Savoie

En arrivant à Beaufort, nous mesurons combien c’est important de partir de chez soi, et de s’asseoir à une terrasse de café. De flâner sans but ou presque. De redevenir touristes, promeneurs, badauds et même peut-être marcheurs ! De changer d’horizon ! Pourtant, nos conditions de confinement n’étaient pas les pires…
Arriving in Beaufort, we realize how important it is to leave home, and sit down at a café terrace. To stroll aimlessly or almost. To become tourists, walkers, onlookers and perhaps even walkers again! To change the horizon! Yet our confinement conditions were not the worst …

Ce doit être notre troisième séjour dans la région, il y a tellement longtemps que nous ne sommes pas venus ! Après avoir retrouvé nos repères, arpenté la petite ville, fait une halte au café et constitué un joli stock de beaufort, nous reprenons la route.
This must be our third visit of the region, it has been such a long time since we have been here! After having found our bearings, surveyed the small town, stopped at the café and buying a nice stock of Beaufort, we hit the road again.

Nous montons vers les Saisies : nous traversons cette station vaste, inanimée, déserte, triste dans sa laideur et sous les nuages… Nous nous arrêtons pour pique-niquer mais j’aurais mieux fait de ne pas remarquer la balade possible vers le sentier de découverte (NOTE « covetan » veut dire « cuvette » en patois, ou encore « creux » ou « entonnoir »). En effet, le chemin sur pilotis est glissant comme du verglas, même pour nos chaussures de montagne. D’une chose à l’autre nous marchons à côté, si le sol n’est pas trop détrempé, alors que c’est interdit pour ne pas abimer la flore. Paul fait une belle chute, sans se blesser heureusement, quant à moi j’y échappe de peu à plusieurs reprises. Une fois presque sortis d’affaire, revenus sur un chemin herbeux et non en bois glissant, voilà la pluie qui s’y met.
We go up to Les Saisies: we cross this vast station, inanimate, deserted, sad in its ugliness and under the clouds … We stop for a picnic but I would have done better not to notice the possible walk towards the discovery trail (NOTE « covetan » means « bowl » in patois, or « hollow » or « funnel »). Indeed, the path on stilts is slippery like ice, even for our mountain boots. From one thing to another we walk at the side of the path, if the ground is not too wet, then it is forbidden so as not to damage the flora. Paul had a nice fall, luckily without hurting himself, and I narrowly escaped it on several occasions. Once almost out of the woods, back on a grassy path and not in slippery wood, the rain sets in.

Un tout petit étang grouille de têtards qui n’arrivent pas à s’éloigner du bord (mais pourquoi ?) pour aller vers des zones moins peuplées.
A tiny pond is teeming with tadpoles that can’t get away from the edge (but why?) into less populated areas.

La planche de tous les dangers.

The board of all dangers.

Nous reprenons la route jusqu’à Flumet : nous y découvrons un café fort sympathique… où nous réservons une table pour demain à midi, avant de nous acheminer tout près de là jusqu’à notre gîte.
We take the road back to Flumet: there we find a very nice cafe … where we reserve a table for tomorrow at noon, before heading very close to our lodge.

Bernadette nous fait découvrir les lieux qui nous enthousiasment. Alain a tout fait de ses mains, Paul lui posera la question. Il y a du bois partout et des tas d’idées amusantes, ingénieuses… Les radiateurs dégagent une douce chaleur, bien nécessaire en ce mois de juin! Nous voilà chez nous, installés comme des princes !
Bernadette makes us discover the places that inspire us. Alain did everything with his hands, Paul will ask him the question. There is wood everywhere and lots of fun, ingenious ideas … The radiators give off a gentle heat, much needed in this month of June! Here we are at home, installed like princes!

Le 3 juin, nous partons pour notre première vraie balade en laissant la voiture à Chaucisse pour nous rendre aux Avenières. Il y a donc plusieurs « Avenières », c’est bien moins peuplé côté Savoie où ce sont des prairies. Je reconnais les tussilages que l’on peut confondre avec les pissenlits quand ils fleurissent. Mais les feuilles de cette plante n’apparaissent qu’après la fleur. Et comme nous montons dans la montagne, nous remontons aussi le temps, nous trouvons les feuilles, puis les fleurs…
On June 3, we leave for our first real walk, leaving the car in Chaucisse to go to Les Avenières. There are therefore several « Avenières », it is much less populated on the Savoy side where they are meadows. I recognize coltsfoot which can be confused with dandelions when they bloom. But the leaves of this plant do not appear until after the flower. And as we go up the mountain, we also go back in time, we find the leaves, then the flowers …

La neige était là récemment, les arbres couchés parlent d’avalanches, mais ont-elles eu lieu cette année ? Il reste un petit névé caché dans la ravine, il n’en a plus pour longtemps.
The snow was there recently, the fallen trees speak of avalanches, but did they happen this year? There is still a small snowfield hidden in the ravine, it won’t be long.

Nous nous perdons en montant, car le chemin a disparu, et il nous faut le chercher un moment. Quand nous redescendons, nous retrouvons l’endroit où nous nous sommes perdus, mais ce n’est pas vraiment de notre faute, en traversant la prairie le sentier disparaît.
We get lost on the way up, because the path has disappeared, and we have to look for it for a while. When we come back down we find the place where we got lost, but it’s not really our fault, crossing the meadow the path disappears.

Après un excellent repas à « la Resto » et un moment de farniente dans notre merveilleux gîte, nous montons au col des Aravis mais en voiture, pas en vélo ou à pied ni en moto comme d’autres font. Je reconnais La Giettaz, avec le panneau de direction vers le hameau « le Plan », où je ne suis jamais venue mais une amie qui m’est chère y a vécu.
After an excellent meal at « la Resto » and a moment of idleness in our wonderful gîte, we climb to the Col des Aravis but by car, not by bike or on foot or by motorbike as others do. I recognize La Giettaz, with the direction sign towards the hamlet « le Plan », where I have never been, but a dear friend of mine once lived there.

Nous suivons un sentier une fois garés au col. Il y a beaucoup de monde. Qui va ou qui revient. Des vélos descendent le sentier, les premiers à toute vitesse : ils devraient faire attention de ne pas se casser l’omoplate ou autre chose, un accident est si vite arrivé !
We follow a path once parked at the pass. There are a lot of people. Who is going or who is coming back. Bicycles descend the trail, the first at full speed: they should be careful not to break the shoulder blade or something, an accident happens so quickly!

Dernier tout petit incident qui m’a bien fait rire : une voiture chargée de vélos se gare, un homme les prend, en donne un à la fille qui est à son côté et enfourche l’autre. La troisième personne court avec son appareil photo. Les deux cyclistes prennent la descente, font demi-tour et arrivent au niveau de la femme qui les photographie et leur dit de recommencer mais avec le sourire. Ils recommencent, et nous nous repartons sans tricher, sans faire semblant, dans la voiture…
Last tiny incident that made me laugh: a car loaded with bicycles pulls up, a man picks them up, gives one to the girl next to him and gets on the other. The third person runs with her camera. The two cyclists take the descent, turn around and arrive at the level of the woman who photographs them and tells them to start again but with a smile. They start again, and we leave without cheating, without pretending, in the car …

L’animation au col des Aravis, ici comme partout ailleurs, est sans doute d’autant plus intense qu’on sort de périodes difficiles. Chacun reprend les activités « d’avant » à peu près comme cela se passait « avant ». D’ailleurs, Alain et Bernadette nous diront que le gîte est encore réservé le jour de notre départ. Il y a une grande hâte à (re)vivre.
The animation at the Col des Aravis, here as everywhere else, is undoubtedly all the more intense when one comes out of difficult times. Everyone resumes « before » activities much like they did « before ». Moreover, Alain and Bernadette will tell us that the gîte is still reserved on the day of our departure. There is a great hurry to (re)live.

Pendant cet interminable hiver, coincés par le froid, le confinement et mon épaule, nous avons eu des moments très difficiles.
During this interminable winter, stuck by the cold, the confinement and my shoulder, we had very difficult times.

Nous avons tant marché par procuration en regardant les PaJu ou d’autres émissions : ailleurs nous manquait tellement. Nous étions pleins d’envie en regardant de nouveaux paysages si beaux, si beaux ! Mais nous ne pouvions que les voir, sans ressentir la lassitude, ni l’effleurement du vent ou du soleil sur notre peau, sans entendre les cris d’oiseaux, sans humer les parfums portés par le vent.
We walked so much « through another person » while watching PaJu or other shows: we missed so much elsewhere. We were full of envy watching new landscapes so beautiful, so beautiful! But we could only see them, without feeling the weariness, nor the touch of the wind or the sun on our skin, without hearing the birds screaming, without inhaling the scents carried by the wind.

Alors, nous nous sommes contentés des itinéraires mille fois parcourus. De notre chez nous que nous connaissons par cœur, en attendant impatiemment l’envol au loin.
So we were satisfied with the routes traveled a thousand times. From our home that we know by heart, impatiently awaiting the flight away.

Et voilà qu’enfin, de nouveaux paysages se révèlent au rythme de notre montée. Voilà que la fatigue de nos mollets nous fait mériter le lent déploiement du panorama. Je sais pourquoi j’aime marcher quand j’assiste à ce lent mouvement, ou quand le sentier me fait de l’œil en disparaissant pour que j’aille plus loin et encore plus loin.
And finally, new landscapes are revealed as we climb. Now the fatigue of our calves makes us deserve the slow unfolding of the panorama. I know why I like to walk when I witness this slow movement, or when the path catches my eye as it disappears so that I can go further and even further.

Et encore plus loin — impression d’infini.
And even further — feeling of infinity.

Nous avons été privés de choses simples, sans raison. Notre vie s’est rétrécie, est devenue plus étriquée.
Je conteste toujours les modalités qui nous ont été imposées plus pour nous priver de liberté que pour nous protéger.
We have been deprived of simple things for no reason. Our life has shrunk, has become more narrow.
I always challenge the terms that have been imposed on us more to deny us our freedom than to protect us.

Je pense qu’il faut rester vigilants.
I think we have to be vigilant.

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