Monsieur Laporte cultivait trois mille six cents variétés d’iris. Il y en a moins maintenant me dit-il. L’idéal serait de revenir dans une dizaine de jours, quand les fleurs tardives seront ouvertes, à la fin des floraisons précoces… Et au meilleur moment pour les autres, ni précoces ni tardives, mais comment faut-il les appeler ?
Mr. Laporte cultivated 3,600 varieties of irises. There are less now, he tells me. The ideal would be to come back in about ten days, when the late flowers have opened, at the end of the early blooms … And at the best time for the others, neither early nor late, but what should we call them?
Pour visiter ce site extraordinaire, je suis passée par Larnas avec mon père. Larnas, c’est là où se situent mes souvenirs les plus anciens. Maman a été l’institutrice du village pendant quelques années, nous habitions le logement en dessus de l’école. Par la fenêtre je voyais la Dent de Retz.
I went through Larnas with my father to visit this extraordinary site. Larnas is where my earliest memories are. Mom was the village schoolteacher for a few years, we lived in the apartment above the school. Through the window I could see the Dent de Retz.
Derrière l’école partait un chemin qui selon moi ne menait nulle part. C’était notre terrain de jeu. Avec ma sœur nous l’avons parcouru année après année et nous en connaissions chaque tournant, chaque montée ou chaque replat. Peut-être même chaque pierre sur les murets. Nous aurions sans doute pu le suivre en aveugle. Y passait-il une voiture par an ? Ce n’est même pas certain. Chaque jour d’école des élèves venaient à pied par là, j’imaginais qu’ils habitaient un cul-de-sac. Pourtant ce chemin continuait jusqu’à Saint-Thomé, on pouvait rejoindre Viviers, Alba-la-Romaine… la civilisation.
Behind the school was a path that in my opinion led nowhere. It was our playground. With my sister we hiked it year after year and we knew every turn, every climb or every flat. Maybe even every stone on the low walls. We could undoubtedly have been able to follow it blind. Was there one car a year? It’s not even certain. Every school day some students came on foot there, I imagined they lived in a cul-de-sac. However, this path continued until Saint-Thomé, you could reach Viviers, Alba-la-Romaine … civilization.
Quand j’arrive à Larnas, je peux me guider les yeux fermés alors que tout a changé. Je sais qu’il faut prendre le chemin « de derrière » mais je suis vite en terra incognita. Après un ou deux kilomètres ? Nos expéditions d’autrefois restaient très raisonnables. Je ne savais pas situer Gerbeaux, Fonfreyde ou Ellieux, mais ces noms résonnent en moi. Ils apparaissent sur les panneaux. Mieux, le mot « iris » m’indique la bonne direction. Nous traversons Valgayette et passons le petit pont sur la Nègue.
When I get to Larnas, I can guide myself with my eyes closed but everything has changed. I know I have to take the « behind » path, but I quickly find myself in terra incognita. After a kilometer or two? Our previous shipments were still very reasonable. I did not know where to place Gerbeaux, Fonfreyde or Ellieux, but these names resonate in me. They appear on the road signs. Better still, the word « iris » points me in the right direction. We cross Valgayette and cross the small bridge over the Nègue.
Bernard Laporte est installé à côté de sa voiture. Dans une vie antérieure, il a été facteur : c’est dire s’il connaît tout le monde, mes parents bien sûr parmi tant d’autres. Nous échangeons quelques mots, je lui demande l’autorisation de ranger ses beaux iris dans mon Canon.
Bernard Laporte is seated next to his car. In a previous life, he was a postman: that is, if he knows everyone, my parents of course among many others. We exchange a few words, I ask him permission to store his beautiful irises in my Canon.
J’avais l’intention de renouveler les photos de ce blog, les fleurs, j’en ai une indigestion, vous aussi peut-être. Or par la force des choses nous allons faire une surconsommation d’iris.
I was intending to renew the photos on this blog, the flowers, I have indigestion, maybe you too. But by force of circumstances we will overconsume iris.
Papa et moi ne sommes pas les seuls à admirer les fleurs de monsieur Laporte : pendant que je multiplie les prises de vue, quelques voitures ou des cyclistes passent, je crois que pas un seul ne s’est pas arrêté !
Dad and I are not the only ones admiring Mr. Laporte’s flowers: while I am taking more shots, a few cars or cyclists pass by, I don’t think a single one has not stopped!
Surprise : en cherchant à en savoir plus sur internet, je trouve l’iris « larnas » vendu par une iriseraie en Alsace…
Surprise: while trying to find out more on the internet, I find the iris « larnas » sold by an iris grove in Alsace …
Après cette plaisante visite, continuant mes retours vers mon enfance, je propose à papa d’aller voir la chapelle de Notre-Dame de Chalon dans le bois du Laoul. Arrêt photo entre dent de Retz et Mont Ventoux, le cauchemar des cyclistes.
After this pleasant visit, continuing my return to my childhood, I suggest that dad and I go and see the chapel of Notre-Dame de Chalon in the wood of Laoul. Photo stop between Dent de Retz and Mont Ventoux, the cyclists’ nightmare.
Si vous suivez l’autoroute A7, vous voyez facilement le Mont Ventoux à l’est et sans doute pendant des kilomètres ; ce sommet qui a enregistré sur les anémomètres des vitesses folles (320km/h le 19 novembre 1967) et où il fait froid (on atteint très souvent des températures plus basses que -25°C) est visible de très loin. Quant à la Dent de Retz, il est facile de la reconnaître, à l’ouest entre Montélimar et Orange. Enfant, le Mont Ventoux ne m’intéressait pas du tout, je ne connaissais peut-être même pas son nom. Au contraire, la Dent de Retz était mon repère.
If you follow the A7 motorway, you can easily see Mont Ventoux to the east and probably for miles; this summit which recorded crazy speeds on the anemometers (320 km / h on November 19, 1967) and where it is cold (temperatures very often lower than -25 ° C are reached) is visible from a great distance. As for the Dent de Retz, it is easy to recognize it, to the west between Montélimar and Orange. When I was a child, Mont Ventoux did not interest me at all, I might not even know its name. On the contrary, the Dent de Retz was my landmark.
Bientôt nous perdons de vue ces deux sommets.
Nous passons dans les bois de chênes verts.
La chapelle ne m’inspire pas, mais le site est très agréable.
Des abeilles s’y sont installées.
Soon we lose sight of these two peaks.
We pass through the woods of holm oaks.
The chapel does not inspire me, but the site is very pleasant.
Bees have settled there.
Encore un lieu que papa a exploré en détail quand il y voyait bien. Il cherche les restes de murailles romaines, mais selon lui les pierres posées en biais indiquent les sarrasins, je n’irai pas le détromper ! Ces constructions auraient servi de protection contre les loups et les renards et auraient comme caractéristique un sommet de pierres rangées en biais et à des hauteurs irrégulières : c’est parfait pour barrer le passage à des animaux.
Another place that dad explored in detail when he could see it well. He is looking for the remains of Roman walls, but according to him the stones laid at an angle indicate Saracens, I will not go undeceive him! These constructions would have served as protection against wolves and foxes and have as characteristic a top of stones arranged at an angle and at irregular heights: this is perfect for blocking the passage of animals.
Ici comme chez nous, on trouve du buis reparti après les désastreuses invasions de pyrales. Il y a pas mal de plantes que j’aimerais identifier, les chênes verts ont des fleurs ou des bourgeons. Nous cherchons en vain une pivoine, peut-être « Paeonia peregrina », peut-être « Paeonia officinalis », deux variétés sauvages.
Here as at home, we find boxwood growing again after the disastrous invasions of moths. There are quite a few plants that I would like to identify, holm oaks have flowers or buds. We are looking in vain for a peony, maybe « Paeonia peregrina », maybe « Paeonia officinalis », two wild varieties.
Avec ma sœur, quand nous habitions Larnas, nous avons souvent cueilli de gros bouquets d’aphyllanthes de Montpellier (Aphyllanthes monspeliensis). Que nous mangions avec délice. Évitez de le faire, ce n’est pas une plante réputée comestible.
With my sister, when we lived in Larnas, we often picked large clumps of Montpellier aphyllanthes (Aphyllanthes monspeliensis). That we ate with delight. Avoid doing this, it is not a known edible plant.
Je continue à marcher sur les pas de la petite fille que j’étais : j’ai un souvenir assez intense du Castellas de Baravon, je souhaite y retourner. Nous avions joué à saute-mouton dans la petite prairie autour de la vieille ferme. Mais j’avais surtout été impressionnée par le bâtiment : tu rentres au rez-de-chaussée où toutes les cloisons intérieures se sont effondrées, sans doute aussi le plafond, tu arrives dans une pièce immense, poussiéreuse, magique, fantastique, comme un décor de théâtre. En réalité il y avait huit pièces avant que l’édifice abandonné tombe en ruine : c’est dire la dimension de la salle que j’avais observée !
I continue to follow in the footsteps of the little girl I was: I have a rather intense memory of Castellas de Baravon, I want to go back there. We had played leapfrog in the little meadow around the old farm. But I was especially impressed by the building: you come back to the ground floor where all the interior partitions have collapsed, probably also the ceiling, you arrive in a huge room, dusty, magical, fantastic, like a decor theatre. In reality there were eight rooms before the abandoned building fell into disrepair: that’s the size of the room I had observed!
Désillusion : je croyais connaître le Castellas de Baravon, en réalité nous nous trouvons à la ferme de Baravon. « Castellas », ça sonne bien, mais ce seraient des vestiges datant du sixième siècle : pour les voir il faudrait marcher encore plus loin alors que mon père accuse la fatigue. Et que nous devons remonter jusqu’au point de départ. Autre désillusion : le site est investi par les chasseurs. Nous sommes passés devant une réserve d’eau destinée aux pompiers, les chasseurs ont placé un tuyau qui leur permet d’avoir de l’eau en contrebas… De nombreuses cases pour les chiens sont installées, prêtes à « l’emploi ».
Disillusionment: I thought I knew the Castellas de Baravon, in reality we are at Baravon’s farm. « Castellas » sounds good, but they would be vestiges dating from the sixth century: to see them you would have to walk even further while my father is tired. And that we have to go back to the starting point. Another disappointment: the site is taken over by hunters. We passed a water reserve for the firefighters, the hunters placed a hose that allows them to have water below … Numerous huts for the dogs are installed, ready for « employment ».
Me voilà donc bien déçue par la ferme de Baravon, et je ne souhaite pas marcher jusqu’au Castellas. Pour moi, c’est une très belle balade, seule l’arrivée est décevante. Nous ne tardons pas à remonter tout doucement.
So here I am very disappointed with Baravon’s farm, and I don’t want to walk to Castellas. For me, it’s a very nice ride, only the finish is disappointing. We do not take long to slowly climb back up.
La voiture est garée dans un champ de fossiles, de grosses ammonites : je devais être bien préoccupée à l’aller, je n’ai rien remarqué. Je n’ai jamais rien vu de tel ! Le plus souvent elles mesurent entre vingt et trente centimètres de diamètre. On voit aussi des bivalves…
The car is parked in a field of fossils, large ammonites: I must have been very preoccupied on the way there, I didn’t notice a thing. I’ve never seen anything like it! Most often they measure between twenty and thirty centimeters in diameter. We also see bivalves …
Émerveillée, je prends des photos pendant que papa s’installe dans la voiture.
Amazed, I take pictures while dad gets into the car.
Le lendemain, alors que le sud de l’Ardèche manque d’eau depuis des années, nous passons une journée à l’intérieur à cause de la pluie, en renonçant à la balade prévue ce jour-là. Le mardi, je rentre chez moi.
The next day, when the south of the Ardèche has lacked water for years, we spend a day indoors because of the rain, skipping the walk planned that day. Tuesday, I go home.
Mon séjour en Ardèche est bref. Il m’a fait quitter la routine habituelle et m’a permis de rencontrer mon père et mes sœurs. Je savais aussi que je ne publierais pas de nouvelle chronique mardi 11, jour de mon retour.
My stay in Ardèche was brief. It took me out of my usual routine and allowed me to meet my father and sisters. I also knew that I would not publish a new column on Tuesday 11, the day I returned.
Paul pendant mon absence continue les travaux quotidiens. Heureusement que Nanath est là, elle l’accompagne au marché. Il a pu aller pique-niquer à la cabane avec Séb et Gaëlle.
Paul during my absence continues the daily work. Fortunately Nanath is there, she accompanies him to the market. He was able to have a picnic at the cabin with Séb and Gaëlle.
Je reviens et retrouve mes habitudes.
I come back and find my habits.