Le bric-à-brac habituel

 

Balade au bord du Rhône — Walk along the Rhône

BIG BROTHER IS WATCHING YOU!
Sur le site du gouvernement il y a un tutoriel pour fabriquer des masques. Youtube étant désactivé, il faut, je cite, « autoriser le dépôt de cookies pour accéder à cette fonctionnalité ». Sans avoir le choix de refuser ! Moi qui passe du temps maintenant à refuser l’installation de cookies, sachant que malheureusement, mon refus peut ne pas être respecté, mais je fais ce que je peux, eh bien je n’irai pas regarder la vidéo. Non mais.
On the government website there is a tutorial for making masks. Youtube being disabled, it is necessary, I quote, « to authorize the deposit of cookies to access this functionality ». Without having the choice to refuse! Now I spend time refusing the installation of cookies, knowing that unfortunately my refusal may not be honored, but I do what I can, well I will not watch the video. Or what next.

LES MENTEURS PROFESSIONNELS
Non décidément, je n’arrive pas à croire que Trump a chopé le Covid-19. C’est comme le garçon qui criait tout le temps « au loup », pour s’amuser et faire courir les villageois : le jour où le loup est arrivé, personne n’a bougé et le garçon s’est fait croquer. À force de mentir, plus personne ne vous croit.
PROFESSIONAL LIARS
No really, I can’t believe Trump got the Covid-19. It’s like the boy who shouted « wolf » all the time, to have fun and make the villagers run: the day the wolf arrived, no one moved and the boy got bitten. By dint of lying, no one believes you anymore.

D’ailleurs, qu’il l’ait attrapé ou pas, je m’en fiche : ce qui me préoccupe, c’est que le pays qui s’est proclamé gendarme de la planète soit gouverné par des gens aussi dangereux. Trump parmi d’autres, particulièrement violent.
Besides, whether he caught it or not, I don’t care: what worries me is that the country that has proclaimed itself the world’s policeman is ruled by such dangerous people. Trump among others, particularly violent.

ET NOUS DANS TOUT ÇA
La semaine dernière, en opposition avec ce climat de haine, j’insistais encore une fois sur le lien social. Plus le temps passe plus j’y accorde de l’importance et les dérives états-uniennes ne me donnent pas tort. La pandémie a éveillé en moi une méfiance inattendue vis-à-vis des inconnus : je ne me sens pas tout à fait à l’aise si quelqu’un est trop proche de moi à mon goût. D’autant plus que les gens, lassés de ces précautions, sont nombreux maintenant à refuser les gestes barrière.
AND WHAT ABOUT US
Last week, in opposition to this climate of hatred, I once again insisted on the social bond. The more time passes, the more importance I attach to it and the American excesses do not prove me wrong. The pandemic has awakened in me an unexpected distrust of unknown people: I don’t quite feel comfortable if someone is too close to me for my liking. Especially since many people, tired of these precautions, are now in large numbers to refuse barrier gestures.

J’ai bien dit « des inconnus ». Nous avons modifié notre attitude avec les uns et les autres, les embrassades sont devenues bien rares et réservées à une minorité. Mais la présence de personnes que je connais ne me pose pas problème. Or, connue ou pas, une personne contaminante reste contaminante. Alors que signifie cette méfiance nouvelle que je ressens ? Et qui m’inciterait à m’isoler, à éviter les rencontres ? Encore une confusion, hélas bien encouragée.
I did say « unknown people ». We have changed our attitude with each other, hugs have become very rare and reserved for a minority. But the presence of people I know is not a problem for me. However, known or not, a contaminating person remains a contaminant. So what does this new distrust that I feel mean? And who would encourage me to isolate myself, to avoid dating? Another confusion, unfortunately well encouraged.

ALORS ON VA SORTIR QUAND MÊME
Depuis longtemps je souhaitais remplacer nos assiettes bien endommagées par des neuves. On doit pouvoir acheter des assiettes partout, mais notre modèle vient d’Ikéa, elles nous conviennent. Malgré toutes les réticences expliquées dans les lignes précédentes, il fallait se décider un jour à retourner dans ce magasin.
SO WE’LL GO OUT ANYWHERE
For a long time I wanted to replace our damaged plates with new ones. We should be able to buy plates everywhere, but our model comes from Ikea, they suit us. Despite all the reluctance explained in the previous lines, we had to decide one day to return to this store.

C’est chose faite. Ça n’a pas été facile : les grandes enseignes avaient disparu des façades, le parking était inaccessible, et nous étions arrivés là-bas malgré l’absence de fléchage. Il a bien fallu nous rendre à l’évidence, Ikéa avait déménagé. Depuis si longtemps que plus personne n’en connaissait l’ancienne adresse à part nous. Notons au passage que cet immense local est resté désaffecté depuis.
It’s done. It was not easy: the big signs had disappeared from the facades, the parking lot was inaccessible, and we had arrived there despite the absence of signs. We had to face the facts, Ikea had moved. For so long that no one knew the old address except us. It should be noted in passing that this huge room has remained abandoned since.

Les pingouins de notre espèce qui se retrouvent dans cette situation n’ont plus qu’à sortir leur iPhone et en deux clics ils ont résolu l’énigme. Puisque tout le monde est censé avoir en permanence sous la main de quoi se connecter. Paul et moi avons fait le choix de ne pas (trop) nous équiper, choix difficile car il y a toujours d’innombrables (mauvaises) raisons pour investir…
The penguins like us who find themselves in this situation just have to pull out their iPhone and with two clicks they have solved the riddle. Since everyone is supposed to have something to connect to at all times. Paul and I made the choice not to equip ourselves (too much), a difficult choice because there are always countless (bad) reasons to invest …

On parle d’illectronisme, surtout chez les personnes âgées : à quatre-vingt-treize ans, mon père ne peut plus faire sa déclaration d’impôts car il n’est pas connecté sur internet (même s’il utilise un ordinateur). Son cas n’est pas le pire mais ses difficultés sont déjà grandes. Pour toutes sortes de raisons, un grand nombre de personnes n’ont pas accès à internet, ou ne savent pas s’y retrouver, ce qui revient au même. Pendant le confinement il a été très difficile de travailler pour certains enfants dont les familles ne possèdent pas d’ordinateur, ou encore un seul pour plusieurs enfants. Et c’est un nouveau fossé qui se creuse entre ceux qui savent et possèdent, et les autres.
We talk about « d’illectronisme » (someone who would be illiterate, concerning computers), especially among the elderly: at ninety-three, my father can no longer file his tax return because he is not connected to the internet (even if he uses a computer). His case is not the worst, but his difficulties are already great. For all sorts of reasons, a lot of people don’t have access to the internet, or don’t know how to navigate, which is the same thing. During confinement it was very difficult to work for some children whose families did not have a computer, or even one for several children. And there is a new gap that is widening between those who know and have, and the rest.

Tel était le thème de mes réflexions, alors que nous cherchions où aller depuis ce parking à l’abandon, au milieu du défilé vers les autres hypermarchés des gens pressés dans leur voiture. Renseignés mais à moitié bien, nous nous sommes retrouvés en pleine campagne et quand j’ai pu me garer (comprendre : quitter les voies express) nous avons dérangé Dom qui travaille à domicile, qui nous a aidés à retrouver notre route… Nous étions à dix-sept kilomètres du but.
That was the theme of my thoughts, as we searched for where to go from that abandoned parking lot, in the middle of the parade to the other hypermarkets of people in a hurry in their cars. Informed but half well, we found ourselves in the countryside and when I was able to park (understand: leave the expressways) we disturbed Dom who works at home, who helped us find our way … We were at seventeen kilometers from the goal.

Nous sommes quand même arrivés à destination, et après avoir fait nos emplettes nous avons décidé de manger là, il était tard : comme ça, nous savons que plus rien ne nous attire dans ce magasin, ni les marchandises, ni le restaurant.
Anyway, we arrived at our destination, and after doing our shopping we decided to eat there, it was late: that way, we know that nothing more attracts us to this store, neither the goods, nor the restaurant.

Comme on est bien à la campagne ! Nous en avions une nouvelle fois la preuve. Nous avons fêté cela en ouvrant de nouveaux itinéraires. Nos vélos adaptés au chemin se sont trouvés à faire du tout terrain, ce qui n’était pas prévu du tout.
How good we feel in the countryside! We had proof once again. We celebrated this by opening new routes. Our trail-adapted bikes happened to be off-road, which was not expected at all.

Les buis tués par la pyrale offrent parfois le spectacle magnifique des mousses qui les habillent.
The box trees killed by the moth sometimes offer the magnificent spectacle of the mosses which dress them.

 

Une autre fois, j’ai participé à une sortie dans le cadre de la fête de la nature : une « visite d’une exploitation forestière respectant le couvert forestier et  sa biodiversité » était proposée. Cela s’adressait essentiellement aux forestiers, bon, j’ai fait une jolie balade. Elle se situe dans les bois qui ont servi pendant la guerre à alimenter les gazogènes, et je suis contente car aujourd’hui la forêt est exploitée avec discernement. Les arbres marqués d’un rond rouge ne doivent pas être abattus, les propriétaires font des visites régulières de leur forêt et ont un calendrier précis pour les abattages. Aujourd’hui, cette coupe ne produit que du bois de chauffage, mais dans quelques décennies si les arbres ont poussé comme prévu, on les abattra comme bois d’œuvre. Les branches sont entassées pour se décomposer et nourrir le sol.
Another time, I took part in an outing as part of the Fête de la Nature: a « visit to a forest operation respecting the forest cover and its biodiversity » was offered. This was mostly aimed at foresters, well, I had a nice ride. It is located in the woods that were used during the war to fuel gasifiers, and I am happy because today the forest is used with discernment. Trees marked with a red circle must not be felled, the owners make regular visits to their forest and have a precise schedule for the fellings. Today that cut only produces firewood, but in a few decades if the trees have grown as expected, they will be felled as lumber. The branches are piled up to decompose and nourish the soil.

Je parlais du malaise que les médias ont réussi à me faire ressentir concernant la pandémie, les gestes barrière, les précautions prises ou pas prises. J’aime bien aller au restaurant de temps en temps, un petit plaisir. Mais ce n’est pas sans arrière-pensée que j’ai réservé deux places, juste après la virée catastrophe à Ikéa, dans un petit restau du coin : il nous fallait la preuve qu’on trouve de la vraie nourriture dans un restaurant. Bien sûr, nous y sommes allés en vélo, cela permet de manger le dessert sans scrupules malvenus…
I was talking about the unease that the media managed to make me feel about the pandemic, the barrier gestures, the precautions taken or not taken. I like to go to a restaurant once in a while, a little pleasure. But it was not without ulterior motives that I reserved two places, just after the disaster trip to Ikea, in a small restaurant in the area: we needed proof that we can find real food in a restaurant. Of course, we went there by bike, it allows us to eat the unwelcome unscrupulous dessert …

POURQUOI JE DÉTESTE LES JEANS DÉCHIRÉS
Un qui ne va pas du tout au restaurant : ce garçon de douze ans vu dans le journal télévisé d’Arte. Fils aîné, il remplace son père disparu en travaillant douze heures par jour dans un garage, un boulot très dur qui lui rapporte bien trop peu. Il porte un jean qui a connu des jours meilleurs, mais lui, il ne l’a pas acheté dans une boutique à la mode. Sa famille vit dans une cave sans eau ni électricité. Ça se passe aujourd’hui, en Syrie. Alors les déchirures de son pantalon, il ne les a pas faites exprès, elles sont là parce qu’il utilise toujours le même…
WHY I HATE RIPPED JEANS
One who doesn’t go to a restaurant at all: the twelve-year-old boy seen on Arte’s TV news. Eldest son, he replaces his deceased father by working twelve hours a day in a garage, a very hard job that earns him far too little. He wears jeans that have seen better days, but he didn’t buy them in a trendy store. His family lives in a cellar without water or electricity. It’s happening today in Syria. So the rips in his pants, he didn’t do them on purpose, they’re there because he always uses the same one …

Je détestais déjà le snobisme des pantalons pré-déchirés, préparés je ne sais où dans des ateliers où l’on travaille sans protection, désormais je ne pourrai plus en voir sans penser à ce courageux garçon qui rêve de pouvoir retourner à l’école.
I already hated the snobbery of pre-ripped pants, prepared somewhere in workshops where people work without protection, now I will not be able to see any more without thinking of this brave boy who dreams of being able to go back to school.

L’égalité, le partage, la fraternité sont plus que jamais nécessaires. Et moins que jamais pratiqués. En France, pays mieux loti que la Turquie, le Secours Populaire a vu 45 % de nouvelles demandes, venant de gens qui n’avaient jusqu’à présent jamais fait appel à ses services. Mais le confinement et les suites actuelles ont privé de ressources beaucoup de gens. Ceux-là étaient je suppose intérimaires, vacataires, ou encore ils travaillaient au noir : ils n’ont pas droit au chômage ou à d’autres aides. La pauvreté grandit pendant que les riches s’enrichissent. C’est pour cela que je parle d’égalité, de partage. Non seulement l’ISF devrait être rétabli, mais les fortunes personnelles devraient être limitées. Je ne suis pas la seule à dire que l’argent doit être gagné, mérité, et que l’argent ne doit pas rapporter d’argent.
Equality, sharing, fraternity are more necessary than ever. And less than ever practiced. In France, a country better off than Turkey, Secours Populaire saw 45% of new requests, coming from people who had never used its services until now. But the confinement and current aftermath have deprived many people of resources. These were I suppose temporary workers, or they were moonlighting: they are not entitled to unemployment or other aid. Poverty grows as the rich get richer. That’s why I’m talking about equality, about sharing. Not only should the ISF (wealth tax) be restored, but personal fortunes should be limited. I’m not the only one who says that money should be earned, deserved, and money should not make money.

En d’autres termes, je ne considère pas du tout de la même façon une fortune gagnée par son travail ou en boursicotant.
In other words, I do not see a fortune earned by work or by trading in the same way at all.

UNE FIN ABRUPTE
Sur ce, je m’en vais retrouver mon vélo qui piaffe d’impatience.
AN ABRUPT END
Thereupon, I’ll find my bike pawing impatiently.

6 réflexions sur « Le bric-à-brac habituel »

    • Bin l’IKÉA de St-Priest L’ÉTAIT aussi, et sensiblement plus proche pour nous… À condition qu’il existe bien entendu.

      On avait d’ailleurs hésité à joindre l’agréable à l’utile, puis on avait tranché dans cette (mauvaise) direction…

  1. Oui inquiétant cette augmentation de 45% de demande d’aide auprès du secours populaire. D’autant plus que beaucoup d’étudiants font partie de ces demandeurs.

    Concernant D. Trump, en effet cet homme est dangereux. J’ai entendu l’autre jour une interview de Mary Trump (sa nièce) qui contre toute attente a publié un livre au vitriol contre son oncle. On y apprend entre autres qu’il a payé quelqu’un pour passer son entretien d’entrée à la fac à sa place… Oh le tricheur !
    Elle le qualifie d’homme le plus dangereux de la planète, à raison semble t-il.

    Tout ça me fait penser à une petite ritournelle :
    Un président, ça Trump, ça Trump,
    Un président, ça Trump énormément

    • À Jérôme : la pandémie permettant aux plus riches de s’enrichir « encore pire », c’est évident que les plus précaires sont encore plus précaires. Les étudiants certainement, et tous les plus ou moins laissés pour compte, je parle de ceux qui n’ont pas trouvé chaussure à leur pied et qui bricolent comme ils peuvent, sans beaucoup de qualification, et peut-être sans le désir de lutter – la lutte des classes, c’est devenu ringard ?

      En France, on parle depuis quelques années de « racisme décomplexé », Trump est un violent tout autant décomplexé – il encourage les milices d’extrême-droite, dont le but suprême de retour à l’ordre c’est la suprématie blanche…
      J’ai entendu parler du livre de sa nièce. Si Trump est l’homme le plus dangereux de la planète (mais d’autres sont pas mal dangereux aussi !!!), c’est aussi parce qu’il a les moyens. Le même homme moins connu, dépourvu de pouvoir, reste dangereux mais à une autre échelle.

      Oui, ça Trump énormément tout ça.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *