Le 21 février 2016, Paul et moi menons notre routine quotidienne. Je l’aide à couper du bois pour ranger dans la chaufferie, il ne fait pas trop froid et on est bien dehors.
Nous voyons passer sur la route des gens que j’appelle « les sud-Américains » à défaut de connaître leur nom. Plus tard, je saurai que Roland est français, j’ai d’ailleurs eu pour élèves deux de ses petites-filles ! Édith est du Paraguay. Je dirais même qu’elle est Uruguayo-Paraguayenne.
Trois ans plus tard, tous deux sont de nouveau au loin. Quand les reverrons-nous ? Irons-nous en Uruguay leur rendre visite ?
En janvier de cette année-là, on a fait pas mal de balades, la saison le permet si la météo n’est pas défavorable. On est passés par l’étang de Ry le 26 janvier, on y est retournés avec Ariane et Renato quatre jours plus tard. Quand on part avec nos amis on préfère les parcours qu’on connaît déjà. Ce 21 février 2016, c’est à Charette que nous allons, juste tous les deux. Et il se passe trois ans cette fois avant que nous refassions la virée, toujours avec Ariane et Renato, le 17 février 2019.
C’est par pur hasard que les deux balades ont lieu pratiquement à la même date. Je m’en apercevrai le soir, en fouillant dans mes archives. Alors je trouve intéressant de comparer les deux sorties confrontées au souvenir que nous en avions. Nous étions persuadés d’être passés par là à la belle saison, printemps ou été, qu’importe. Nous avons été surpris de voir que ce n’était pas le cas.
Et puis, cette durée, trois ans, m’a remis en mémoire une poésie sur laquelle j’avais cartonné au lycée en première.
Nous avons reconnu aisément les détails remarquables, tel ce bassin. On n’est pas loin de la cité de la pierre, Montalieu. Les carrières désaffectées sont fréquentes. Il y en a aussi en activité.
La pierre est utilisée pour toutes sortes de réalisations, elle est une des caractéristiques de l’Isle Crémieu.
En 2016, c’était le début de l’invasion des buis par les pyrales : nous avons cru à tort que ce joli papillon citron en était une. Les pyrales sont aussi de magnifiques papillons de petite taille, mais ils n’ont rien à voir avec celui-ci!
Depuis, nous avons assisté au désastre pour les buis. Nous avons marché dans des bois de buis nus, avec des nuées de pyrales affamées, victimes de leur succès : trop nombreuses, elles n’avaient plus rien à manger. J’ai réussi à protéger nos deux petits buis et même celui d’Ariane, mais la région a beaucoup souffert. Il y a même eu des interdictions de balades dans l’Ain à cause des risques d’incendie.
Les photos qui précèdent datent toutes de 2016.
Cette année, nous n’avons vu ni fleurs, ni papillons…
Bien sûr, nous avons reconnu le hameau de La Craz, la chapelle, la route qui y conduit, le bassin en pierre, le bois…
Chez Angelo cependant, une de ses sculptures a disparu :
Mais les deux lamas sont toujours là…
…ainsi que le rapace.
Ici se trouve la jonction de deux itinéraires, « le sentier des Bigues » suit notre parcours pendant quelques temps.
Les bigues sont des poteaux de pierre servant de piquet.
Le sentier des bigues passe au milieu des bigues, des chapits (sorte de cabanes en dalles de grandes dimensions) et des palis (sauf erreur de ma part, ce sont ces grandes dalles dressées qui servent de clôture un peu partout dans la région).
Nous avons été un peu désorientés il y a trois ans car à cause de l’une des carrières déjà évoquées, notre sentier ne correspondait plus au tracé de la carte. En fait il suffit de prendre le petit raidillon à droite sur la photo.
Cette année, malheureusement, c’est pour une autre raison que nous avons été désorientés. Arrivés sur le plateau, nous n’avons pas reconnu le paysage tel qu’il apparaît ici:
Tout a été rasé, déraciné, broyé… On traverse une étendue style champ de tir. Bien entendu je ne fais aucun cliché du désastre. Je suis contente d’avoir fait cette photo pendant qu’il en était encore temps en 2016.
Un autre changement beaucoup plus sympathique a eu lieu : nous ouvrons la machine à laver-bibliothèque, tout joyeux de trouver des livres bien lessivés, de bonne qualité. Il y en a partout, des livres baladeurs, inutile de dire à quel point nous approuvons l’initiative !
En rédigeant cette chronique, je me suis remis en mémoire la poésie de Verlaine : Après trois ans
« Rien n’a changé » dit-il. « Chaque alouette qui va et vient m’est connue. » Peut-être a-t-il raison finalement…
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