Qui a besoin de la guerre ?
Certainement pas les habitants d’un pays. Qu’importe pour eux de se trouver de ce côté-ci de la frontière ou de l’autre (dans le cas des guerres de conquêtes), du moment que leur pays, de naissance ou d’adoption, est gouverné par de sages pacifistes.
Dans ces conditions, il n’y aurait plus de frontières politiques. La frontière ne serait plus qu’une rivière ou une chaîne de montagnes, une limite physique.
Who needs war? Certainly not the inhabitants of a country. What does it matter to them whether they are on this side of the border or the other (in the case of wars of conquest), as long as their country, by birth or adoption, is governed by wise pacifists.
In such conditions, there would no longer be any political borders. The border would be nothing more than a river or a mountain range, a physical limit.
Qui a besoin de la guerre ?
– les gradés, pour gagner de nouveaux grades bataille après bataille,
– l’industrie de l’armement, pour qui la guerre doit s’éterniser : plus il y a de morts, plus il faudra de nouvelles munitions. Un tank détruit c’est une aubaine pour le fabricant !
– d’autres industriels, les marchands du domaine de la (re)construction. Pour eux aussi, le conflit est source de bénéfices substantiels, et plus il y a de bombardements, plus il y aura de contrats.
– et bien sûr les chefs d’état qui veulent repousser les frontières de leur pays. Aura-t-on de quoi manger plus si on gagne de la surface ?
Mais un pays n’a pas besoin de risquer sa destruction, ou celle des voisins. Il y a d’autres solutions, Montaigne le savait déjà.
Who needs war?
– the officers, to gain new ranks battle after battle,
– the arms industry, for whom war must drag on: the more deaths there are, the more new ammunition will be needed. A destroyed tank is a godsend for the manufacturer!
– other industrialists, the merchants in the field of (re)construction. For them too, conflict is a source of substantial profits, and the more bombings there are, the more contracts there will be.
– and of course the heads of state who want to push back the borders of their country. Will we have more to eat if we gain surface area?
But a country does not need to risk its destruction, or that of its neighbors. There are other solutions, Montaigne already knew that.
On a décidé qu’il était légal de mettre une machine à tuer dans les mains d’un être humain, de le contraindre à l’utiliser, fût-ce au prix de sa propre vie s’il refuse.
Je ne reconnais pas cette légalité-là.
It was decided that it was legal to put a killing machine in the hands of a human being, to force him to use it, even at the cost of his own life if he refuses.
I do not recognize that legality.
Le débat n’est jamais clos, celui sur notre animalité, sur l’obligation d’être le plus fort pour gagner. Certains évoquent notre « cerveau reptilien » qui justifie tous les excès.
Mais les soldats à qui on a inculqué la haine de « l’ennemi » s’aperçoivent le plus souvent qu’il s’agit de braves types, comme eux.
Végétales ou animales, de nombreuses espèces pratiquent l’entraide, et ce n’est pas forcément altruiste.
The debate is never closed, the one on our animality, on the obligation to be the strongest to win. Some evoke our « reptilian brain » which justifies all excesses.
But the soldiers who have been instilled with hatred of the « enemy » most often realize that they are good guys, like them.
Plant or animal, many species practice mutual aid, and it is not necessarily altruistic.
J’ai vu à plusieurs reprises des souches de résineux modifiées par l’anastomose : quand l’arbre a été abattu, ses voisins ont envoyé de la sève dans l’idée de cicatriser complètement cette blessure. Parfois, la souche est recouverte d’écorce, parfois seulement d’un bourrelet. Les arbres sont reliés entre eux, partagent leurs nutriments, et s’exposent à se transmettre des maladies. Cette forme d’entraide n’est pas altruiste, l’arbre coupé est mort et bien mort, les arbres vivants se protègent des maladies que provoquent les coupures (nous le savons quand nous désinfectons une plaie).
I have seen several times coniferous stumps modified by anastomosis: when the tree was cut down, its neighbors sent sap in the idea of completely healing this wound. Sometimes, the stump is covered with bark, sometimes only with a ridge. The trees are connected to each other, share their nutrients, and expose themselves to transmitting diseases. This form of mutual aid is not altruistic, the cut tree is dead and well dead, living trees protect themselves from the diseases caused by cuts (we know this when we disinfect a wound).
Je ne vais même pas évoquer l’entraide chez les animaux, car tout le monde a déjà vu d’étranges alliances, une poule ou une chienne élevant des chatons… Celui qui aide ne s’occupe pas de savoir si nous sommes de la même espèce.
I won’t even mention animal mutual aid, because everyone has seen strange alliances, a hen or a dog raising kittens… The one who helps doesn’t care whether we are of the same species.
Quand j’avais entre dix et quinze ans je pense, j’avais lu un récit effroyable : aux États Unis, un homme avait ouvert le feu sur la foule jusqu’à ce que lui-même soit abattu. Était-ce la première fois que cela se produisait ? Pour moi oui. Plus tard j’ai su que ces scènes de massacre se renouvellent. Sont-elles plus fréquentes aujourd’hui ? Je n’ai pas vraiment envie de creuser la question.
Il s’agit d’une tuerie de masse.
When I was between ten and fifteen, I think, I read a terrible story: in the United States, a man opened fire on a crowd until he himself was shot. Was this the first time this had happened? For me, yes. Later I learned that these scenes of massacre are happening again. Are they more frequent today? I don’t really want to delve into the question.
This is a mass shooting.
Le tueur peut se trouver dans différentes situations : le tueur de masse est un criminel, souvent exécuté sur les lieux de ses crimes. Le soldat est un héros. Mais il peut lui arriver aussi de faire partie du peloton d’exécution, il ne tire plus sur le soi-disant « ennemi », mais sur les siens, soi-disant traîtres. Il participe à l’exécution de ses propres camarades, c’est bien pire que de tirer sur des inconnus. De nombreux récits font état des terribles désordres psychologiques générés par de telles situations.
The killer can be in different situations: the mass murderer is a criminal, often executed at the scene of his crimes. The soldier is a hero. But he can also be part of the firing squad, he no longer shoots the so-called « enemy », but his own, so-called traitors. He participates in the execution of his own comrades, which is much worse than shooting strangers. Many stories tell of the terrible psychological disorders generated by such situations.
Position du tueur de masse
Mass Killer Position
Position du soldat
Soldier’s position
Position du soldat dans le peloton d’exécution
Position of the soldier in the firing squad
Vous me direz – le direz-vous ? – que celui qui ouvre le feu sur la foule, le tueur de masse, c’est pas pareil, il provoque un événement assimilable à la guerre dans une région qui n’est pas en guerre, mais cette différence, est-ce qu’elle compte ? Les habitants d’un pays en guerre trouvent-ils normal d’entendre jour et nuit le bruit des bombes ? La guerre, est-ce normal ?
You will tell me – will you say it? – that the one who opens fire on the crowd, the mass murderer, is not the same, he provokes an event similar to war in a region that is not at war, but does this difference matter? Do the inhabitants of a country at war find it normal to hear the noise of bombs day and night? Is war normal?
La guerre est un crime permanent contre l’humanité. Je ne comprends pas comment le fait de faire mourir les gens du pays d’à côté peut donner des droits. Le plus gros tueur, le plus efficace a gagné ! De part et d’autre de la frontière, tous ceux qui aspiraient à une existence tranquille ont tout perdu. Même ceux du côté gagnant.
War is a permanent crime against humanity. I don’t understand how killing people from the neighboring country can give rights. The biggest killer, the most efficient one, has won! On both sides of the border, all those who aspired to a quiet existence have lost everything. Even those on the winning side.
Forgotten apples on the tree
Arrivés là, vous vous demandez sans doute en quoi mon blog est une image fidèle de notre quotidien ? Eh bien, certains événements me poussent à partager ces réflexions, pas nouvelles pour moi. Il s’agit moins du paysage qui se déroule sous nos yeux que des pensées qui se multiplient sous mes pas.
C’est un chemin tortueux…
At this point, you are probably wondering how my blog is a true reflection of our daily lives? Well, certain events push me to share these thoughts, not new to me. It is less about the landscape that unfolds before our eyes than about the thoughts that multiply under my feet.
It is a tortuous path…
Voici dans quelles circonstances j’ai décidé de les partager avec vous.
Le 22 janvier, je reviens, en train, d’une brève visite à ma famille. Maintenant, les contrôles ne sont pas systématiques, un TER peut rouler sans contrôleur, et quand des contrôles ont lieu, c’est une équipe complète qui s’en charge.
Je vois en effet monter dans le train deux contrôleurs et cinq responsables de la sécurité ! Ils passent, repassent, pour finir se regroupent autour d’un voyageur sans billet au moment où je m’approche de la sortie pour ne pas rater ma correspondance. L’auteur du « délit » n’a aucun document d’identité, mais il a un téléphone : un contrôleur s’en sert pour je ne sais quelle vérification, utilisant aussi son propre appareil. Toute l’escouade fait un demi-cercle autour du voyageur. Parmi eux, une femme au regard dur qui lui dit « sortez les mains des poches. » L’homme obéit sans répondre.
Enfin le contrôleur imprime je ne sais quel papier qu’il remet au voyageur en lui précisant les modalités de payement. Comme je ne suis pas loin j’en entends un autre déclarer qu’un peu plus loin, il y a deux jeunes sans billet, ils sont « chauds »: le staff part affronter ces nouveaux « délinquants ».
Here are the circumstances in which I decided to share them with you.
On January 22, I returned by train from a brief visit to my family. Now, checks are not systematic, a TER (Regional Express Train – Train Express Régional) can run without a controller, and when checks take place, it is a full team that takes care of them.
Indeed I see two controllers and five security officers getting on the train! They pass, repass, to end up gathering around a traveler without a ticket as I approach the exit so as not to miss my connection.
The author of the « crime » has no identity document, but he has a telephone: a controller uses it for some kind of check, also using his own device. The whole squad forms a semicircle around the traveler. Among them, a woman with a hard look who tells him « take your hands out of your pockets. » The man obeys without answering.
Finally the controller prints out some paper or other that he gives to the traveler, specifying the payment terms. As I am not far away, I hear another one declare that a little further on, there are two young people without tickets, they are « hot »: the staff goes to confront these new « delinquents ».
Unexpected encounter
Personne n’a bougé, personne n’a rien dit. J’aurais bien demandé au gars quelque chose comme « ça va aller ? » mais souhaitait-il qu’on lui parle ?
Je suis effarée par l’attitude des agents de la sécurité ou les contrôleurs : j’ai trouvé ridicule l’appréhension qu’ils éprouvaient peut-être. Leur a-t-on dit, en formation, que l’individu le plus tranquille et le plus lisse peut se déchaîner et devenir criminel sans prévenir ?
Pire, chacun d’entre eux n’a-t-il pas été victime d’agression, ou bien son collègue ? Leur méfiance que je trouve excessive serait-elle justifiée ?
No one moved, no one said anything. I would have asked the guy something like « are you okay? » but did he want to be talked to?
I am appalled by the attitude of the security officers or the controllers: I found the apprehension they may have felt ridiculous. Were they told in training that the quietest and smoothest individual can go wild and become a criminal without warning?
Worse, hasn’t each of them been the victim of an assault, or has their colleague? Is justified their distrust, which I find excessive ?
Long term parking
Pour moi les comportements agressifs sont un des symptômes de notre société malade. Bien sûr, je simplifie un peu trop, rêvant d’un monde fraternel où l’inconnu que tu croises est la promesse de découvrir une belle personne.
For me, aggressive behavior is one of the symptoms of our sick society. Of course, I am simplifying a little too much, dreaming of a fraternal world where the stranger you meet is the promise of discovering a beautiful person.
Sauf précision contraire, les photos de cette page ont été prises le 25 janvier lors d’une jolie balade entre Brangues et le-Bouchage. À la place du froid, un soleil très doux nous a accompagnés quand il sortait des nuages.
Unless otherwise specified, the photos on this page were taken on January 25 during a lovely walk between Brangues and le-Bouchage. Instead of the cold, a very mild sun accompanied us when it came out of the clouds.