Le monde de demain — The world of tomorrow

Je vous ai parlé de nos difficultés avec la langue allemande, je me demandais à cette occasion qui pouvait bien être Mudder Cordes : Peter m’a envoyé ces deux traductions, merci à toi Peter ! Il les a obtenus avec un smartphone et trouve que c’est très utile. À quoi je lui réponds que l’intelligence artificielle me semble à la fois la meilleure et la pire des choses.
I told you about our difficulties with the German language, I wondered on this occasion who could be Mudder Cordes: Peter sent me these two translations, thank you Peter! He got them with a smartphone and finds it very useful. To which I reply that artificial intelligence seems to me both the best and the worst things.

En voyageant loin de chez nous, sans connaître la langue, mais surtout sans outil permettant l’accès au Saint Internet, nous faisions figure d’anormaux. Or, j’ai l’habitude de ne pas être comme les autres, il m’a toujours fallu assumer un physique différent : rousse couverte de taches de rousseur. On s’est bien assez moqué de moi pendant mon enfance, ma personnalité s’est constituée sur le fait d’être différente. Ne croyez pas que ce soit anodin, ça se voit comme le nez au milieu de la figure et j’en ai beaucoup souffert.
Traveling far from home, without knowing the language, but above all without a tool allowing access to the Holy Internet, we looked abnormal. However, I am used to not being like the others, I always had to assume a different physique: redhead covered with freckles. I was laughed at enough during my childhood, my personality was formed on the fact of being different. Don’t think it’s trivial, it shows like the nose in the middle of the face and I suffered a lot from it.

Ce qui est désagréable quand notre interlocuteur découvre que nous voyageons sans smartphone, c’est son incompréhension. Nous sommes des dinosaures. Peut-être aussi des démunis ? Nous prend-il pour des déficients ? Nous n’appartenons plus au monde tel qu’il est en train de devenir. Paul et moi avons fait ce choix et l’assumons, non sans difficulté, Peter a raison de dire qu’un smartphone ça peut servir. Je regrette déjà le monde d’avant, peut-être moins facile (et encore, ce n’est pas certain !), parce que le monde de demain m’effraie. Pourtant je suis la première à aller faire une recherche sur internet (depuis un ordinateur à défaut de smartphone !) alors que Lolo a toujours sous la main un dictionnaire qu’il consulte à toutes les occasions. Disons que j’ai un pied dans le passé et un dans le présent. Chacun ses contradictions.
What is unpleasant when our interlocutor discovers that we are traveling without a smartphone is his incomprehension. We are dinosaurs. Maybe also have-nots? Does he take us for defectives? We no longer belong to the world as it is becoming. Paul and I have made this choice and assume it, not without difficulty, Peter is right to say that a smartphone can be useful. I already regret the world before, perhaps less easy (and even then, it’s not certain!), because the world of tomorrow frightens me. However, I am the first to do research on the internet (from a computer if not a smartphone!) while Lolo always has a dictionary handy that he consults at all times. Let’s say I have one foot in the past and one in the present. Each has its own contradictions.

La façade n’est pas jolie… – The facade is not pretty…
…mais les détails sont étranges. …but the details are strange.

Pas une contradiction, mais une erreur de ma part : la semaine dernière, parlant des pictogrammes, je vous ai envoyés sur le site « écrire et raconter », destiné en fait à enseigner la communication écrite, par phrases ou pictogrammes, mais où je n’ai pas trouvé l’ombre d’un dictionnaire picto ou équivalent. Sans intérêt pour moi.
Not a contradiction, but an error on my part: last week, speaking of pictograms, I sent you to the « écrire et raconter », « write and tell » site, intended in fact to teach written communication, by sentences or pictograms, but where I haven’t found the shadow of a picto dictionary or equivalent. Of no interest to me.

En 1977 nous participions à la manifestation contre Superphénix, le surgénérateur qui par la suite n’a pas produit grand-chose. L’ambiance était à la guerre civile, même s’il faut relativiser, cela n’a pas duré longtemps et on était à peu près en sécurité si l’on restait enfermé chez soi. Mais ce fut un temps de violence extrême puisque Vital Michalon a été tué par la police et plusieurs personnes amputées suite à leurs blessures. Guerre brève. Pendant quelques jours, le téléphone a été coupé – il n’y avait que des lignes fixes à l’époque. Ce n’est pas un très bon exemple, mais c’est ma seule expérience de ce type de situations.
Nous sommes dans un pays où il est techniquement possible de couper tous les moyens de communication, alors que le fonctionnement de notre société repose sur une technologie bien plus développée qu’en 1977. Aujourd’hui, nous utilisons des machines sophistiquées, et fragiles, souvent surdimensionnées pour nos besoins.
In 1977 we took part in the demonstration against Superphénix, the fast breeder reactor which subsequently did not produce much. The atmosphere was civil war, even if we have to put it into perspective, it did not last long and we were almost safe if we stayed locked up at home. But it was a time of extreme violence as Vital Michalon was killed by the police and several amputees from their injuries. Short war. For a few days the phone was cut off – there were only landlines then. It’s not a very good example, but it’s my only experience of this type of situation.
We are in a country where it is technically possible to cut off all means of communication, while the functioning of our society is based on a much more developed technology than in 1977. Today, we use sophisticated and fragile machines, often oversized for our needs.

Au restaurant grec — At the Greek restaurant

Au lieu de faire en sorte que le ICE 618 passe à 9 : 17, les Allemands déroutent le 83 209 sur un autre quai (et je photographie à l’arrache une nouvelle version des musiciens de Brême). Les voyageurs ont intérêt à savoir lire ces panneaux… Le retard chronique des trains en Allemagne ne pourrait-il pas être évité en employant plus de salariés – permettant au contrôleur de ne plus assurer en plus le service du bar…?
Instead of getting ICE 618 to pass at 9:17, the Germans divert 83 209 to another platform (and I rip-shot a new version of the Bremen musicians). Travelers have an interest in knowing how to read these signs… Couldn’t the chronic delay of trains in Germany be avoided by employing more employees – allowing the controller to no longer provide bar service…?

J’ai peut-être tort de redouter l’avenir comme je le fais. Mais le capitalisme est un dogme auquel souscrivent la majorité des états. Dans « libéralisme », j’entends « liberté » mais il s’agit de celle d’entreprendre, de faire le maximum de profit avec le maximum de cynisme, il n’y a pas d’humanité là-dedans. Les possédants ont un pouvoir presque illimité. Par ailleurs, il faut faire partie de l’establishment pour être écouté. Je peux vous donner des exemples innombrables de personnes qui ont fait une découverte intéressante, favorable à l’humanité, ou qui ont simplement développé des idées novatrices, mais n’ont pas été écoutées. Parce qu’elles étaient des femmes, ou trop jeunes, ou que la couleur de leur peau ne convenait pas.
I may be wrong to dread the future as I do. But capitalism is a dogma to which the majority of states subscribe. In « liberalism » I mean « freedom » but it is about doing business, making the most profit with the most cynicism, there is no humanity in that. Owners have almost unlimited power. Besides, you have to be part of the establishment to be listened to. I can give you countless examples of people who have made an interesting discovery, beneficial to humanity, or who have simply developed innovative ideas, but have not been listened to. Because they were women, or too young, or the color of their skin did not suit.

Dans le livre Ultima Thulé, Jean Malaurie détaille des catastrophes qu’ont connues les explorateurs des hautes latitudes. Les militaires, fiers de leur soi-disant supériorité, n’ont pas su écouter des personnes compétentes… mais qui ne faisaient pas partie du sérail. Quant aux autochtones, vous n’y pensez pas, ces sauvages puants nourris de viande crue ! Les explorateurs ne réalisaient même pas que les sauvages vivaient depuis « toujours » dans ces conditions extrêmes et perpétuaient l’espèce. Ils n’ont pas dérogé à leurs habitudes : « On n’est pas des mauviettes ! » tirant eux-mêmes leurs traîneaux, portant des vêtements de laine absolument inadaptés car vite mouillés.
In the book Ultima Thulé, Jean Malaurie details the disasters experienced by high latitude explorers. The soldiers, proud of their so-called superiority, did not know how to listen to competent people… but who were not part of the seraglio. As for the natives, don’t you think, those stinking savages fed on raw meat! The explorers didn’t even realize that the savages had « always » been living in these extreme conditions and perpetuating the species. They did not deviate from their habits: « We are not wimps! » themselves pulling their sleds, wearing absolutely unsuitable woolen clothes because they quickly get wet.

Nous voilà loin du smartphone, mais les comportements humains n’ont pas changé depuis cette époque lointaine. Je parlais de libéralisme, cette doctrine est en totale contradiction avec la protection de la planète. L’arrogance (ignorante ?) de nos dirigeants justifie mon inquiétude.
Et je ne suis pas la seule. Il y a dans l’air une angoisse généralisée qui s’exprime, par exemple dans les vœux : « je te souhaite une année meilleure que la précédente. » Il est devenu commun de tenir des propos défaitistes.
We are a long way from the smartphone, but human behavior has not changed since those distant times. I was talking about liberalism, this doctrine is in total contradiction with the protection of the planet. The (ignorant?) arrogance of our leaders justifies my concern.
And I’m not the only one. There is a general anguish in the air that is expressed, for example in the wishes: « I wish you a better year than the last. » It has become common to make defeatist talk.

Cela fait vraiment longtemps que j’ai cessé d’imaginer le progrès tel une flèche pointée dans la bonne direction. Mais je devrais dire « innovation », « invention » ou « découverte », des mots plus neutres… Et les jeunes générations découvrent très tôt qu’un progrès ne va peut-être pas être une bonne chose : quelle confiance accorder aux OGM, aux vaccins distribués sans nuance ni information ? Et n’oublions pas la fabrication d’armes plus meurtrières, ou le remplacement des êtres humains par une machine.
Je suis totalement incapable de me débrouiller par mes propres moyens : lâchée dans la nature, je ne saurais pas me nourrir, m’abriter, fabriquer mes vêtements. Je fais donc partie par la force des choses de cette société qui a aussi ses bons côtés.
It’s been a really long time since I stopped imagining progress as an arrow pointing in the right direction. But I should say « innovation », « invention » or « discovery », more neutral words… And the younger generations are discovering very early that progress may not be a good thing: what confidence to have in GMOs, in vaccines distributed without nuance or information? And let’s not forget about making more lethal weapons, or replacing human beings with a machine.
I am totally unable to manage on my own: let loose in nature, I would not know how to feed myself, shelter myself, make my clothes. I am therefore part of this society by necessity, which also has its good sides.

Je vais dire une évidence : le problème, c’est l’usage qui est fait des innovations technologiques. En Allemagne, la porte de notre chambre s’ouvrait avec un code, facile à changer à notre départ. Pas de clé qui se perd, personne pour nous accueillir, tout est commandé à distance.
I will say the obvious: the problem is the use that is made of technological innovations. In Germany, the door to our room opened with a code, which was easy to change when we left. No lost keys, no one to welcome us, everything is controlled remotely.

Quittons enfin ces réflexions, j’ignore si elles ont un intérêt autre que mettre des mots sur mes ressentis. Entrons dans le musée de peinture Paula Becker. Nous y trouvons avec grand plaisir des œuvres de Séraphine Louis, « la » Séraphine que Yolande Moreau a fait connaître.
Let’s finally leave these thoughts, I don’t know if they have an interest other than putting words to my feelings. Let’s enter the Paula Becker painting museum. We find there with great pleasure works by Séraphine Louis, « the » Séraphine that Yolande Moreau made known.

Cette tête si gracieuse est un autoportrait de Paula Becker.
This graceful head is a self-portrait of Paula Becker.

Nous avons visité le musée scientifique « Universum ». Vous lui trouverez la forme d’un véhicule extra-terrestre ou d’une moule selon vos préférences.
We visited the science museum « Universum ». You will find the shape of an extraterrestrial vehicle or a mold according to your preferences.

Des écrans sont disséminés partout dans le musée, chacun avec le portrait d’une personne dont le nom figure à côté. Cette personne vous suit des yeux, puis croise les bras en vous accordant un sourire aimable. Quand vous êtes trop loin, elle se contente de vous regarder. Je ne connais pas grand-chose de plus désagréable que ce regard.
Screens are scattered throughout the museum, each with the portrait of a person whose name appears next to it. This person follows you with their eyes, then crosses his arms and gives you a friendly smile. When you’re too far away, he just stares at you. I don’t know of anything more unpleasant than that look.

Quant au musée Focke, il est désert, et un employé s’improvise notre guide pendant plus d’un heure et demie : passionnant. Commençons par ce robot vieux de plusieurs siècles, que l’on revêtait d’une armure, et qui saluait les arrivants…
As for the Focke Museum, it is deserted, and an employee acts as our guide for more than an hour and a half: fascinating. Let’s start with this centuries-old robot, who was dressed in armor, and who greeted newcomers…

La robe blanche est une tenue pour le sport !
The white dress is an outfit for sports!

Avant de vous quitter, je vous invite à lire le point de vue de Paul en cliquant sur ce lien. Et je vous laisse avec un proverbe à méditer :
Quand Greta Thurnberg montre la pollution, l’imbécile regarde le doigt.
Before leaving you, I invite you to read Paul’s point of view by clicking on this link. And I leave you with a proverb to ponder:
When Greta Thurnberg shows pollution, the fool looks at the finger.

2 réflexions sur « Le monde de demain — The world of tomorrow »

  1. J’ai un mini dictionnaire de poche de tous les pays que j’ai visités (y compris norvégien et chinois). Au pire on peut toujours essayer de montrer un mot écrit.

    • En voyage en Chine, des amis ont écrit le nom de leur destination sur un papier, cherchant quelqu’un qui leur ferait la gesticulation appropriée pour leur dire par où y aller. Mais le Chinois interpelé a gentiment pris le papier et y a écrit la réponse…

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