Détricotage

Là où tu as le plus de mal, c’est pour trouver le début. Le fil conducteur. Après, ça va tout seul. Ça se tricote  point après point, mot après mot. Parfois il faut défaire un rang ou rattraper une maille perdue, mais c’est parti, te voilà lancée…
The most difficult is to find the beginning. The conducting wire. After that, it goes by itself. You knit point after point, word after word. Sometimes you have to undo a row or make up for a lost stitch, but it’s gone, here you go …

Tu te promets de ne pas parler du sujet qui nous obsède tous…
enfin de ne pas trop en parler…
enfin d’en parler le minimum…
enfin de ne rien dire si tu n’as rien à ajouter – la semaine dernière tu en as proposé une approche qui n’avait à ta connaissance pas encore été faite.
You promise to yourself not to talk about the subject that obsesses all of us …
finally not to talk about it too much…
finally to talk about it the minimum …
finally say nothing if you have nothing to add – last week you proposed an approach that probably hadn’t been done yet.

Ce qui n’interdit pas de laisser la parole aux artistes, pour le plaisir des écoutes amicales.
This does not mean that artists should not be allowed to speak, for the pleasure of friendly listening.

C’est comme si rien n’avait changé
Y’a un soleil presque d’été
Le chat qui ronronne au matin
Cette impression que tout va bien
(…)
Le président a dit « C’est la guerre »
Tiens pour une fois, il fait pas l’fier
(…)
Les médecins disent : « On manque de tout
On pourra pas t’nir longtemps l’coup »
(…)
Dans l’hôpital qui traîne ses grèves
On donne sa vie pour pas qu’on crève
Même si pas plus tard qu’hier
On matraquait les infirmières
(…)

It’s like nothing has changed
There is an almost summer sun
The cat that purrs in the morning
This feeling that everything is fine
(…)
President said « It’s war »
Well for once, he isn’t proud
(…)
Doctors say, « We lack everything
We won’t be able to hold out long »
(…)
In the hospital dragging its strikes
One gives one’s life for other not die
Even if not later than yesterday
The nurses were clubbed
(…)

Merci à toi, Éric, pour ton « ennemi invisible », j’espère que d’autres t’écouteront, ici.
Thank you, Eric, for your« ennemi invisible », I hope others will listen to you here.

Elles se battent pour les autres
Ils se battent pour les autres
Elles se dévouent pour les autres
Ils se dévouent pour les autres
Pour leur honneur et pour le nôtre

Voilà enfin
venu le jour
Où on les applaudit
(…)
Que leur vocation
Ne soit plus
La cause de leurs souffrances  

They fight for others
They fight for others
They are devoted to others
They are devoted to others
For their honor and for ours

Here finally
the day is coming
When we applaud them
(…)
May their vocation
No longer be
The cause of their suffering

Merci, HK et les saltimbank, pour ce « pour les autres », déjà beaucoup écouté depuis le 15 avril. Accessible ici.
Thank you, HK and the saltimbank, for this « pour les autres », already listened to since April 15. Accessible here.


Les artistes sont innombrables à enregistrer, se regroupant techniquement sans quitter leur lieu de confinement. Ils sont je crois plus de quarante à interpréter « la tendresse » — symphonie confinée.
There are countless artists to record, gathering technically without leaving their place of confinement. I believe there are more than forty to interpret « la tendresse » — symphonie confinée.

Nous venons de découvrir John Prine, mort du Covid-19. Heureusement, nous pourrons l’écouter ! Joan Baez lui a rendu hommage. Elle enregistre je crois chaque jour une nouvelle chanson, chez elle. Elle a rendu hommage aux Français en chantant « la chanson pour l’Auvergnat ».
We just discovered John Prine, died of the Covid-19. Fortunately, we can listen to him! Joan Baez paid tribute to him. She records a new song every day, at home. She paid tribute to the French by singing « la chanson pour l’Auvergnat ».

Revenus au Charbinat au tout début du confinement, nous reprenons nos paisibles activités agricoles. Gaëlle continue ses études en télé-travail, et Séb revient d’Espagne « à bride abattue ». En Suisse, ça n’a pas traîné, Dom est déjà en télé-travail.
Returned to Charbinat at the very beginning of confinement, we resume our peaceful agricultural activities. Gaëlle continues her studies in teleworking, and Séb returns from Spain « like greased lightning ». In Switzerland, it has not dragged on, Dom is already on telework.

La météo d’avril est d’une douceur exceptionnelle. Paul travaille souvent en tee-shirt.
The weather in April is exceptionally mild. Paul often works wearing a t-shirt.

Jean-Pierre et Chantal sont confinés chez eux. Leur rythme de vie agité change brusquement. Ils trouvent enfin le temps de faire ce qu’ils rêvaient de faire depuis qu’ils ont aménagé. Jean-Pierre décide d’aider tous les jours à l’arrosage du jardin. Chantal aussi donne de sérieux coups de mains. Tous les deux finissent de transporter les feuilles mortes que j’aurais dû porter moi-même à l’automne !
Jean-Pierre and Chantal are confined in their home. Their restless lifestyle suddenly changes. They finally have the time to do what they dreamed of doing since they moved in. Jean-Pierre decides to help watering the garden every day. Chantal also gives serious help. Both of them finish transporting the dead leaves that I should have carried myself in autumn!

Jean-Pierre utilise la tondeuse et apprend à se servir du rotofil. Après leur passage à tous les deux, on sait que le travail sera fait et bien fait ! Quand il utilise la tondeuse, Jean-Pierre fait les finitions avec la pioche : c’est un travail plus pénible mais bien plus efficace.
Jean-Pierre uses the mower and learns to use the weedwacker. After both of them come, we know that the job will be done and done well! When he uses the mower, Jean-Pierre does the finishing with the pickaxe: it is more arduous but much more efficient work.

J’avais commencé un gros travail sur le pommetier : il était envahi de plantes indésirables, ronces, clématites sauvages, lierre, chèvrefeuille… J’avais taillé très sévèrement le rosier à côté, puis je m’étais attaquée à l’arbre… Pour détruire ses envahisseurs, il m’a fallu le tailler lui aussi, et le résultat est bizarre : quand il aura bien repoussé sa silhouette devrait être intéressante.
I had started a big job on the crabapple: it was invaded by unwanted plants, brambles, wild clematis, ivy, honeysuckle… I had cut the rose very severely next to it, then I had attacked the tree… For to destroy its invaders, I had to cut it too, and the result is weird: when it has regrown its silhouette should be interesting.

La situation avant de commencer - à droite sur la photo. The situation before to start - right on the photo.




Au moment le plus beau de sa floraison, comme je n’étais pas motivée pour faire des photos… il n’y en a pas, alors qu’elle a été magnifique.
At the most beautiful moment of its flowering, as I was not motivated to take photos … there is none, when it was magnificent.

Je taille aussi les framboisiers. Un arbre mort est tombé dans les groseilliers l’année dernière, là aussi il y aura un long travail pour permettre à Paul de couper l’arbre à la tronçonneuse. Jean-Pierre et Chantal terminent le nettoyage de cet emplacement.
I also prune the raspberries. A dead tree fell in the gooseberries last year, there too there will be a long labor to allow Paul to cut the tree with the chainsaw. Jean-Pierre and Chantal finish cleaning this place.

Un cornouiller a été abimée par la seule chute de neige de l’hiver. Pour celui-là, pas de pitié : Paul le coupe presque à ras.
Il y a des branches coupées partout, Paul utilise le broyeur pendant des heures…
Trois semaines après, des branches minuscules annoncent sa reprise : il semble survivre à ce que nous lui avons fait subir.

A dogwood tree was damaged by the only snowfall in winter. For this one, no pity: Paul cuts it almost to the brim.
There are cut branches everywhere, Paul uses the wood chiper for hours…
Three weeks later, tiny branches announce its recovery: it seems to survive what we did to it.

Paul n’apparaît pas beaucoup dans ces paragraphes, pourtant c’est lui qui passe le plus de temps au jardin : il arrose, il sème, il bine, et déjà il récolte radis, salades, de temps en temps de l’oseille ou les dernières feuilles de blette avant que les plants montent en graine. Il surveille la croissance des pommes de terre précoces. Il a de nouvelles pratiques surprenantes et efficaces : semer les haricots dans des godets, quand on les met en pleine terre, déjà vigoureux, ils ne seront pas attaqués au début de leur croissance.
Paul does not appear very much in these paragraphs, yet it is he who spends the most time in the garden: he waters, he sows, he hoes, and already he harvests radishes, salads, occasionally sorrel or the last chard leaves before the plants go to seed. He monitors the growth of early potatoes. He has new surprising and effective practices: sow beans in pots, when they are placed in the ground, already vigorous, they will not be attacked at the beginning of their growth.

Je l’aide à repiquer cent vingt pieds de tomates dans des godets plus grands – beaucoup de ces tomates étaient destinées à des échanges, interdits maintenant par le confinement.
I help him transplant one hundred and twenty feet of tomatoes into larger pots – many of these tomatoes were used for trade, now prohibited by containment.

Paul surveille la pluie qui ne vient pas, le gel qui fait un peu de dégât…
Paul watches over the rain that doesn’t come, the frost that does a bit of damage…

Une fois revenu d’Espagne, une fois le Chamion garé, Séb prend le temps de laisser mûrir de nouveaux projets. Il aime travailler le bois, le voilà parti à fabriquer une table de jardinier pour Paul, une table à pique-nique pour nous tous, sans oublier une expédition pour rapporter d’énormes morceaux de chêne – j’avais raconté le début de l’aventure mi-janvier. Il invente un tamis qui permet à Paul de passer de la terre sans se faire mal au dos. Il commence à construire une mezzanine pour la cabane au fond du parc, mais les magasins sont fermés et pour le moment, impossible d’acheter le plancher nécessaire.
Once back from Spain, once the Chamion is parked, Séb takes the time to let new projects ripen. He likes to work with wood, here he goes to make a gardener table for Paul, a picnic table for all of us, without forgetting an expedition to bring back huge pieces of oak – I had told the beginning of the adventure mid-January. He invents a sieve which allows Paul to pass from the soil without hurting his back. He begins to build a mezzanine for the cabin at the back of the park, but the stores are closed and for the moment, it is impossible to buy the necessary floor.

banc réglable ! - adjustable bench!




Gaëlle est surchargée de travail. Quand elle a un peu de temps, elle prépare un humous (excellent), pour Pâques elle cuisine des biscuits délicieux. Je l’accompagne de temps en temps pour une courte marche.
Gaëlle is overworked. When she has few time, she prepares a humous (excellent), for Easter she cooks delicious cookies. I accompany her from time to time for a short walk.

Saskatoon la chatte est montée dans l’arbre, effrayée par les chats des environs, et n’a pas su redescendre. Je n’ai pas pris de photo de nos expéditions diverses en haut d’une échelle pour essayer en vain de l’attirer. L’aventure a duré deux jours. Elle a fini par apparaître un matin à la porte de la maison, après avoir vaincu son appréhension…
Saskatoon the cat climbed into the tree, frightened by nearby cats, and was unable to descend. I didn’t take a picture of our various expeditions at the top of a ladder to try in vain to attract her. The adventure lasted two days. She finally appeared one morning at the door of the house, after having overcome her apprehension …

Le muguet fleurit en avance, ce n’est pas la première fois… J’ai déjà cuisiné de la rhubarbe, je peux recommencer. L’oseille qui pousse dans les bacs de Paul nous vient de mes grands-parents, cette plante aurait plus de 70 ans. J’en parle à mon père (je continue à lui téléphoner tous les jours) et nous échangeons nos souvenirs, Nîmes, j’avais quatre ans, mes cousines. Le village de Larnas où j’ai vécu jusqu’à huit ans, toujours prête avec ma sœur à faire des bêtises quand nous partions explorer les environs. Le village est méconnaissable, soixante ans plus tard !
Lily of the valley flowers in advance, this is not the first time … I’ve already cooked rhubarb, I can start over. The sorrel that grows in Paul’s tub comes from my grandparents, this plant would be over 70 years old. I talk to my father about it (I keep calling him every day) and we exchange our memories, Nîmes, I was four years old, my cousins. The village of Larnas where I lived for up to eight years, always ready with my sister to make foolery when we left to explore the surroundings. The village is unrecognizable, sixty years later!


 

2 réflexions sur « Détricotage »

  1. Bien sympa cette chronique, les photos sont belles comme d’hab’, ça fait du bien de voir le parc, on peut s’y évader en pensées.
    Bravo à Seb pour ses talents de menuisier, la table est superbe.
    Portez-vous bien !

    • Merci Jérôme, assidu lecteur et commentateur !
      Oui, on a vraiment de la chance de profiter d’ici.
      Séb fait en effet du travail ou plutôt des travaux superbes. Son exploration de l’Espagne a connu un arrêt brutal, et il est parti sur autre chose. Comment dire : ce n’est pas « par défaut » qu’il s’est lancé dans le travail du bois, c’est un vrai nouveau projet en utilisant les ressources du cru.
      C’est pas vraiment difficile ici pour bien se porter !

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