine’s Day and Mother’s Day. And then Paul and I invite some friends to party on a Sunday, and that day we receive several plants or flower arrangements as gifts: they are so pretty! I love plants, just wash your hands after touching them…
Fin de la balade sur le plateau de Ganagobie…
End of the walk on the Ganagobie plateau …
…avec vues sur la montagne de Lure…
…with a views of the Lure mountain…
Ce joli bouquet comme intermède.
This pretty bouquet as an interlude.
Il est constitué uniquement d’ossements de petits mammifères.
It consists solely of bones of small mammals.
Manosque
Camaïeu employees say goodbye to their customers.
Juste avant notre dernier départ en Provence, Paul a appris la publication d’un livre et nous l’avons cherché partout, au Bleuet, à la Carmine, (il venait d’être acheté), pour le trouver finalement « au petit pois » à Manosque. Nous avons dévoré avec grand enthousiasme cet ouvrage remarquable : « Plutôt nourrir* — l’appel d’une éleveuse » co-écrit par Clément Osé et Noémie Calais. Tana éditions — nouveaux récits
*Tout le monde aura reconnu le clin d’œil à l’expression « plutôt mourir ». Mais les anglophones ?
Just before our last departure to Provence, Paul learned of the publication of a book and we looked for it everywhere, at Bleuet, at La Carmine, (it had just been bought), to finally find it « au petit pois » in Manosque. We devoured with great enthusiasm this remarkable book: « Rather feed * – the call of a breeder » co-authored by Clément Osé and Noémie Calais. Tana éditions — nouveaux récits
*Everyone will have recognized the nod to the phrase « rather die ». But English speakers?
Sortie de science-po, Noémie Calais, électrosensible, se reconvertit dans l’élevage de cochons, des porcs noirs,
[p 136] « Mes coûts de production sont donc au minimum dix fois plus élevés que ceux du porc rose classique (…). Je fais tout moi-même (…). Préserver la diversité du vivant (…). La génétique des races rustiques concourt à l’indépendance alimentaire de nos territoires (…). [p 137] Si j’élève des porcs noirs, c’est aussi pour préserver la diversité des saveurs face à la tristesse de la standardisation des goûts. » Noémie rêve qu’en changeant de région, vous trouviez des saveurs différentes, dues à des races animales spécifiques. Certains lui conseillent de s’adresser à des boutiques, restaurants, épiceries de luxe, mais elle estime que les animaux qu’elle élève appartiennent au terroir gersois. Ses prix sont plus élevés que la moyenne, mais ses clients peu fortunés se font un petit plaisir une fois par mois. Il n’est pas nécessaire de consommer de grandes quantités de viande. Elle-même d’ailleurs en consomme très peu, n’en prépare que pour recevoir des invités.
Graduated from science-po, Noémie Calais, electrosensitive, converts to pig farming, black pigs, [p 136] « My production costs are therefore at least ten times higher than those of the classic pink pig (…). I do everything myself (…). Preserve the diversity of life (…). The genetics of rustic breeds contribute to the food independence of our territories (…). [p 137] If I raise black pigs, it is also to preserve the diversity of flavors in the face of the sadness of the standardization of tastes. » Noémie dreams that by changing regions, you will find different flavors, due to specific animal breeds. Some advise her to go to boutiques, restaurants, luxury grocery stores, but she believes that the animals she raises belong to the Gers region. Her prices are higher than average, but her less wealthy customers indulge themselves once a month. It is not necessary to consume large amounts of meat. She herself consumes very little, only prepares it to receive guests.
De son côté, Clément étudie la catastrophe à venir du modèle industriel :
[p 153] « La prolongation du mode de production agro-industriel répond à des logiques mercantiles déconnectées des réalités physiques et relève d’un court-termisme frisant le suicide.
Relocaliser l’agriculture, généraliser le bio et les pratiques agroécologiques n’est pas juste une lubie d’écolo nostalgique du bon vieux temps, c’est la seule option durable que nous ayons.
J’ai repensé aux animaux dans ce contexte. Si nous voulons faire de l’agriculture, il n’est pas dit que les humains en aient fini de travailler avec les bêtes. »
Plus loin, Clément rappelle avec humour que [p 176] « L214 prend rarement la défense des lombrics, qui ont pourtant un rôle central dans la fertilité des sols où pousse l’alimentation végane. »
For his part, Clément studies the coming catastrophe of the industrial model:
[p 153] « The extension of the agro-industrial mode of production responds to mercantile logics disconnected from physical realities and is a matter of short-termism bordering on suicide.
Relocating agriculture, generalizing organic and agroecological practices is not just a nostalgic green fad from the good old days, it is the only sustainable option we have.
I thought about animals in this context. If we want to do agriculture, it is not said that humans are done working with animals. »
Further on, Clément humorously recalls that [p 176] L214 rarely takes up the defense of earthworms, which nevertheless have a central role in the fertility of the soils where vegan food grows. »
[ p 178/179] « Je refuse de me laisser emmener dans ce discours manichéen qui rangerait les éleveurs du côté des méchants, des tueurs, des sans-cœur, et les urbains véganes du côté des gentils qui respectent la vie. Le vivant, justement, est plus complexe que cela. Choisir la vie, c’est choisir la mort (…). Les produits non animaux, issus de circuits longs, conventionnels, industriels, portent aussi leur lot de mort, celle qu’ils occasionnent au sol, à la biodiversité, à leur écosystème, et la mort de nos idéaux : les inégalités, les monopoles de rente, le désastre social qui advient lorsqu’on demande à quelques-uns de nous nourrir tous.
[p 180] Je ne sais pas si tous les éleveurs ressentent la même chose, mais je ne pourrai plus côtoyer la mort de mes animaux en conscience que si elle est occasionnelle, révérée et nécessaire. » Noémie
[ p 178/179] « I refuse to let myself be taken into this Manichaean discourse that would put breeders on the side of the bad guys, killers, the heartless, and urban vegans on the side of the good guys who respect life. The living, precisely, is more complex than that. To choose life is to choose death (…). Non-animal products, from long, conventional, industrial circuits, also bear their share of death, that which they cause to the soil, to biodiversity, to their ecosystem, and the death of our ideals: inequalities, monopolies of rent, the social disaster that occurs when we ask a few to feed us all.
[p 180] I don’t know if all breeders feel the same way, but I will no longer be able to deal with the death of my animals in conscience unless it is occasional, revered and necessary. » Noemie
Il me faudra trouver le temps de prendre des notes dans une trentaine de pages de l’ouvrage. Il soulève des questions très importantes : les auteurs voient surtout dans les mesures prises contre les épizooties une volonté d’éradiquer le petit élevage. Par exemple sur 500 contaminations, 3 sont imputables à la faune sauvage, [p 190]
« l’immense majorité des cas se déclare dans des élevages intensifs parmi des animaux aux défenses immunitaires affaiblies par l’entassement, le stress, les carences alimentaires, le manque d’air frais et de ventilation naturelle. » Noémie
I will have to find the time to take notes in about thirty pages of the book. It raises very important questions: the authors see above all in the measures taken against epizootics a desire to eradicate small livestock farming. For example, out of 500 contaminations, 3 are attributable to wildlife, [p 190] « The vast majority of cases occur in intensive farms among animals whose immune defenses are weakened by overcrowding, stress, nutritional deficiencies, lack of fresh air and natural ventilation.» Noemie
Je pourrais continuer longtemps ! Je souhaite longue vie à ce livre et surtout qu’il aide à des prises de consciences, bien nécessaires. Clément et Noémie sont des lanceurs d’alerte, j’espère qu’on ne le leur fera pas payer au prix fort !
Comme d’habitude voici une page où tout se mélange, j’espère que vous n’êtes pas trop perdus.
I could go on for a long time! I wish this book a long life and above all that it helps to raise awareness, which is much needed. Clément and Noémie are whistleblowers, I hope they don’t have to pay a high price!
As usual here is a page where everything is mixed together, I hope you are not too lost.
Un plaqueminier remarquable, presque mort et couvert de fruits.
A remarkable persimmon, nearly dead and covered with fruit.
Quelques mots qui justifient aisément mon estime pour Giono.
A few words that easily justify my esteem for Giono.
Oh, le monastère de Ganagobie!
Il y a des années, j’avais trouvé dans la boutique d’un monastère suisse une pommade pour les pieds géniale (le Baume du pèlerin), fabriquée à Ganagobie. Je l’avais retrouvée, dans années plus tard, dans la boutique d’une église à Strasbourg. Ca m’avait donné envie de visiter cet endroit, qui a l’air très beau. Quel joli clin d’oeil de le voir passer dans ton journal.
Quant aux fleurs, j’y suis sensible depuis un moment. Je ne savais pas pour les plantes d’intérieur et tous les produits chimiques, par contre. Le résultat est que j’achète peu de fleurs et que j’essaie de trouver une production locale. Il y a une très belle boutique pour cela pas trop loin de chez moi.
Et encore une année qui va bientôt s’achever sans revenir au Charbinat… Comme tu le dis, « pas assez de temps ». J’en suis d’autant plus heureux d’avoir ce petit lien à travers ton journal. Bonne suite à vous deux!
Ganagobie, quel drôle de nom ! Je n’en ai toujours pas (re)trouvé l’étymologie.
La région est vraiment magnifique, si tu trouves l’occasion (on peut rêver) d’y séjourner, on pourra te conseiller d’aller ici ou là (Ou alors tu retrouves les pages de mon blog sur ce sujet…). Ce site vaut vraiment le détour.
C’est chouette que tu trouves une boutique de fleurs locales. Je pense que ça fait partie d’une évolution qui se met en place peu à peu. Dans mes balades sur les sites à labels que je vous ai indiqués, j’ai bien senti aussi l’évolution vers du plus propre, autant côté chimie que côté humain.
Tu sais, j’espère bien que tu ne l’as pas oublié, l’invitation à passer nous voir est permanente, c’est à toi d’organiser ça. Mais je sais aussi que c’est facile à dire. Surtout du haut de mon statut de retraitée !